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30 mars 2013

Bienvenue sur le site de SUMMER WARS

Bienvenue sur le site de SUMMER WARS
Qu'est ce que SUMMER WARS? C'est une fanfic basé sur l'univers de Pokémon, reprenant globalement les informations provenant en prorité des jeux vidéos, puis de l'anime et autres produits dérivés. Qu'est ce que ces "versions"? Ces versions séparent la...
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1 février 2015

Croquis

Quelques croquis de l'histoire....

summerwars497

 

Kirimi Kosobai, la championne type insecte de l'arene d'Ecorcia. (apparait au chapitre 19)

summerwars499

 

 

Bridget, supportrice de l'arene de Doublonville avec sa rondoudou "Ruri", Blanche la championne de l'arene de Doublonville et sa petite soeur Chidori (chapitre 20)

summerwars500

 

Chriss, Goliath et Harry vers l'âge de 7-8 ans. Et Chriss plus agé. 

23 novembre 2014

Chapitre 17: Le Feu dans la forêt...

C’est à pas de loup, son sac sous le bras, que Maisy descendit l’escalier. Elle fit bien attention à sauter la cinquième marche, celle qui grinçait toujours et en petits sauts légers, arriva au rez-de-chaussée.

Elle se crispa un instant et écouta la vieille maison craquer, puis, comme aucun son ne brisait le silence, se permit un soupir de soulagement.

La jeune fille regarda des deux côtés, puis fonça vers la porte d’entrée et d’un geste habitué, la fit coulisser avant de la refermer derrière elle avec un petit cri de victoire.

Fargas sortit de derrière un poteau en l’entendant détaler et, tout en arborant un sourire indulgent, balança la tête d’un air peiné.

Il resserra les pans de sa veste en frissonnant et repartit dormir.

-Bonne chance ma petite May…

***

Mimiko se réveilla bien plus tard après une grasse matinée. Elle se redressa, encore toute groggy et regarda autour d’elle. A force de dormir tous les soirs dans un endroit différent, il lui arrivait parfois de ne plus savoir du tout où elle était.

-Ah oui… Maisy… FargaAAAaahhs…. Termina-t-elle avec un bâillement.

Elle réalisa soudain qu’il n’y avait plus de trace du futon de l’adolescente qui l’hébergeait, ni de son sac. Cela suffit à la réveiller définitivement.

Elle dévala l’escalier pour trouver Fargas dans son salon en train d’ausculter une pokéball :

-Maisy est déjà partie ?

Le vieillard retira la petite loupe qu’il avait sur un œil et se retourna vers elle :

-Depuis longtemps. Elle est partie aux premières lueurs du soleil. ELLE, précisa t’il comme si le fait que Mimiko soit encore en chemise de nuit à 10h était un fait hautement honteux.

La brune haussa les épaules. Quand elle avait la chance de pouvoir profiter d’un lit confortable, elle n’allait pas se réveiller avec les poules.

-Je vois… Finalement elle a réussi à partir…

Elle remonta, se faisant accompagner au passage par Hien et Shampoo, et alla se préparer, perdue dans ses pensées. Est-ce que tout se passera bien pour la jeune fille et arriverai-t-elle à retrouver Chriss ?

-Et si elle retrouve Chriss… Alors j’aurais certainement l’occasion de la revoir…

Du moins, c’était ce qu’elle imaginait. Après avoir été confrontée autant de fois à lui, ainsi qu’à Harry et Goliath, elle trouverait étrange de ne pas les retrouver sur son chemin, à un moment ou à un autre.

*Ou bien est-ce arrogant de penser ainsi ?*

En tout cas, une part d’elle était assez honnête pour avouer ne pas être mécontente de ces rencontres, même si elles étaient émaillées d’étonnement, puis de déception.

Chriss, Harry, Goliath et Sayaka étaient autant de points de repères dans sa nouvelle vie que l’étaient auparavant ses amis et sa famille. Chaque rencontre avec eux la rassurait et lui faisait oublier qu’elle n’était dans ce pays inconnu que depuis trois mois.

Elle enfila un pull à col haut au-dessus de son t-shirt et enfila sa veste avant de ramener ses amples boucles noires en queue de cheval haute. Le reflet que lui renvoyait le miroir de la salle de bain lui semblait de plus en plus familier. Pendant un instant, elle s’affronta du regard.

*Bien. Plus que deux témoignages à récupérer.*

Elle sortit son pokématos et repéra la ville d’Irisia sur le plan. Comme celle-ci ne se trouvait pas sur la même île que le reste de la région, il lui faudrait trouver un port pour traverser la mer.

Avant de faire quoique ce soit, elle appela le professeur Orme pour le mettre au courant de son avancée. Bien évidemment, elle tomba d’abord sur Sayaka :

-Bonjour Sayaka, c’est Mimiko. Je voulais prévenir votre époux que j’ai le témoignage de Takeru Fargas.

/Bonjour Mi-chan ! Comment vas-tu ce matin ? Je n’arrive pas à croire que tu ais réussi à faire parler Fargas san ! Ca fait des années que mon époux lui envoi des messages, mais il a toujours refusé de dire quoique ce soit./

-Oui, c’est un vieil homme buté et plutôt désagréable… Il m’en a fait voir des vertes et des pas mûres…

/Ton travail n’est pas de tout repos… J’espère que tu prends le temps de bien t’alimenter et de te reposer./

-Ne vous en faites pas pour ça…

/Mon mari n’est pas là en ce moment, mais je lui dirais de verser ton salaire. Qui dois-tu voir maintenant ?/

-Mme Eusine… A Irisia…

/Oh, si c’est elle, tu ferais mieux de l’appeler et de prendre rendez-vous. C’est une amie de la famille, si tu lui dis que tu viens de notre part, elle prendra le temps de te voir. Elle est très occupée et elle se trouve très rarement à Irisia… Même si on l’y voit plus souvent que son mari./

-Je vois. Merci du conseil… Je pense qu’il y a son numéro de téléphone sur le papier que m’a donné le professeur Orme. 

/De rien. Tu la salueras de ma part./

-Oh… Et aussi… Est-ce que le « Tenkeishichiken » vous dit quelque chose ? C’est à Rosalia.

/… Eh bien, je suppose qu’il s’agit d’une maison de thé… En fait, bien que j’ai fait mes études à Doublonville, je ne suis jamais allé à Rosalia. Cette ville est cependant célèbre pour son festival des fleurs qui a lieu chaque année pour l’ôhanami, car il faut dire que l’Empereur y assiste. « Tenkei » veut dire « don du ciel », mais aussi « don divin », en rapport au fait que l’Empereur règne de droit divin… Je suppose donc qu’il doit s’agir de la maison de thé de l’Empereur./

-Une maison de thé ? S’étonna Mimiko avant d’éloigner l’appareil de son oreille pour marmonner : pourquoi diable Fargas voudrait que j’aille dans une maison de thé ?

/Mimiko ?/

-C’est cet endroit où les gens vont assister aux cérémonies du thé ?

/Entre autre. C’est un lieu de divertissement raffiné./

Mimiko haussa des sourcils. Bon, elle ne comprenait pas.

/Pourquoi t’intéresse-tu à cela ?/

-Oh… Quelqu’un y a fait allusion et je ne comprenais pas ce terme.

/Oui, j’imagine qu’il y a de nombreux mots qui te sont inconnus./

-Hm… Oui… Eluda rapidement Mimiko. En tout cas je vais appeler Mme Eusine. Merci.

/Ca me fait plaisir. Bonne journée alors./

-A vous aussi. Saluez Akira pour moi.

/Il sera content d’avoir de tes nouvelles./

Mimiko raccrocha et se mit en quête des papiers que le professeur Orme lui avait transmis au sujet de ses interviews. Elle y trouva effectivement le numéro qu’elle cherchait et appela aussitôt.

Elle tomba malheureusement sur le répondeur où une voix plutôt jeune lui demandait de laisser un message :

« Hum… Bonjour je m’appelle Mimiko Laroche, j’aimerais m’entretenir avec vous de la part du professeur Orme. Quand est ce que je pourrais vous voir ? Vous pouvez me rappeler à ce numéro. Merci. »

Raccrochant, elle fit la moue en se demandant ce qu’elle allait faire maintenant. Il ne servait à rien de se précipiter à Irisia si la femme n’y était pas, mais d’un autre côté, rester dans le coin paumé que formait Ecorcia était tout aussi inutile.

Consultant son gps d’une main, caressant Hien d’une autre, elle se demanda ce qu’il serait sage de faire.

La prochaine ville en suivant la route principale était Doublonville. Elle était pour ainsi dire la capitale de la région et surtout, elle était le centre névralgique des lignes de trains de Johto. De cette ville, elle pourrait se rendre presque partout.

Et Rosalia n’était pas loin.

-Bon, va pour Doublonville alors ! 

***

Les chemins pédestres formaient au Japon de véritables itinéraires secondaires pour faire le tour du pays, néanmoins ils n’assuraient ni la rapidité, ni le confort des routes automobiles, fluviales et ferroviaires. Et ainsi, parfois, le chemin se perdait dans les profondeurs d’une forêt.

-Chouette… Une forêt… Marmonna Mimiko alors que le sentier face à elle se retrouvait cerné d’arbres aux troncs épais.

Elle aurait pourtant pût continuer à avancer le long des rizières, ça lui allait très bien même si c’était un peu boueux et que la route était autant conçue pour les piétons que pour les bus et les vélos. Seulement voila, la route se séparait en deux, et le chemin plongeait droit dans le Bois aux Chênes.

La pluie qui se mettait à nouveau à tomber en fines gouttes l’obligea à prendre cette direction pour s’abriter sous un immense chêne.

Ce fut une bonne idée de sa part car quelques minutes plus tard, ce furent des seaux d’eau qui se déversèrent : les lames de pluies étaient tellement serrées qu’on ne voyait plus le paysage au-delà de deux mètres.

Mimiko ne pouvait plus que prier pour que ça ne dure pas trop longtemps et s’accroupit avec un soupir. Elle sortit de son sac son pokématos et brancha la radio pour passer le temps.

Durant les heures qui suivirent, elle ne vu rien d’autres que de lointaines lumières qui disparaissaient aussi vite qu’elles apparaissaient.

*Surement des feux de voiture.*

Puis, au bout de deux longues heures de rediffusion de la chronique du Professeur Chen, la pluie s’arrêta brusquement et le soleil daigna se montrer timidement à la faveur de trouées dans le plafond nuageux.

Mimiko sortit de son abri, circonspecte, et se demanda si elle ne ferait pas mieux de dépenser quelques billets dans un ticket de bus.

Il fut une époque où elle n’aurait pas hésité une seconde, mais depuis qu’elle était seule à gérer son argent, sans mère pour la ravitailler tous les mois, elle réalisait la préciosité de ce qui se trouvait dans son porte feuille.

Mieux valait le garder à quelque chose de plus utile, quitte à devoir dormir sous la pluie.

Ainsi pensé, elle s’avança sur le chemin boueux en évitant les flaques d’eau et entra dans l’épaisse futaie que formait le Bois des Chênes. 

Naturellement placée dans un environnement tempéré et humide, la forêt, malgré l’automne bien entamé, gardait une teinte majoritairement verte grâce à ses chênes verts au feuillage persistant, ses mousses qui rampaient le long des troncs et ses fougères.

Ponctué d’une touche de doré, de rouge flamboyant à l’approche des érables et du marron chaleureux des troncs et de la terre grasse.

Tout cela aurait été idyllique si la boue ne venait pas tout gâcher. Mimiko passait effectivement plus de temps à éviter de glisser qu’à admirer ce qui se trouvait autour d’elle. 

-Zut… Raaah… Là… Ou pas…

Un rire faillit la jeter droit dans une flaque quand elle se contorsionna pour voir d’où il venait.

-Vous devriez marcher dans l’herbe. Les racines retiennent la terre et l’empêchent de se liquéfier.

Un adolescent, lui-même recouvert de gadoue jusqu’aux genoux arrivait dans l’autre sens.

Mimiko se plaça sur une motte d’herbe et s’inclina en réponse à la salutation.

-Vous êtes dresseuse de pokémon ? Lui demanda-t-il en décrochant une pokéball de sa ceinture. Un combat, ça vous dit ?

-Dans ce marais ?

-C’est intéressant de changer de terrain de temps en temps. Et j’ai besoin d’entrainement pour pouvoir affronter la championne de Doublonville.

Elle hocha distraitement de la tête. Ce n’était pas le premier « coureur » de badges qu’elle rencontrait et elle comprenait petit à petit qu’obtenir ces récompenses n’avait pas pour seul but de participer à la Ligue Indigo. C’était aussi une reconnaissance de niveau.

*C’est pour ça que Fargas m’a demandé si j’en avais… Cela permet de juger de la force de son adversaire. Et si je me souviens ce que m’a dit le champion de l’arène de Mauville, chaque arène représente un niveau de difficulté.*

Si Mauville était le premier niveau, alors Ecorcia était sans doute le deuxième et Doublonville le troisième.

-Alors tu as déjà deux badges, conclut-elle.

Le garçon répondit d’abord d’un sourire en biais.

-Un seul. Celui d’Ecorcia, ma ville, rectifia t’il. Pas évident d’aller à Mauville par ici.

Oui, elle en savait quelque chose.

-D’accord, alors on n’est pas obligé de suivre l’ordre des arènes, marmonna t’elle pour elle-même avant de sortir à son tour une pokéball. Très bien, moi aussi j’ai besoin de gagner en expérience. Les règles ?

-2 pokémons chacun, en simple, ça te va ? Pour une mise de, disons, 400 pokédollars ?

-Parfait.

Comme il était plaisant d’avoir à faire à de vrais dresseurs qui n’essayaient pas de vous extorquer vos pokémons ou de vous attaquer sans préavis !

-OK, c’est parti ! Psykokwak en avant !

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-Windy, je t’appelle !

La pimpante roucool fit son apparition d’un battement d’aile alors que lui faisait face le gros canard jaune migraineux.

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-Psywaïwaï… Gémit-il en inclinant sa tête.

Mimiko se força à ignorer l’allure quelque peu grotesque de la bête pour se concentrer sur ce qu’elle en savait. Elle était sûre qu’il avait des attaques à la fois aquatique et psychique, par contre elle ne se souvenait plus s’il était d’un type ou de l’autre, voir même des deux.

*Bon, peu importe, ça n’a aucune incidence vis-à-vis du type vol…*

Comme il était sur la terre ferme, il ne devait pas être très rapide. C’était sur ça qu’elle devait jouer… Elle s’apprêtait naturellement à invoquer l’attaque spéciale de Windy quand elle se souvint brusquement que Fargas l’avait raillé à ce sujet.

Qu’avait-il dit déjà ?

« Votre style de combat est digne d’un gamin de maternelle ! »

Se mordant la lèvre, elle resta indécise, incapable de se décider au sujet d’une attaque pour la première fois. Qu’est-ce que c’était, une vraie stratégie ?

-Pistolet à eau ! Fit son adversaire face à sa perplexité.

-Esquive ! Répliqua aussitôt Mimiko.

Mais Windy ne l’avait pas attendu pour ça, et c’est avec aisance qu’elle s’éleva aussitôt au-dessus du jet d’eau pour redescendre picorer sauvagement les cheveux de sa dresseuse.

-Aïeuuuh Windyyyy !!!

Le canard cessa son jet d’eau et regarda du même air étonné que son maitre le duo.

-Oui ! Bon ! Ca va ! Répliqua Mimiko en chassant l’oiseau de ses bras.

-Euuh… Tu ne sembles pas avoir très bien dressé ton roucool, remarqua l’adolescent même s’il avait l’impression d’énoncer une évidence. Les roucools sont doux et paisibles, je sais pas ce que tu as fait à celui-ci pour qu’il agisse ainsi…

Remettant ses cheveux en place, la brune le foudroya du regard.

-Windy est Windy, répliqua-t-elle. Ce n’est pas un roucool lambda.

*Et j’ai tort de douter de ma façon de faire…* Réalisa-t-elle au même moment. *J’ai réussi à trouver mon équilibre avec elle en particulier et ce n’est pas Fargas ni même les autres dresseurs qui peuvent mieux savoir ce qu’il faut faire. Elle me fait confiance, elle fait même plus que je ne lui en demande, je dois m’en montrer à la hauteur.*

-Windy ! Charge !

-Mimi queue !

Le Psykokwak se dandina pour faire bouger son moignon de queue, et si cela eu peut être pour effet de baisser les défenses de Windy, elle ne le percuta pas moins de plein fouet avant de se redresser en piquet.

-Entrave ! Lança soudain le dresseur.

Sans même se relever, le canard se prit la tête dans les mains et fut auréolé d’une lumière bleue. Cette même lumière enroba Windy alors qu’elle revenait vers Mimiko, avant de s’estomper.

La jeune femme fronça les yeux. Etait-ce à quoi elle pensait ?

-Ne le laisse pas se relever ! Tornade ! Ordonna-t-elle en décidant de passer outre.

Un tourbillon se créa sous les battements d’ailes de Windy et vint frapper le canard et asperger de boue les dresseurs.

-Entrave !

A nouveau la lumière vint frapper Windy, sans pour autant lui occasionner de dommages.

Le psykokwak semblait en mauvaise posture mais son dresseur avait le sourire aux lèvres.

Pourtant, une nouvelle attaque et son pokémon serait dans les choux tandis que Windy était immaculée.

-Fini le ! Charge !

Windy prit son essor pour le frapper, mais alors qu’elle s’élançait, la lumière bleue vint l’envelopper et la paralysa complètement. Elle tomba comme une pierre dans une flaque de boue.

-Que ?!?

Mimiko fusilla du regard le dresseur en face.

-C’est du trollage !

-Non, c’est parfaitement autorisé par la ligue ! Répliqua-t-il. Dois-je en déduire que tu n’as plus une seule attaque de disponible ? C’est ballot !

Le psykokwak se remettait tranquillement sur ses pattes palmée tandis que Windy, libérée de la paralysie, ouvrit ses ailes pour les débarrasser de la gadoue.

Mimiko mordit sa lèvre. Elle aurait dû se souvenir des effets d’entrave et « sacrifier » l’attaque jet de sable plutôt que tornade. Maintenant, elle et Windy étaient effectivement à court de mouvements offensifs.

-Bien ! Psykokwak, attaque griffe !

Le canard se dandina jusqu’à Windy, mais celle-ci ne l’entendait pas de cette oreille et s’éleva dans les airs.

-Jet de sable !

Répondant au souhait de sa maitresse, elle battit des ailes pour asperger de boue l’adversaire. Puis volant en cercle autour de ce dernier qui essayait de chasser la terre de ses yeux, elle sentit à nouveau l’air filer étrangement entre ses plumes.

Ne recevant plus d’ordres, car Mimiko réfléchissait, elle décida de tenter quelque chose toute seule et fonça sur l’ennemi à toutes vitesses.

Le dresseur du psykokwak eut un sourire désabusé, mais ce qui était d’abord une charge se transforma en autre chose, la vitesse du vol augmenta et elle frappa violemment le canard avant de remonter en chandelle.

Le psykokwak s’écroula par terre, K.O sous un petit cri plaintif de son dresseur et Mimiko resta un instant muette, avant de tourner son regard sur l’oiseau :

-Windy, c’était une vive attaque ! Tu as réussi à maitriser vive attaque !

La roucool resta un instant de marbre, comme si elle mettait un certain temps à réaliser, puis elle se mit à voleter dans tous les sens de joie.

-Roouuuucoooouuuu !!!!!

-Oui, bon ça va, c’est pas comme si elle avait appris ouragan, pesta le dresseur en rappelant son pokémon et en sortant une nouvelle pokéball de son sac. Mimigal ! C’est à toi !

167

Une petite araignée verte fit son apparition en faisant jouer ses mandibules.

Mimiko fit une grimace («CA, mimi ? ») et rappela Windy qui avait toujours deux attaques bloquée.

*Hum… Connaissant Shampoo, elle va faire sa précieuse avec toute cette boue…* Songea t’elle en envoyant Hien sur le terrain.

Le feurisson qui n’avait pas combattu depuis longtemps se montra tellement enjoué que ses flammes jaillirent à plusieurs reprises de son dos sans raison.

156

-Hey ! Du calme Hien !

Le dresseur devant elle avait perdu son sourire. Un pokémon feu contre sa petite araignée, ouais il y avait mieux… Mais c’était le jeu. Celui qui perd la manche part généralement désavantagé sur la suivante.   

-Mimigal constriction !

Un jet de toile craché par l’insecte vint enrouler le cou de feurisson pour l’étrangler. Hien le crama aussitôt juste en sortant les flammes de sa tête et de son arrière train.

-Flammèche !

-Esquive ! Et dard venin !

Crachant un fil qui alla s’attacher à une branche d’arbre, l’araignée s’envola et évita la boule enflammée qui fonçait sur elle.

Continuant à se déplacer comme un spider man en puissance, le mimigal continua d’esquiver toutes les attaques de feu, jusqu’à ce que feurisson se décide à viser la soie plutôt que le pokémon qui la produisait.

La flamme se répandant le long du fil, le mimigal fut obligée de tout lâcher et de se laisser tomber dans la boue. Il atterrit maladroitement sur le flanc et faute de terrain solide, il roula sur le dos, ses pattes frétillant d’impuissance.

-Génial, Hien ! On l’a ! Allez une dernière flammèche !   

Hien hocha de la tête et dans sa joie de gagner le combat fit brutalement jaillir ses flammes pour asséner le coup final. Deux choses se passèrent alors en même temps.

Ses oreilles captèrent un cri de souffrance derrière lui et ses yeux virent avec satisfaction l’araignée cesser de bouger.

-Mince ! Eh ça va ? Fit le dresseur en rappelant son pokémon avant de courir vers eux.

Hien se retourna alors, ne comprenant pas ce qu’il se passait.

Mimiko était agenouillée, le visage crispée de douleur et des larmes aux yeux, se tenant le bras droit. La manche de sa veste et de son pull avaient un trou dont les bouts étaient noircis et sur la peau ambrée de sa dresseuse s’étendait des marques rouges. Une odeur de brulé arriva jusqu’à son nez.

Mimiko se mordit la lèvre inferieur pour s’empêcher de crier et intuitivement, pressa son bras contre la boue fraiche et molle qui se trouvait par terre*.

Une langue de feu venant de l’arrière train de feurisson avait éclaboussé jusqu’à elle et n’arrivant pas à s’éloigner assez vite, la jeune fille avait lancé son bras droit devant elle pour se protéger.

Elle s’était déjà brulée par mégarde à une casserole ou à la porte d’un four, mais ça n’avait rien à voir, la douleur actuelle était abominable et lancinante. Comme si chaque fois que son cœur envoyait du sang dans son bras, celui-ci brulait à nouveau.

Un étourdissement la prit et elle lutta pour rester consciente, ce qui lui ficha en plus la nausée.

Le dresseur était à ses côtés et lui parlait. Elle entendit vaguement les mots « dresseurs de pokémons feu » et « anti-brule ».

-Non, j’en ai pas… Arriva-t-elle à dire avant de voir que Hien s’approchait avec un air inquiet.

Ce fut plus fort qu’elle, elle se jeta en arrière :

-Non ! T’approche pas !  

La chaleur qui émanait encore de Hien semblait ranimer la douleur et la peur d’être touchée à nouveau par les flammes la tenaillait. C’est pourquoi elle lui hurla à nouveau dessus quand il refit mine de venir vers elle.

-NON ! Vas-t’en ! Ne m’approche pas !

Elle était trop mal pour remarquer la blessure dans les yeux grenat. Hien stoppa son avancée et se recroquevilla sur lui-même, malheureux.

Comme elle avait relevé son bras dans ce mouvement de retrait, le dresseur grimaça car la zone rouge semblait s’être un peu gonflée.

-Ça ira ? Demanda-t-il d’un air gêné.

*Pas du tout* Songea difficilement Mimiko.

Mais elle voyait bien que l’adolescent était totalement dépassé. Il ne pourrait rien faire pour elle.

-Oui, faut juste que je reste assise un moment, mentit-elle. Merci.

Le dresseur hocha la tête et lui remit les deux billets qu’elle avait gagnée directement dans une des poches de son sac à dos avant de s’éclipser et de disparaitre de tous les sens de perception de Mimiko.

La douleur et son malaise prenaient toute la place.

Un instant elle fut tentée de se coucher là, dans la boue, car elle délirait plus qu’elle ne pensait. Oui donc, pourquoi n’avait-elle pas d’anti-brule avec elle ? Pourquoi n’avait-elle pas pensée qu’elle pourrait se bruler sur son pokémon ? Non, c’était ridicule, elle ne pouvait pas se bruler sur Hien. Hien c’était son petit héricendre tout mignon. Il ne la brulerait jamais. Idiote ! Mais pourquoi alors était-elle aussi horriblement mal ?

(155)

*Je vais m’évanouir…*

Non, il ne fallait pas s’évanouir. Ce n’était ni le moment ni l’endroit de s’évanouir. Où était-elle déjà ? Des arbres… Plein d’arbres… Bah voilà, elle était au milieu de pleins d’arbres. Il y avait aussi une petite forme rouge là, loin devant elle… Qu’est-ce que c’était que ça ?

*Je veux la maison… Et maman… *

Oui, un lit, pouvoir se calfeutrer sous une couette toute douce et se laisser soigner. Un rare moment où sa mère était comme une vraie mère. Petite, elle avait souvent fait semblant d’être malade juste pour avoir ça.

Le paysage vacilla devant ses yeux, mais elle rampa jusqu’à un endroit à peu près confortable et se laissa tomber par terre.

Voilà.

Elle allait fermer les yeux et quand elle les rouvrirait, elle serait chez elle.

 

Chez elle ?

 

-Si tu passes cette porte, ce n’est pas la peine de revenir !

 

Mais c’était où chez elle ?

Un bruit de carillon tinta joliment quelque part.

**

La pluie se remit à tomber sur la forêt qui s’obscurcissait alors que la nuit s’installait.

Hien laissa les gouttes d’eau mouiller son pelage, toujours recroquevillé à sa place, n’osant pas bouger.

Ne disait-on pas « malheureux comme les pierres ? ».

Soudain la pluie gagna en intensité et le pokémon feu ne fut plus qu’une vague tache chaude au milieu d’un univers vert et humide.

Chaque goutte était autant de larmes qu’il ne pouvait verser.

**

Elle marchait en regardant craintivement vers la voute des arbres qui étaient si rapprochés qu’on n’apercevait que des bouts de ciel. Cela peignait dans la forêt de véritables raies de lumières où l’on pouvait voir la poussière s’élever en particules dorées.

Le chemin montait en pente continue au milieu des gigantesques racines qui crevaient le sol.

C’était bizarre, cela rappelait quelque chose à Mimiko, mais elle n’arrivait pas à réfléchir clairement.

Oui… Pourquoi ?

Comment d’ailleurs était-elle arrivée ici ? Et où était Hien ?

Elle n’eut même pas le reflexe de vérifier ses pokéball dans son sac, non, à la place de ça, elle s’efforça de monter laborieusement les escaliers qui montaient en cercle. Des marches en bois, des poutres en bois…

Pourquoi montait-elle ces escaliers ?

Où était-elle ?

Ces escaliers lui semblaient pourtant familier, comme si elle les avait déjà emprunté un certain nombre de fois.

Mais non… C’était la première fois.

Elle montait.

 

Un bruit de carillon.

 

Elle montait.

Pas après pas, mais ça n’en finissait jamais, après chaque marche s’en trouvait une autre. Et où qu’elle regardait, il n’y avait que cet escalier. Le reste semblait flou/ Pas important. Il n’y avait personne d’autre. Juste elle.

Marche après marche. Pas moyen de s’arrêter.

Elle avait l’étrange impression d’être un pantin animé par des ficelles.

Soudain, apparut de nulle part, la marche suivant se changea en pièce entière et elle y pénétra gauchement, comme si elle n’était plus habituée à marcher sur du plat.

 

Un salon, un homme, une femme et une petite fille. Le tableau de la famille parfaite si une pré-adolescente aux cheveux noirs en pagaille et à la tête penchée, même quand on lui parlait, ne venait pas tout gâcher.

Un regard noir de l’homme, une critique du bout des lèvres, la femme gênée, la petite fille indifférente, assez habituée pour trouver ça normal.

Beau père, mère, demi-sœur et elle.

Elle assistait au spectacle sans pouvoir rien faire. Que faire à vrai dire ? Elle était ce qu’on avait fait d’elle. On l’avait habitué à subir les coups verbaux sans rien dire, sans tressaillir. 

 

Ce n’est pas ta vraie nature.

 

Un pas en avant, une nouvelle marche, le retour de l’escalier en un battement de cil.

La montée continuait.

 

Qu’est-ce que c’était que ça ? Un autre mot pour « caractère » ?

 

Le caractère se forge, la nature est innée.

 

Comme si ça existait. On nait comme une page blanche, on est ce que les évènements qui suivent font de nous.

 

C’est pourquoi tu as peur du feu.

 

Elle fronça les sourcils. Oui, ça semblait normal de craindre le feu, puisque ça faisait mal…

 

Tu n’as pas peur de l’air, mais tu as peur du feu.

 

Oui, ça parait normal.

 

Non.

 

Cette négation lancée du néant provoqua un net changement dans son paysage et tout autour de l’escalier, un incendie se déclencha. Elle fut prise de sueur froide et reprit le contrôle de son corps pour courir loin du feu. La chaleur devint étouffante et des étincelles dorées jaillissaient des deux côtés.

*Il ne faut qu’elles me touchent !*

 

Pourquoi as-tu peur ?

 

Alors qu’elle montait les marches en vitesse, elle déboula brusquement dans une rue fréquentée. Pleins de gens passaient sans faire attention à elle et les murs blancs qui l’entourait reflétait la lumière du soleil. Elle connaissait cet endroit… Carmin sur Mer !

Mais que faisait-elle ici ?

Soudain elle aperçut une jeune femme et un héricendre.

Elle et Hien.

Ils discutaient, se disputaient, puis Hien décampa en courant vers une ruelle étroite. Mimiko fut étonnée de se voir se relever, un air sombre sur le visage. C’était curieux, mais elle ne se retrouvait déjà plus dans cette personne paralysée dans sa peur. 

-Qu’est ce que tu attends ? Suis le donc ! Suis la lumière ! S’admonesta-t-elle, avant de courir dans sa direction pour se secouer elle même.

 

La rue disparut, à nouveau remplacée par les marches et le feu.

 

Elle chercha son sac à dos, mais elle ne le trouva pas. Où étaient donc ses pokémons ? En bas ? Elle espérait bien que non.  

 

Elle entendit à nouveau le bruit de clochette qui semblait venir d’en haut et pressa l’allure, où que ça puisse la mener.

L’escalier s’effaça une nouvelle fois et elle se retrouva à courir dans une forêt. Le feu la suivait, inlassablement, avec constance et dévorait la végétation sur son passage avec une avidité qui semblait indifférente, comme si ce n’était pas le but qu’il suivait.

Le sentier était étroit et les branches la giflaient sur son passage, le carillon raisonna à nouveau et elle suivit l’écho cristallin.

Elle stoppa brusquement sa course devant ce qui ressemblait à une toute petite maison en bois. Un autel. Les arbres derrière formaient un mur infranchissable.

La clochette retentit, elle venait de l’intérieur de la structure en bois. Jetant un regard effrayé sur l’incendie qui s’approchait, ayant à présent la forme de loups de flammes aux dents découvertes, elle ouvrit d’un seul mouvement désespéré les deux volets de bois.

Une immense volute blanche en sortit, ainsi qu’une créature vulpine qui semblait voler en son sein et qui se plaça devant elle, face aux loups de flammes.

C’était une toute petite chose aux longues oreilles et à la queue en pinceau, mais elle tourna la tête vers elle et un instant, elle crut voir son petit héricendre lui dire que tout allait bien se passer.

Les loups se rapprochèrent et bondirent dans une gerbe enflammée sur eux deux. Elle ferma les yeux en s’attendant à la douleur.

 

Pourquoi as-tu peur du feu ? Tu n’as pas peur du vent pourtant.

 

Une caverne, le vent qui souffle sur sa peau, agréable, caressant, le ciel tout autour d’elle, le monde en dessous d’elle, oui, elle flottait !

 

Bien qu’elle ne comprenne pas le rapport, soudain, elle eut la conviction qu’elle était vraiment stupide. Oui, pourquoi avait-elle peur du feu ? Le feu ne pouvait pas lui faire de mal !

 

Elle ouvrit les bras et accueillit les flammes lupines en elle. Une douce chaleur l’envahit, comme lorsque sa mère restait auprès d’elle quand elle était malade. Un sentiment de bonheur qui était si peu habituel qu’il fit couler des larmes de soulagement de ses yeux.

**

Une humidité au niveau de ses joues fit que Mimiko reprit conscience. Elle ouvrit péniblement les yeux sous la lumière du soleil. Son corps pendant un instant lui sembla de plomb et elle n’arrivait pas à replacer les derniers évènements.

Nouvelle humidité.

Baissant le regard, elle pût enfin voir la petite boule de poil marron qui lui léchait les joues. C’était le petit renard.

Elle se redressa et celui-ci, presque aussi léger qu’une plume glissa sur ses cuisses. Elle se trouvait couchée dans une petite étendue d’herbe et à côté se trouvait l’autel. Tout était familier, et pourtant différent.

*C’était un rêve, non ? Suis-je encore dedans ?*

-Evoooo ! Clama le petit évoli en se frottant contre elle et en patounant ses jambes comme un petit chat.

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Elle rebaissa le visage vers son petit sauveur et la sensation des griffes se rétractant sur sa peau lui parut bien réelle. Elle passa une main sur sa tête et le pokémon s’y appuya avec plaisir, comme si tout était normal.

-D’où vient-tu toi ? Tu es bien petit…

Ca ne pouvait être celui de son rêve… Oui, c’était impossible… pourtant elle ne s’était certes pas assoupie près de cet autel dont elle ignorait la présence avant son rêve…

Soudain, ce qui s’était produit avant son somme lui revint dessus de plein fouet et elle tendit son bras devant elle.

Elle ouvrit de grands yeux étonnés.

A l’endroit où elle avait été brûlée, où auparavant sourdait une douleur abominable, il n’y avait plus qu’une peau pâle et épaisse. Elle toucha la cicatrice par réflexe, s’attendant à souffrir à nouveau alors que toute la zone semblait en fait être insensibilisée. Elle ne sentait même pas son doigt dessus.

-Ca n’a pas pu cicatriser aussi vite…

Elle grimaça et se tint la tête. Déjà, son rêve commençait à se dissoudre comme un cachet dans de l’eau, elle en perdait la trame, la laissant sur de vagues sensations.

C’était comme ça depuis qu’elle était au Japon. Elle ne se souvenait d’aucun de ses rêves, ils lui échappaient au réveil inéluctablement.

Si elle n’y avait pas fait attention jusqu’ici, maintenant ça lui semblait avoir son importance car elle sentait que certains éléments étaient récurrents et malgré tous ses efforts, elle n’arrivait pas à se les rappeler.

Ca devait avoir un rapport avec la brûlure…

La brûlure… Le combat… Hien !

La jeune femme se remit sur ses pieds brusquement, laissant juste le temps au petit évoli de sauter et regarda autour d’elle frénétiquement.

Il n’y avait aucune trace de son pokémon et de ses affaires !

Son cœur se mit à battre plus fort d’angoisse. Une chose qui ne lui était plus arrivé depuis un moment. Mais là, toute seule au milieu de la forêt sans… Sans rien de familier, sans ce qui faisait désormais toute son existence, elle était à deux doigts de la crise de panique. Son inconscient s’amusait à lui ramener des images pénibles de son passé et elle n’arrivait pas à les contrer.

L’incompréhension.

L’injustice.

La solitude.

La trahison.

La colère.

Le chagrin.

 

Toutes ces choses de couleurs froides, sombres et vif-argent, d’eau et de regret.

Où était donc son petit soleil ? Sa petite flamme vivante qui la réchauffait et la rendait plus humaine ?

-..Hien…

Il lui revint l’air étonné de son ami, puis alors que la douleur se ravivait à cause de sa chaleur, elle lui avait dit quelque chose, plusieurs fois, mais elle ne voyait pas quoi. Elle délirait à moitié à ce moment là.

La dernière image qu’elle avait de lui était celle de ses yeux si beaux, couleur grenat, qui s’assombrissaient et se paraient comme de facettes.

Un pokémon feu pouvait-il pleurer ?

-OH HIEN !!!! Hurla-t-elle avec le peu d’oxygène qu’elle arrivait à pomper.

C’était un cri de colère envers elle-même. Elle lui avait fait du mal, à lui, son compagnon, son ami, son courage. Même si c’était involontaire, elle ne pouvait pas se le pardonner.

Etait-il partit ? L’avait-il abandonnée ?

Des larmes coulèrent sur ses joues à cette pensée : elle avait toujours été si seule avant de le rencontrer… Différente, sombre, sans intérêt… Même quand elle avait pût avoir des amies, elle s’était toujours sentie en marge du groupe.

Elle avait toujours sentie que si elle partait, personne ne la regretterait.

Et comme elle avait toujours été un peu masochiste dans l’âme, elle était partie.

Et le monde continuait sans elle, exactement comme elle l’avait prévu.

Le souffle commençait à lui manquer vraiment et son cœur continuait à s’affoler dans sa poitrine, ses membres lui semblaient raides et glacials, son estomac se rebellait à nouveau et sa tête tournait. Dans ses moments là, elle avait toujours l’impression qu’elle allait mourir. Son corps lui échappait et les sensations qu’il lui imposait étaient si intenses qu’il ne pouvait en être autrement.

Le petit évoli lui tournait autour en piaillant d’un air affolé.

Mais c’est un bruit de buisson qui réussit à ramener un brin de conscience à Mimiko.

-Feuri… ?

Dégageant sa tête du branchage, la lanière du sac de Mimiko dans la bouche, il se tapit là en la regardant, les oreilles couchées sur son crâne, ses yeux éteints par la peine. 

Sa tristesse était presque tactile. Il semblait lui dire : « pourquoi m’as-tu fais ça ? Qu’est ce que je t’ai fais pour mériter ça ? ».

-Oh Hien… Je suis désolée… Viens…

Le feurisson se recroquevilla encore plus. Il ne voulait pas l’approcher. Le cœur de la jeune femme se brisa.

-Oh non… n’ait pas peur mon ami, tiens regarde, ma brûlure est guérie, elle ne me fait plus du tout mal ! Lui montra Mimiko en tendant le bras incriminé.

La crise de panique avait un peu reflué à la vue de Hien mais devant son inertie, elle était à deux doigts d’y replonger.

-Viens là… Viens dans mes bras… Hien, je suis désolé, je t’aime, je retire tout ce que j’ai dis…

Il releva une oreille, puis lâcha le sac et s’approcha craintivement. Un pas, deux… Mimiko couvrit la distance manquante et l’enserra dans ses bras. Elle plongea son nez dans la fourrure rêche du pokémon, avec sa petite odeur enivrante d’allumette et s’en sans rendre compte, se mit à pleurer à grosses larmes, comme une enfant.

-Oh Hien… HIEEENNN…

Ses sanglots se déversèrent, retentirent dans le bois, libérateurs, soulageant son cœur d’un trop plein de chagrin.

Le feurisson se laissa faire, lui donnant des petits coups de museau sur l’épaule pour la consoler, alors que le petit évoli lui léchait la main avant de se rouler en boule contre elle.

Cela dura un long moment.

Et quelque part, au milieu de tous ses sentiments, une partie d’elle se souvint et se dit que oui, elle avait été bien bête d’avoir peur du feu.

 

Le feu ne pouvait rien lui faire.

***

D’autres flammes brûlaient sur les braséros qui entouraient la statue en bois d’un oiseau aux ailes déployées et au bec crochu.

La vieille femme qui se tenait devant, en prière, se relâcha et reposa délicatement la clochette qu’elle tenait en main sur l’autel, son bruit cristallin retentissant une dernière fois.

Elle sentit Tamao derrière elle avant de l’entendre. Le noctali de cette dernière était plus silencieux que jamais, rodant dans les ténèbres qu’offrait cette pièce.

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Feu Noble, qui s’était couché pendant sa prière, ouvrit juste un œil sur les arrivants, avant de le refermer. Son ondoyante queue remua comme en salut. Elle le regarda un instant avec fierté car son pyroli était l’un des plus imposants de la maison

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-J’ai fait la livraison, affirma Tamao. Mais je me demande comment…

-C’est déjà fait, affirma la vieille femme avec satisfaction. Elle sera bientôt ici.

-On ne peut en être vraiment certaine…

-Ne t’en fait pas Tamao, elle ne peut que venir, elle n’en est pas consciente, mais elle ne peut pas résister à l’appel du Glas Transparent. C’est bien d’ailleurs la preuve de ce qu’elle est…

Un silence révélateur suivit cette affirmation.

 

A suivre… 

 

*Note purement médicale : Si vous vous brûlez, ne faites jamais ça ! Une peau brûlée est sensible à toutes les agressions de microbes, et la boue n’étant certainement pas un environnement stérile, c’est le meilleur moyen de l’infecter et d’empirer la blessure. Préférez de l’eau froide du robinet.   

6 juillet 2014

Chapitre 16 : Le Lien, le Pacte Tacite

La maison de Fargas était une ancienne bâtisse ceinturée d’un mur et d’un jardin aménagé. Sur le fronton de la porte que Mimiko dépassa avec admiration était gravé dans le bois un immense oiseau entourant de ses ailes une pokéball.

La maison elle-même semblait avoir toujours été là, fermement ancrée dans la terre, ses poutres de bois s’élevant pour maintenir un toit de chaume épais. L’eau de pluie dégouttait de celui-ci sur des plates-bandes de verdure courant le long d’un appontement en bois qui semblait pouvoir être clôturé par des panneaux.

Maisy referma leur parapluie et le coinçant entre ses jambes, ouvrit à deux mains la porte coulissante de l’entrée qui claqua avec un bruit sec.

Elle entra alors dans le vestibule et fit signe à Mimiko de la suivre tout en retirant ses chaussures pour mettre pied sur le parquet :

-Pépééééé !!! C’est moi, May ! J’amène une invitée !

Mimiko resta sur le sol de terre battue, à l’entrée, n’osant pas rentrer plus.

Elle regarda Maisy courir vers une pièce, puis revenir, montrant sa tête :

-Eh, referme la porte au moins ! Tu fais rentrer le froid !

-Oh… Pardon…

Mimiko essaya de tirer le panneau, mais celui-ci lui résista.

-Il bloque souvent quand il pleut trop ! Fit la voix de Maisy au loin.

La brune leva les yeux au ciel.

Pendant ce temps Maisy cherchait son grand-père. Une fois n’est pas coutume, elle le trouva dans la dépendance qui lui servait d’atelier.

Sur des étagères s’étalaient des paniers remplis de noigrumes récoltés pendant l’été et sur d’autres des pokéballs à certains stades de leur fabrication. Fut une époque où la petite Maisy passait des heures à regarder son grand père opérer, fronçant les sourcils pour capter le moindre geste et essayer de le reproduire.

-Pépééé, tu m’as entendu, on a une invitée ?!

Le vieil homme leva le nez de son travail et fixa Maisy :

-Ah… Te voila revenue toi… Tu as renoncé à ton stupide projet ?

-AH CA NON ! PAS QUESTION ! Je veux toujours me casser d’ici !

Le vieil homme fronça ses sourcils touffus et gris au dessus de ses yeux sévères et se retourna vers elle :

-Et moi je te dis que tu vas m’écouter, enfant stupide !

-Non.

-Si tu avais vraiment la gnaque nécessaire à un voyage, tu serais déjà parti.

-C’est ce que je vais faire !

-C’est aussi ce que tu as dit la dernière fois, et te revoilà. J’aimerais plus que ce soit parce que tu es consciente que ce serait perdre ton temps et ton talent, plutôt que par couardise.

Le visage de Maisy s’obscurcit et elle serra fortement ses poings.

Fargas se releva et fit craquer son dos douloureux. Un ramoloss à ses côtés ouvrit un œil paresseux, puis hésita un long moment avant de se rendormir, poussant un immense bâillement.

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-Bon, tu as dit que j’avais un invité, où se trouve-t’il ?

-Dans l’entrée.

-Tu ne l’as pas invité à s’installer dans le salon ?

-Je ne savais pas où tu étais.

-Bon sang… L’adolescence t’a rendue peu dégourdie ma chère May.

Dans l’entrée, Mimiko qui avait laissé tomber l’idée de refermer la porte vit arriver vers elle un vieil homme courbé en kimono de lin bleu suivi de Maisy qui baissait les yeux, l’air un peu éteinte.

-Je n’ai pas réussi à fermer cette porte, annonça Mimiko.

Les yeux noirs du vieil homme vinrent se porter sur elle, scrutateur et elle sentit plus qu’elle ne vit une assez franche désapprobation.

-En voila une autre qui ne semble pas être dégourdie…

-Elle s’appelle Mimiko et elle voulait te rencontrer, intervint timidement Maisy.

-Je viens de la part du professeur Orme, précisa la brune en fronçant à son tour les sourcils.

Les yeux du vieillard se plissèrent.

-Tu ne semble pas faire l’affaire d’un premier coup d’œil, marmonna t’il.

- De quoi parlez-vous ?

-Et que me veux-tu, envoyée de ce bon à rien d’Orme ? Demanda-t-il sans répondre à sa question.

Mimiko fut étonnée de voir que le vieil homme ne semblait pas porter le scientifique dans son cœur. Elle ne pouvait pas dire qu’elle l’appréciait des masses non plus, la dernière fois qu’elle l’avait appelé il ne se souvenait même plus de qui elle était… Mais bon, c’était tout de même son patron…

-Il fait actuellement des recherches sur le pokémon légendaire Ho-oh et selon lui vous l’auriez aperçu. Il aimerait avoir votre témoignage.  

Le vieil homme réfléchit un instant, puis il s’approcha d’elle :

-Je suis le vieux Fargas, je fabrique des pokéballs depuis plus de cinquante ans. Et toi qui es tu ?

-Maisy vous l’a dit, je m’appelle Mimiko. Mimiko Laroche.

-Et tout ce que tu sais faire c’est être un larbin du professeur Orme ?

-C’est le seul qui m’a proposé du travail et des papiers quand je suis arrivé ici. J’exécuterais donc la mission qu’il m’a donné, aussi stupide me parait-elle, jusqu’au bout.

-« Stupide » ? Pourquoi cela ?

-Je ne crois pas que je verrais une seule fois dans ma vie Ho-oh.

-Parce que tu ne crois pas en son existence ?

-Hum… Non… J’ai quelques raisons de m’imaginer qu’il pourrait exister réellement.

Elle pensait à Mew, ce pokémon censément légendaire qu’elle avait déjà rencontré à deux reprises. Bien que ce dernier n’avait pas vraiment les mêmes « états de service » que Ho-oh ou Lugia puisqu’il n’était pas vraiment considéré comme une déité, mais plus comme un pokémon en terrible voie de disparition dont l’existence est remise en doute.

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Pendant qu’elle se faisait cette réflexion, Fargas réfléchissait aussi, puis, relevant la tête il descendit sur le terre plein et chaussa des sandales en paille de riz avant de passer à côté d’elle pour sortir :

- Suis-moi Mimiko Laroche.

Celle-ci leva la tête vers Maisy qui haussa des épaules, ne voyant pas non plus ce que le vieillard voulait faire dehors, d’autant plus qu’il pleuvait encore.

Les deux filles sortirent donc à sa suite et contournèrent la maison pour arriver sur un assez grand jardin où était planté un érable aux feuilles rougeoyantes et plusieurs noigrumiers dont le feuillage persistant restait vert.

Un étang se tenait au milieu, alimenté d’un cours d’eau avec une petite cascade comme il était d’usage de le faire. Un tube de bambou récupérait l’eau avant de pivoter dans un bruit de claquement pour la déverser dans le bassin.

-Combien de pokémons as-tu ? Demanda brusquement Fargas en se retournant vers elle.

-Hein ? Euh… 5, pourquoi ? Fit Mimiko, un brin décontenancée par la question.

L’homme se frotta la barbe, songeur, puis :

-Bon, bein ce serait deux doubles et un solo. Je te dirais tout ce que tu voudras après un combat !

-… Quoi ?!?!? Mais…

Mimiko n’en revenait pas. Elle était là, tranquillement, au nom du professeur Orme et ce type… Ce… Ce vieux schnock semblait la considérer comme un ennemi ! Elle comprenait mieux les difficultés de Maisy à présent…

Tournant les yeux vers celle-ci, elle recueillie une grimace d’impuissance et sût qu’un miracle ne viendrait pas de ce côté-là.

-Ce sont mes conditions, asséna l’homme. 

-Mais… Hormis le fait que ce soit ridicule, je ne me bats pas avec mon onix. Et certainement pas sous cette pluie !

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-Ah oui, et pourquoi ça ?

-Parce qu’il a votre âge fois 10 et qu’il souffre d’arthrite !

Fargas leva un sourcil intrigué, puis se fit moqueur :

-Oh et pourquoi t’encombres-tu d’un pokémon qui ne peut même pas se battre ? Tu devrais le relâcher !

-Je… Je ne peux pas ! Il… On me l’a confié, il est sous ma responsabilité !

-Alors tu le garde juste par sens des responsabilités ?

-Mais… Non ! Je lui donne des médicaments toutes les semaines… Sans ses médicaments, l’infirmière Joelle m’a dit que ses pierres pouvaient se désolidariser et qu’il…

-… En mourait, oui. Termina Fargas sans émotion. Bien, laissons ton onix de côté, ce sera donc deux doubles.

-Des doubles ? Marmonna Mimiko, méfiante.

-Et ça marmonne en plus… Oui, un combat double : deux pokémons pour chaque dresseur.

Oh non… Ca lui rappelait quand elle avait dû gérer trois pokémons à la fois contre Chriss et sa bande. Elle n’aimait pas ça du tout…

Le vieil homme s’éloigna d’elle pour se poster plus loin dans le jardin.

-Tu as déjà de l’expérience en combat pokémon ? Lui demanda-t-il.

-Bof… J’ai battu votre petite fille.

-Eh ! S’indigna Maisy. Tu n’avais pas besoin de lui dire !

-Hum… Tu as battu May tu dis… Tu as déjà affronté un champion d’arène ?

Mimiko fouilla dans son sac et en sorti un petit bijou, un peu en forme d’écrou et gravé de deux ailes : le badge qu’elle avait gagné à Mauville.

-Ah, tu as battu ce merdeux d’Hayato. T’as un niveau de débutante quoi.

-Si je gagne vous arrêterez d’être aussi condescendant ?

-« Si je gagne » elle dit ! Pff ! Aucune chance avec ton niveau, mais je veux voir comment tu te débrouilles !

-…Attendez ! Vous voulez que j’envoie mes pokémons en sachant que vous allez tous les écraser ?! Mais c’est hors de question !

-Tu peux les rappeler, chaque rappel équivaut à un forfait.

-Dans ce cas je peux tout aussi bien les rappeler immédiatement…

-Si je ne suis pas satisfait de ce que je vois, je ne dirais rien !

Mimiko ne trouvait plus rien à répliquer si ce n’était des insultes. D’habitude elle était plus que polie avec les personnes âgées, mais elle n’arrivait pas à ressentir de la bienveillance envers ce type.

-Bien, maintenant que madame la duchesse a eu ses explications, on peut peut-être commencer ? ORUASHI ! KINBEN !

Deux balls furent lancées en l’air et firent apparaitre un simularbre qui se tortilla, mal à l’aise à cause de la pluie, puis un debugant qui donna des coups dans le vide.

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*Un pokémon roche et un pokémon combat… Si je ne me trompe pas… Pourquoi j’ai l’impression que le croulant me teste ? mmh…*

-Hien ! Windy ! C’est vous que j’appelle !

Ses deux pokémons vinrent se placer devant elle et, étonnés de la tournure des évènements, ils tournèrent la tête dans sa direction :

-Oui bein c’était pas mon idée…

-Hum… Un starter et un roucool. Voyons ce que tu peux faire avec ça.

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-Hien ! Flammèche ! Windy ! Tornade !

-Humf…

Les deux pokémons partirent au quart de tour. Les flammes sur le dos de Hien s’allumèrent et il en cracha quelques unes sur le simularbre qui ne broncha pas un instant. Pareil du côté du débugant que la lame d’air de Windy, censée pourtant être très efficace, sembla à peine effleurer.

-Zut… Encore ce problème de différence de niveau…

-Je m’attendais à mieux ! Maugréa le vieillard devant elle comme pour la narguer.

-He Ho ! Vous avez 100 ans, j’en ai que 18 !

-Hé ! T’abuse ! Il a pas 100 ans mon pépé ! Grogna Maisy.

-RIEN A FOUTRE MAISY ! LA, TON PÈPÈ, IL ME FAIT JUSTE… RAAH !!! WINDY ! CHARGE ! HIEN ! VIVE ATTAQUE !!!

Les attaques spéciales ayant échouées, elle passait sur du physique.

-ORUASHI Vire moi ça à coup de balayage ! Kinben bluff !

Alors que le feurisson fonçait à toute allure vers lui, le simularbre le contra en frappant ses pattes du pied, le faisant trébucher et s’écraser la tête la première derrière lui. Windy n’eut même pas le temps d’arriver sur son ennemi qu’il la rejoignit et frappa soudainement dans ses mains, causant son recul et l’empêchant de continuer.

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-ORUASHI ! Jet de pierre ! KINBEN charge !

*Oïe oïe oïe !* Glapit intérieurement Mimiko * Attaque pierre supra efficace sur pokémon feu… Pourquoi j’ai envoyé feurisson moua ????*

*Ah oui, c’est parce que Shampoo me servirait strictement à rien face à la roche…*

-BROUILLARD !!!!

Hien fit soudain exploser les flammes sur son dos et une fumée noire vint le recouvrir lui et Windy.

-Ah on possède quand même des capacités de défense ! S’exclama Fargas en applaudissant dans ses mains, l’air de se moquer d’elle.

-gnagnagna… marmonna doucement la brune en fronçant du nez.  

En attendant, elle avait réussi à éviter le pire puisque le simularbre ne savait plus où viser. Et elle avait plus ou moins repris la main.

-Hien vive attaque ! Windy jet de sable !

-ORUASHI RISPOSTE ! KINBEN BLUFF A NOUVEAU!

Ne sachant pas où l’attaque allait surgir il leur fut cependant difficile d'entamer quoique ce soit et c’est Windy qui agit la première en les aspergeant tous les deux de sable. Hien surgit à sa suite et fonçant à toute allure tapa contre le simularbre… Qui lui renvoya le tout avec puissance.

Hien fut projeté vers Mimiko et dérapa sur la terre jusqu’à elle, KO.

-Oh mon pauvre… Gémit-elle en se baissant et en prenant sa tête dans ses bras.

-Riposte est une attaque qui consiste, d’abord à subir les coups, puis à canaliser cette puissance pour la renvoyer au double. De toute évidence tu ne le savais pas, sinon tu lui aurais ordonné de s’arrêter.

Mimiko ne lui répondit rien et rappela ses deux pokémons.

-Bref, c’était vraiment un combat de débutant ! Conclut Fargas en rappelant lui aussi ses deux pokémons. Voyons maintenant ce que tu as à me proposer pour ça :

Lançant deux nouvelles pokéballs, il fit apparaitre un scarabrute et un xatu.

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*Pokémon insecte et psy… Bah c’est pas comme si j’avais d’autres pokémons de toute façon…*

Avec un air horriblement blasé, Mimiko appela Shampoo et Majo Rika sur le terrain.

Heureusement il y avait une mare pour la magicarpe, mais son apparition fut évidemment le témoin d’un glorieux silence perplexe de la part de Fargas et de sa petite fille.

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-Tu veux te battre avec ça ?

-Rhooo c’est vous qui vouliez voir mes pokémons ! Vous moquez pas ! Un jour elle deviendra une gigantesque leviator ! Se défendit Mimiko.

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-Ouais bein bonne chance pour la faire évoluer… Siffla Maisy.

Fargas, lui, haussa ses sourcils grisâtres :

-Hum… J’ai toujours entendu dire que si faire évoluer un magicarpe était effectivement difficile, le dresser une fois leviator était encore pire…

Mimiko réalisa alors qu’elle n’y avait PAS DU TOUT pensé. Et soudain, face à l’idée de se retrouver avec un monstre aux dents longues comme son avant bras, sa magicarpe lui parut bien sympathique.

-Euh ouais… Bein finalement elle est bien telle qu’elle est…

Fargas eut un ricanement moqueur.

-C’est bien ce qui me semblait…

Au stade où elle en était de serrage de mâchoire, la brune avait l’impression qu’elle allait se la péter. Elle était pourtant quelqu’un de RAISONNABLE, quelqu’un de POLIE, quelqu’un d’OUVERT D’ESPRIT, aux dernières nouvelles, elle n’avait jamais insulté la parenté de ce vieux schnock… Alors pourquoi se comportait-il avec elle comme un crevard de première ?!?!?

-Shampoo… Je sais que c’est un peu perdu d’avance, mais mon honneur se trouve dans tes petites papattes bleue…

La brebis la regarda étonné, puis regarda ses pattes avant avec un bêlement d’incompréhension.

-D’accord… J’oublie les concepts non matérialistes avec toi… Attaque éclair sur… bah celui que tu veux, ça n’a aucune importance de toute façon…

Shampoo ne semblait pas très motivée, en même temps, elle était face à deux autres pokémons avec pour partenaire… un poisson handicapé de la nageoire…

Balançant sa queue d’un air hésitant, elle finit par cibler d’un jet de foudre le xatu.

-Shiromono Téléport !

Avant même que l’électricité le touche, l’étrange pokémon oiseau disparut et se matérialisa à même pas deux pas de la wattouat qui fit un bond en arrière.

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-Onde folie !

-Flash Shampoo !

Secouant sa queue comme une lampe, la boule qui s’y trouvait se mit à briller et Mimiko, aveuglée, ne vu pas grand-chose de ce qui se passait sur le terrain.

Elle supputait que ce mouvement avait fait échouer l’attaque de l’adversaire.

La lueur s’adoucit et les deux pokémons se tenaient toujours à deux pas l’un de l’autre, en chien de faïence. C’était le moment d’essayer quelque chose.

-Charge !

Shampoo fonça, s’élança et… Passa à côté du xatu sans même sembler le voir.

-… Mais.. ?

Pour se taper la tête en une violente charge contre l’érable, secouant celui-ci et se prenant une giclée de flotte dessus. Shampoo se retira, l’air un peu sonnée, bégayant sur ses pattes comme si elle avait bu, puis repartit à l’assaut de l’arbre.

-SHAMPOO REVIENT ! Lança Mimiko, se sentant complétement humiliée.

La brebis fut aspirée dans un flash et elle en profita pour rappeler aussi Majo Rika.

-L’attaque onde folie a marché… Maugréa t’elle alors en osant regarder à nouveau son rival qui n’avait rien dit, n’avait pas bougé d’un poil et la regardait sévèrement.

-A la distance où se tenait Shiromono, il n’y avait aucune chance qu’il la rate. Votre wattouat manque de toute évidence de pratique et son « flash » n’est pas assez rapide.

-Mouaif…

-Il y a encore un sacré travail à faire… Soupira le vieillard. Vous manquez énormément de technique et votre style de combat est digne d’un gamin de maternelle. Vous commencez toujours vos combats par des attaques spéciales ?

-Ca me permet de jauger l’adversaire sans trop l’approcher… s’expliqua-t-elle d’un ton renfrogné.

-Et autant que possible, vous évitez de vous approcher de votre adversaire…

-Faut voir comme ça me réussit…

-…Et vous délaissez très souvent l’intérêt stratégique des manœuvres de défense…

-Perte de temps…

-… En ça on peut dire que vous êtes fidèles aux benêts qui choisissent les starters feu… Bref, ce n’est pas comme ça que vous réussirez quoi que ce soit…

-Bon… écoutez… Je sais pas ce que je vous ais fait pour que vous vous sentiez personnellement insulté, mais je suis juste là pour… Tenta Mimiko qui en avait marre de s’en prendre plein la tronche sans raison.

-… NEANMOINS ! L’interrompit Fargas en levant un doigt, lui imposant le silence. On voit que vous avez un réel attachement pour vos pokémons, que vous détestez les faire souffrir sans raison et que vous êtes quelqu’un de généralement généreux… Sinon vous n’auriez pas supporté les jérémiades de May plus d’une heure.

-…

-Hein ?! Pépé c’est méchant ce que tu dis là !!! S’exclama Maisy qui était resté silencieuse durant tout le combat… ou plutôt la leçon.

-C’est moi ou c’était une sorte de test ? Demanda Mimiko en essayant de retrouver son self control là où elle l’avait perdu, c'est-à-dire quelque part entre le seuil de la maison et ce jardin.

Le vieil homme lui adressa un sourire moqueur.

*OOOKKKKéééé…*

-Donc, vous ne m’en voulez pas pour quoique ce soit ?

-Bon, et si nous rentrions écouter ma petite histoire plutôt que de rester comme des idiots sous la pluie ? Proposa Fargas sans répondre à sa question.

*OOOKKKKéééé… Un, c’est lui qui a voulu se taper un combat sous la pluie. DEUX, IL ME DETESTE VRAIMENT ET VEUT PAS ME DIRE POURQUOI ! *

Elle abandonna le combat, elle n’avait besoin pour ça que d’un regard vers le visage de Fargas qui semblait dire « t’es cinquante ans trop jeune pour ça, jeune idiote ! » et le suivit en fulminant intérieurement.

****

Le petit garçon était couché dans l’herbe, le visage tourné vers un ciel où défilaient lentement de nombreux nuages blancs.

Un natu picorait le sol à côté de lui, sautillant joyeusement pour avancer. C’était une belle journée et ils semblaient tous deux en profiter sous le couvert des arbres de la forêt. Takeru étendit le bras et laissa la pokéball qu’il tenait lui tomber de la main. Le natu vint renifler l’objet sphérique de couleur bronze qui possédait sur un côté une espèce de manivelle.

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-Tu veux rentrer Shiromono ?

Le natu pivota d’un saut et le garçon se redressa.

-YOOOOO TAAAKKKEEERUUUU !!!! Fit soudain une voix familière.

Un garçon d’à peu près son âge, la tête couverte d’épis noirs et habillé dans un kimono marron deux pièces trop large pour lui, courait vers eux et se laissa tomber dans l’herbe, avant de se relever en riant bêtement, vite suivi par son compère.

-Hé hé, quel idiot tu fais Suguru !

-Roooh ça va, ça fait des heures que je m’entraine à l’arène depuis ce matin, faut que je décompresse !

-Qu’est ce que tu fais dans la forêt alors ? Tu vois pas assez de pokémon insecte à l’arène ?

-Huuum… En fait… Je ne sais plus pourquoi je suis venu ici… Mais il y avait une raison !

Takeru se releva et le regarda d’un air suspicieux :

-Dire qu’un étourdi comme toi veut devenir garde… Je ne suis pas tranquille !

-Ne me dis pas ça ! Maître Ian me fait assez souvent la leçon comme ça !

-Notre champion a bien raison d’essayer de faire rentrer un peu de plomb dans ta tête !

-RAAAAH !!!!

Le natu se mit à sautiller autour de Takeru, puis disparu et réapparut un peu plus haut en battant vainement ses petites ailes pour s’élever dans les airs. Son maître regardait ses efforts d’un œil désespéré :

-Ce que tu peux être pathétique Shiromono…

Suguru le regarda d’un air indigné.

-Comment as-tu pût appeler un super pokémon comme ça « Shiromono » ? (note de l’auteur : ça veut dire « machin/ truc » en japonais)

-Arrêtes, il ressemble à rien. C’est un pokémon vol mais il ne peut pas voler, il se contente de se téléporter de plus en plus haut.

-Tu veux échanger avec mon aspicot ?

(13)

 

-Non merci, fit Takeru sans appel.

-Bein voyons ! Moi aussi j’aimerais que mon père m’achète un pokémon cool… Autrement dit un que tout le monde n’a pas !

-Si tu l’entraine bien, tu auras un dardargnan.

 

(15)

-Oui et il y a au moins dix personnes au village qui ont un dardargnan… Râla Suguru en regardant avec envie le natu qui s’était reposé par terre, essoufflé.

Takeru se sentait gêné de la jalousie de son meilleur ami. Des fois il avait du mal à apprécier le fait que son père, artisan de pokéball, soit un notable d’Ecorcia et non pas un simple charbonnier comme le père de Suguru.

Soudain il fut stoppé dans ses pensées par une bestiole qui lui sauta au visage et le lui ravagea de griffure avant de sauter sur Suguru.

-AAAH ! Fit celui-ci en essayant de l’éviter. LE RATTATA MALEFIQUE D’ASHINA !!!!

19

Mais le rat mauve fit son office avant de décamper vers une petite brunette ronde qui courait dans leur direction, l’air contrariée.

-QUI EST MALEFIQUE ?!? Grogna-t-elle en haletant, avant de se diriger d’un pas lourd vers Suguru.

-Je suis dévisagé !!!! Gémit exagérément Takeru car il saignait à peine.

-Au secours, un ronflex attaque ! Rajouta Suguru.

(143)

Ashina piqua un fard, puis se mit à courir après lui :

-SUGURU ISHINAGI, JE VAIS LE DIRE A TA MAMAN !!!

-NOOOON TAKERU AIDE MOI !!!!

Celui-ci songea qu’il valait mieux se faire oublier et regarda Ashina finir, malgré sa corpulence, par attraper Suguru à l’oreille pour la lui tirer.

-AÏE AÏE AÏE !!!!

-Ta mère m’a demandé de venir vous chercher car elle était certaine que tu avais oublié de dire à Takeru qu’il devait rentrer au village !

-AÏE AÏE AÏE !!! Ah oui c’était ça !!!

Elle le lâcha avec un regard méprisant et tendit son bras au rattata pour le faire monter sur son épaule puis se retourna vers Takeru :

-Tu ne devrais pas aller tout seul dans la forêt. C’est dangereux.

-Avec toi au village, je ne sais pas ce qui est vraiment le plus dangereux ! Grommela Suguru en se massant l’oreille.

Il grimaça et fit un saut en arrière lorsque la fille tourna un regard noir vers lui.

*Tiens Suguru, voilà une pelle, creuse ta propre tombe avec !* Songea intérieurement Takeru en secouant la tête, désespéré.

-C’est l’Ancienne qui est descendu au village qui l’a dit ! Répliqua Ashina.

-Mora l’Ancienne est au village ? S’étonna le dresseur du natu.

-Oui. Elle a vu des signes inquiétants dans la forêt ! C’est pourquoi le champion a décidé que les enfants ne devraient plus s’y rendre jusqu’à prochain ordre !

-Ils vont aussi doubler la garde ! Ajouta Suguru d’un ton enthousiaste. Et devines qui a été choisi pour être guetteur ?

-Toi ?

-OUUIIII ! Au moindre signe je taperais dans la cloche !

-S’il n’oublie pas pourquoi il est là… Persiffla Ashina en lui jetant un regard de côté.

-Aucun risque ! Au travail je suis un pro !

-Pro ?

-« Professionnel »! C’est un terme qui vient de la ville !

-Tu n’es jamais allé dans quelque ville que ce soit !

-Si, j’ai accompagné mon père livrer son charbon à Doublonville !

-Qu’est-ce que tu racontes, cette ville n’existe pas !

-Si, c’est une toute nouvelle ville qu’ils construisent de l’autre côté de la forêt. C’est très moderne, les routes et les bâtiments sont en béton !

Suguru et Ashina avaient commencé à prendre le chemin du village tout en discutant. S’ils passaient du temps à se disputer, Suguru ne pouvaient pas s’empêcher de faire le fanfaron et Ashina d’écouter avec attention. Takeru qui connaissait lui aussi Doublonville n’était pas très intéressé, c’est pourquoi il trainait derrière. Il stoppa cependant sa marche, surpris quand son natu, au lieu de le suivre, se mit à pousser de petits cris en apparaissant et disparaissant dans le sens inverse.

-Qu’est ce qu’il y a Shiromono ?

-Natu ! Natu !

Son pokémon oiseau essayait de l’entrainer plus profondément dans la forêt.

Il regarda ses amis, et voyant qu’ils ne faisaient plus attention à lui, il décida de suivre Shiromono.

****

-BOOOON PAUSE ! Les filles vous faites à manger !

Les yeux de Mimiko s’étrécirent :

-Et pourquoi ça ?

-Parce que je l’ai décidé ! Répliqua Fargas. Et vous dormez ici cette nuit !

Maisy tira Mimiko par le col d’un air implorant alors que la brune semblait à deux doigts de s’emparer de la table basse pour assassiner son grand père. Par excès de gentillesse elle se résigna à la suivre, après tout elle avait gentiment soigné ses pokémons pendant que Fargas racontait son début d’histoire…

*Mince, en plus ce type a raison, je suis trop gentille ! Je devrais me casser de cette maison et envoyer chier Orme et sa stupide mission…*

*Stupide mission pour laquelle tu es payée…grrr….*

-Non mais… Depuis quand on donne des ordres à des inconnus en se montrant, qui plus est, aussi familier ! « Les filles » et puis quoi encore ? Grogna Mimiko une fois dans la cuisine alors que Maisy enfilait un tablier.

-Et toi, là, la pseudo-rebelle, tu réagis pas ? Tu obéis gentiment comme un caninos ?

(58)

L’adolescente poussa un long soupir tout en sortant divers ingrédient du frigidaire.

-C’est pas comme si je pouvais refuser. Mon grand père m’a élevé quasiment tout seul et Mamie Ashina est morte d’un cancer quand j’avais 7 ans…

Mimiko fit une grimace : Tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler !

Mais quand le vin est tiré, il faut le boire :

-Et tes parents, ils sont où ?

-Ils vivent à Safrania… Commença maussadement la jeune fille en tirant une planche à découper et un couteau. Mon père n’a rien trouvé de mieux que d’aller vendre le savoir faire de Grand Père à la Sylph SARL… Et bon, faut croire que je les gênais parce que quand ils sont partis, ils m’ont laissé à Ecorcia.

Elle se mit à couper des carottes en fines rondelles d’un geste sûr.

Mimiko qui n’avait pas la moindre envie de la gêner dans ses préparatifs, et qui de toutes façon était de la génération surgelés et plats préparés, la regarda depuis la chaise où elle s’était assise.

-Hum… Ceci explique cela…

-Quoi donc ?

-A première vue, on pourrait croire que t’es une battante, mais en fait tu te laisses simplement faire. Tu acceptes la situation de façon fataliste, tes parents ou ta situation ici, alors que tu devrais prendre tout ça en main.

Maisy fronça les sourcils et plantant son couteau dans sa planche se retourna, furieuse :

-Genre t’es bien placé pour parler ? On voit bien rien qu’en te regardant que t’es qu’une pauvre fille qui subit et qui n’aime pas ce qu’elle fait. T’as aucune motivation et t’es même pas capable de dire clairement « je suis une dresseuse pokémon ! » pas étonnant que tu te sois fait battre par mon grand père ! Si moi je suis fataliste, toi tu dois être totalement pessimiste !

-C’est faux, je suis quelqu’un de très optimiste même si j’en ai pas l’air, répondit simplement Mimiko.

Maisy ne sut quoi répondre : elle était décontenancée par la façon totalement calme et dépourvu de colère ou de tristesse avec laquelle Mimiko avait pris son réquisitoire.

Celle-ci eut un petit sourire moqueur :

-Oh, je suis un terrible juge pour moi-même, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai du mal avec les autres : comme je ne peux m’empêcher de chercher la perfection pour moi, j’ai des jugements très durs pour mes semblables.

Face à elle, Maisy se mordit la lèvre, gênée.

-Donc dans tout ce que tu peux me dire, je capte ce que je considère comme la vérité et le reste… je n’y fais pas très attention. J’ai appris à ne plus me soucier de la façon dont les gens me voient… Enfin, tant que cette façon ne blesse pas trop profondément mon amour propre.

-N’empêche, je suis désolée, tu voulais juste m’aider…

-Un dicton dit qu’il n’y a que la vérité qui blesse. Des fois c’est vrai, des fois c’est complètement stupide, surtout quand c’est balancé en réplique par un rageux qui veut avoir le dernier mot. Mais je pense que dans ta situation, c’était plutôt véridique.

-Oui, bon, même si c’était vrai ? Qu’est ce que je peux y faire ? Hurler ? Enrager ?

-Je ne te conseillerais jamais de te mettre en colère, bien qu’il parait que ça soulage un peu la pression, mais tu ne dois pas laisser, ni tes parents, ni tes grand parents, décider à ta place de la vie que tu dois mener. Au contraire, tu dois leur faire un pied de nez et réussir, ça ne pourra être que ta plus belle vengeance.

-Tu ne me conseille pas de me mettre en colère, mais tu me conseille de me venger ?

-Tu parles à une indécrottable rancunière. Et malheureusement, je peux te l’assurer, cette maladie ne pars pas avec l’âge !

-Mais être rancunière, c’est être en colère.

-Hum… Oui, mais pas d’une colère brutale où l’on perd toutes ses neurones et qui s’éteint aussi rapidement qu’un feu en manque de combustible, mais une colère maitrisée et froide comme la glace.

-Je crois être plutôt de type feu alors…

-Dit celle qui s’est moquée avec son grand père de mon starter…

-Ouais du coup vous êtes pas très bien assortis.

-Au contraire, Hien fait de moi quelqu’un de meilleur… Non, toi t’es de type eau, tu te laisses couler passivement en attendant de voir où ça va te mener.

-…

-Il y a vengeance et vengeance Maisy, ce dont je te parle c’est une vengeance douce qui a pour but de te délivrer un peu de ce que tes parents ont fait. La vengeance mesquine et cruelle, à côté, ce serait d’essayer de les faire souffrir. Mais je crois pas que ce soit ce que tu veux…

-…Un jour peut-être, mais pas en ce moment oui, affirma Maisy après un moment d’hésitation.

Mimiko lui sourit en retour, appréciant l’honnêteté dont elle faisait preuve.

-Bon, bein finalement, t’es mieux que ce que je pensais ! Par contre, tout cela n’explique pas ton attirance pour quelqu’un d’aussi sordide que Chriss…

-Arrêtes, il est trop beau !!! Hihihi !

Mimiko exhala un immense soupir de désespoir en s’affalant sur la table.

****

Takeru avançait au milieu de la végétation, essayant de garder son natu dans son champ de vision malgré les branches basses et les hauts buissons qui lui fouettaient le visage.

Le Bois des Chênes n’était qu’une version amoindrie de ce qu’on appelait alors la Forêt de Johto. Et si déjà les effets de l’urbanisation se faisaient sentir à l’ouest où une grande campagne de déforestation avait été lancée aux alentours de Rosalia et de l’ancien palais impérial afin de construire une ville capable de rivaliser avec Safrania en termes de modernité, les profondeurs de la forêt restaient sauvages et vierge d’installation humaine.

D’Ecorcia, longeant les contreforts rocheux de la vallée des pluies jusqu’aux abords de Mauville, courant contre les massifs des cents sources, contournant Rosalia, allant jusqu’à Oliville puis bordant les Falaises Corayon : la Forêt de Johto était presque à elle toute seule la région !   

Le chemin se fit grimpant et le jeune garçon grimaça. Sa mère lui avait au moins mille fois défendu de s’approcher du bord des chutes d’eaux. Et effectivement, en tendant l’oreille, plus il montait, plus il pouvait entendre le bruit de tonnes d’eau se déversant dans le fleuve.

-Shiromono… On ne devrait pas être ici ! Décida-t-il alors en reprenant un peu le sens des réalités.

Il tourna la petite manivelle qui se trouvait sur sa pokéball et l’inversant, l’ouvrit pour essayer de rappeler le natu. Mais celui-ci ne semblait pas décidé à coopérer : il se téléporta pour éviter d’être aspiré.

-SHIROMONO !!!!

Un grand bruit le fit soudain sursauter, et pas loin, un grand pin bascula et tomba à terre dans un long craquement.

Sa curiosité à nouveau piquée à vif, Takeru accéléra et dépassa même le petit oiseau psychique pour se cacher derrière un buisson pas trop épineux.

Contre l’arbre abattu se tenait un pokémon qui semblait un peu sonné. Son allure de blatte et ses grandes cornes édentées ne faisaient aucun doute sur son identité :

-Ouaaah, un scarabrute !

Celui-ci secoua la tête et se redressa en faisant jouer de fureur ses mandibules acérées.

Un dodrio apparut alors et d’un saut puissant, dirigea ses trois têtes vers lui pour lui asséner des coups de becs. Le pokémon insecte pencha la tête pour mettre en avant sa pince, mais les têtes agiles l’évitèrent et il prit l’assaut sans possibilité de reculer, prisonnier du tronc d’arbre.

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Un papillon mauve fit soudain une apparition plus paresseuse et resta à distance, les observant de ses grands yeux globuleux.

-Ca alors ! Murmura Takeru pour ne pas se faire remarquer. Un dodrio et un aéromite ! C’est des pokémons qu’on trouve pas dans le coin…

49

 

Peu de le dire, techniquement, on ne trouvait des doduos qu’au nord du Japon, lors de leurs migrations, et les mimitoss que sur la pointe d’une île russe qui se trouvaient près de Sinnoh. Les aéromites traversaient parfois le territoire pour hiverner en Afrique, mais ils passaient plutôt par le Kanto.

Et le Parc Safari de Parmanie ne serait construit que bien des années plus tard.  

Bref, il était évident qu’il ne s’agissait pas de pokémons sauvages.

Comme s’il n’avait attendu que cette réflexion de la part de Takeru, un bruit de galop retentit et un tauros donna un grand coup de corne dans un arbre qui lui barrait le passage, avant de tirer derriere lui une espèce de cage à roues qu’il transportait. Dans celle-ci se trouvaient plusieurs autres scarabrutes et deux insécateurs qui étaient tellement serrés qu’ils ne pouvaient pas bouger.

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Et sur le dos du tauros se trouvait un étranger occidental de la cinquantaine, le visage barré de deux cicatrices, habillé d’un veston de cuir et un cigare coincé dans la bouche.

-Bon, tu nous as fait suffisamment courir… Grommela celui-ci. Dodrio, termine-le !

*Oh mince… Un braconnier…Et un étranger en plus !* Gémit le garçon dont les jambes restaient ancrée à leur place comme du béton.

Il avait peur, on racontait toujours les pires choses sur les étrangers, mais une autre partie de lui souffrait de ne pas pouvoir aider le scarabrute. Shiromono à ses côtés regarda son maître d’un air peiné.

Alors que les trois têtes de l’autruche l’assaillaient à nouveau, le scarabrute roula sur le côté,  les évitant ainsi. Sans perdre de temps, il grimpa sur le tronc et évita une tête, puis deux, mais la troisième le toucha sous le bras. Prit dans le mouvement, son corps pivota et il glissa de l’arbre.

*OH NOOOON !!!!!* Hurla intérieurement Takeru, toujours aussi paralysé, alors que le pokémon insecte faisait une chute de plusieurs mètres le long de la paroi rocheuse qui soutenait la cascade.

Il n’entendit pas le choc. Mais les scarabrutes n’avaient-ils pas d’ailes ? Ah non, c’était les scarhinos qui en avaient… Oh le pauvre…

-Raaah… Fit le braconnier en descendant de sa monture pour s’approcher du vide.

Son dodrio s’approcha lui aussi, penaud.

Et alors qu’un pied sur le tronc, le regard plongé vers le bas couvert de brume, l’homme songeait qu’il avait perdu son temps et que la bestiole était morte, il donna un coup dans la tête d’oiseau fautive.

-Créature idiote ! A cause de toi, on en a perdu un !

Les trois têtes se rétractèrent : trois cerveaux mais un même réseau nerveux, montrant la même émotion de douleur.

L’homme cracha par terre, puis remonta sur son tauros avant de tirer un grand coup sur ses rênes pour lui faire faire demi-tour.

Takeru attendit un long moment, figé, jusqu’à ne plus entendre le bruit des dégâts que faisait le chargement à son passage. Il se leva alors doucement et observa les lieux, un peu dérouté.

Son natu inclina la tête, perplexe, puis tenta de s’élever à hauteur de son maître en se téléportant et en battant vainement des ailes tout en pioupioutant.

Cela suffit à faire sortir Takeru de sa transe :

-Oh mais oui ! le scarabrute !

Il partit en courant vers le bas de la paroi rocheuse. La cascade qui s’y trouvait était impressionnante et les gouttelettes d’eau soulevées recouvraient ses alentours, formant comme une espèce de brouillard. Il plissa les yeux afin d’y voir plus clair, puis aperçut finalement la masse sombre du pokémon. S’approchant d’abord avec précaution, il finit par oublier toute prudence en voyant que l’insecte ne réagissait pas du tout, inerte.

Il eut envie de pleurer et son visage se contracta pour s’en empêcher.

-Mince Shiromono, couina-t-il plus qu’il ne parla au petit pokémon qui venait d’apparaitre à ses côtés, il est mort. J’aurais peut-être pût le sauver, mais je n’ai rien fait et il est mort…

-Naaa… ? Fit le pokémon en inclinant à nouveau la tête.

-Ya rien à dire, t’es pas le pokémon le plus intelligent du monde, mais je t’aime bien en fait…

Il prenait Shiromono dans ses bras quand il aperçut la main du scarabrute bouger, suivit d’un grognement.

La joie qu’il éprouva lui fit lancer l’oiseau en l’air et piétiner sur place :

-Il est vivant ! Il est vivant !

Puis soudain, il réalisa que ce ne serait peut-être pas le cas pour longtemps.

Il n’avait que huit ans après tout…  

Rattrapant Shiromono au passage, il se mit à tourner sur lui-même, avant de courir le plus vite possible vers le village.

Arrivé devant l’arche en bois qui le délimitait, il entendu Suguru hurler sur celle-ci, puis taper de son marteau à plusieurs reprises sur le cylindre métallique qui tinta fortement.

Il croisa Ashina qui eut à peine le temps de mettre ses poings sur ses hanches et de commencer un : « AH ! DIS DONC ! UN GROUPE D’ADULTES ALLAIENT PARTIR TE CHERCH… » qu’il la dépassa pour se précipiter vers l’arène, la plus grande structure du village et qu’on ne pouvait pas rater avec son gigantesque chêne qui sortait du toit en chaume.

Il entra dans le bâtiment, qui de l’intérieur ressemblait à un jardin, et chercha le champion. Il grimpa les bâtons enfoncé dans l’arbre tout autour de son tronc pour atterrir dans une petite cahute construite au-dessus de l’arène et qui servait d’habitation à Ian. C’était un grand costaud portant un kimono marron en deux pièces dont le pantalon bouffant était resserré au niveau des mollets au-dessus de bas blanc ceinturés par les lanières de ses chausses. Il portait aussi une veste ouverte ouvragée sans manches. Il aurait pu passer pour quelqu’un de tout à fait digne de confiance s’il n’y avait eu cette horrible moustache qu’il s’obstinait à porter et qui rebiquaient de chaque côté.

Il n’empêchait que comme chaque champion d’Ecorcia, il était incollable question insecte.

-Oh ! Le jeune Fargas ! Tout le monde se demandait où tu étais passé ! S’exclama celui-ci d’une voix puissante.

-Maître Ian ! J’ai besoin de votre aide ! Il y a ce braconnier qui se battait et puis vlan, voilà qu’il tombe de la falaise et puis je crois qu’il est mort et puis il est vivant mais blessé ! Il faut que vous veniez m’aider !!!

Le champion le regarda en plissant les yeux, pas sûr d’avoir compris :

-Qui, le braconnier ?

-Non vous ne m’écoutez pas ! Le scarabrute ! Le braconnier est reparti avec son tauros, son dodrio et son aéromite !

-Mais c’est qui ce braconnier ?

-On s’en fiche du braconnier ! Il faut que vous veniez soigner le scarabrute !

-Si un scarabrute a besoin de mon aide, j’accours. On fait ça, et puis après tu m’expliqueras tout le reste calmement…

****

-Pourquoi vous me racontez cette histoire de scarabrute… ? Vous n’auriez pas pût juste me dire où vous avez vu Ho-oh, quel tronche il avait et ce qu’il a fait… Marmonna Mimiko entre deux bouchées de nems au porc.  

-C’est moi qui raconte l’histoire, c’est moi qui choisit comment je la raconte jeune insolente !

-J’dis ça, j’dis rien…

Elle décida de continuer à se noyer dans la nourriture, gavée par le vieillard et par une Maisy qui perdait sa langue en présence de ce même individu. 

Celle-ci semblait réfléchir aux grands problèmes de l’Existence en picorant des grains de riz dans son bol.

-Bon je reprends là où j’en étais avant de me faire couper par une grossière personne…

-C’est ça… *Mimiko, profite de ce repas gratuit et tais-toi !*

****

Le Champion Ian amena avec lui plusieurs de ses hommes à la cascade et ramena le scarabrute en mauvais état au village. Le disposant dans un coin de l’arène, il commença à lui prodiguer les premiers soins jusqu’à l’arrivée de l’Ancienne, qui n’était pas si vieille que ça puisqu’elle avait à peine quelques rides.

Takeru, assis dans un coin car on lui avait demandé de ne pas gêner, regardait avec fascination la femme pratiquer. Celle-ci broya des graines, fit quelques gestes au-dessus du pokémon en chantant à mi-voix, invoquant les esprits de la nature, puis elle créa dans un bol une mixture de baie et d’herbe qu’elle écrasa au mortier avant de la donner à Ian :

-Un emplâtre à étaler sur les parties blessées, cela apaisera la douleur et accélèrera la réparation des tissus.

-Merci beaucoup Mora.

La femme lui sourit avant de réunir son matériel dans un sac en tissus et de venir poser une main réconfortante sur la tête de Takeru :

-C’est très bien ce que tu as fait. Les esprits te le rendront.

-Même si je ne l’ai pas défendu ? Demanda le petit garçon en fronçant les sourcils, coupable.

-Quand on est un enfant, Takeru, son premier devoir est avant tout de se protéger soi-même. Tu aurais mis ce scarabrute dans l’embarras en te mettant toi-même en danger. Il n’aurait plus eu à protéger uniquement sa vie, mais aussi la tienne, et il se serait fait attraper ou serait mort à l’heure qu’il est. Et s’il t’arrivait quelque chose, tes parents seraient effondrés… Tu y as pensé ?

Le petit garçon secoua la tête.  

Elle lui adressa à nouveau un sourire :

-Les enfants ne devraient pas se prendre la tête. Tiens, voilà ton père qui arrive.

Effectivement un homme de haute stature et habillé d’un kimono bleu et d’un autre qui était uniquement posé sur ses épaules pour en faire comme une cape s’approcha et salua l’Ancienne.

-Fargas san… Le salua t’elle en retour avant de rentrer dans sa maison située dans la montagne.

Takeru se releva et fuit le regard de son père, conscient de n’avoir pas obéit aux ordres.

-Père…

-Combien de fois t’ai-je dis de ne pas trainer dans la forêt ? C’est un endroit dangereux et j’ai plus besoin de toi à l’atelier !

-Mouais, pour alimenter le feu, quelle tâche palpitante… Marmonna Takeru dans sa barbe.

-Que dis-tu ? Parle plus fort quand tu t’adresses à moi et regarde-moi !

-Rien du tout… 

-Bon, rentrons, ta mère était folle d’inquiétude…

Et son père passa un bras autour de ses épaules pour l’obliger à le suivre, Takeru se laissa faire mais tourna tout de même la tête en direction du champion :

-Maître Ian, est-ce que je pourrais revenir m’occuper du scarabrute ?

-Oui, bien sur Takeru ! Je ne vais pas pouvoir le veiller tout le temps et il faut que je m’occupe de cette histoire de braconnier !

-Dis je peux papa ?

-Mais…

-Roooh Fargas ! Laissez donc le faire, votre petit est un héros ! J’en connais d’autres qui se seraient simplement enfuis la queue entre les jambes ! Intervint Ian en se levant.

Son père pinça des lèvres, mais finalement accepta.

Néanmoins, une fois hors de l’arène, il s’empressa de montrer son mécontentement :

-Takeru, j’aimerais qu’à l’avenir tu évites de fréquenter les gens de l’arène. Je ne t’élève pas pour que tu deviennes un bon à rien.

-Maître Ian n’est pas un bon à rien ! C’est un excellent dresseur de pokémon insecte ! Il connait quasiment tout à leurs sujets !

-Et en attendant il vit dans un arbre et n’a ni épouse ni enfant. Connaitre les pokémons ne sert à rien ! On doit juste se contenter de reconnaitre les dangereux des non dangereux et scarabrute est un pokémon dangereux !

-Comment tu peux dire que connaitre les pokémons ne sert à rien alors qu’on fabrique des pokéballs !

-Justement, nos pokéballs sont un moyen sûr de tenir les pokémons dangereux en laisse.

Takeru songea à la sphère qui se trouvait dans la bourse pendant à la ceinture de son kimono et fronça les sourcils. Dès qu’il le pouvait, il en sortait Shiromono car il n’aimait pas le savoir enfermé. De toute évidence, ils n’avaient pas la même conception de ce que devait être une pokéball.

Il rentra chez lui en silence et aida sa mère et son fouinar à ranger la maison jusqu’à la nuit tombée. Si son corps était loin de l’arène, son esprit ne l’avait pas quitté et lorsque ses parents n’eurent plus rien à lui faire exécuter, il rappela sa promesse à son père lors du repas, le coupant dans une longue tirade sur les bienfaits de s’allier avec les allemands alors que le gros poste de radio crachait les dernières informations dans un bruissement permanant.

162

 

Il leva les yeux au ciel face à la tocade de son fils, mais lui fit signe d’un geste de la main de décamper. Le jeune garçon ne se le fit pas dire deux fois et sauta sur ses pieds pour courir veiller sur le pokémon insecte blessé.

Il trouva Ian à ses côtés en train de finir de manger son repas. En le voyant arriver, il lui sourit et lui balança un anpan, petit pain fourré à la pâte de haricot rouge, que le garçon attrapa au passage.

-Cool ! Merci ! S’exclama Takeru en s’asseyant auprès du pokémon encore inconscient avant de mordre d’un grand coup de dent dedans.

-De rien, c’est Miyage sensei qui me les as apporté tout à l’heure… Mais comme je ne suis pas très fan du sucré…

-Notre institutrice, Anko Miyage, c’est votre fiancée ?

Ian se racla la gorge, embarrassé face à la question posée innocemment par le petit garçon.

-Hum… C'est-à-dire… Enfin bref ! Je suis retournée avec 4 de mes hommes à l’endroit où se trouvait le scarabrute et nous avons fouillé un moment les environs… Mais les traces du chariot du braconnier disparaissent dans une rivière…

-Oh…

-La Forêt est si vaste, on ne pourrait pas la fouiller entièrement… Ou alors il nous faudrait demander l’aide de la Ligue Pokémon car l’Armée a autre chose à faire en ce moment…

-Dites Maître, c’est vrai qu’on est en train de conquérir la Chine ? Qu’on est un Peuple Supérieur qui doit régner sur toute l’Asie ? Et que les autres pays nous trouvent méchants et veulent nous attaquer ? Que c’est pour ça qu’on doit s’allier aux « Aleuman » ?

-Eh bien… Il parait… Ton institutrice doit bien t’en parler en classe… Enfin, un petit garçon comme toi ne devrait pas se préoccuper de tout ça…

Takeru fit la moue. Tout allait décidemment mal. Le pire étant que cet affreux braconnier étranger était toujours dans les parages.

-Je vais dormir un peu, je peux compter sur toi pour t’occuper du scarabrute ? S’il se réveille il faut lui faire boire la potion que lui a laissée Mora. Tu y arriveras ? Demanda Ian en se levant avec les restes de son repas.

Takeru hocha la tête avec sérieux :

-Oui, et de toute façon, j’ai Shiromono pour m’aider !

-Shirom… ?! Bah ! Je compte sur toi alors…

Takeru resta seul dans l’arène, ou presque car les pokémons insecte de Ian veillaient en silence le long du grand tronc et des branches plus basses, ou bien depuis les fleurs et buissons.

L’électricité n’étant pas installée dans l’arène, comme dans beaucoup d’autres bâtiments, c’est à la lueur d’une lampe à pétrole que le garçon tentait de garder les yeux ouverts, ce qui se révélait de plus en plus difficile passé vingt trois heures.

*J’y arriverais, il le faut…* Se répétait-il en s’ouvrant parfois les paupières de ses doigts.

Son obstination n’était pas uniquement dû au bien être du scarabrute. Quand on avait huit ans comme lui, on se préoccupait plus de ses propres besoins que de ceux des autres. Et il voulait absolument ce scarabrute. Il voulait que l’insecte s’attache à lui et à lui seul, comme ça il pourrait le garder jalousement pour lui.

*Tu vas être mon pokémon !*

Pour ça, il avait même piqué une pokéball dans l’atelier de son père.

La nuit continua à avancer et Takeru finit par s’assoupir en position assise. Le scarabrute ouvrit alors les yeux. Pendant un moment il ne bougea pas, s’étonnant de ne plus être dans la forêt. Il se redressa difficilement, tirant sur ses contusions et aperçut alors le petit garçon à côté.

*Soigné par des humains ?*

Il entendit autour de lui les autres insectes présents dans l’arène, bruissement d’ailes, cliquetis de mandibules : tous lui soufflaient leur amour pour les humains. Autrefois, il aurait pût y croire car dans la forêt habitaient des humains qui vivaient en harmonie avec eux, mais depuis quelques temps de nouveaux humains étaient arrivés et ceux-là détruisaient les arbres, coulaient des plaques nauséabondes sur la terre, séparaient leurs territoires… Et cet humain était aussi arrivé, chassant dans la forêt et capturant de nombreux pokémons qu’on ne revoyait jamais.

 

« Reste ici, ici les humains sont bons avec les pokémons. »

 

Non, il devait partir sauver les membres de sa famille qui avaient été capturés. Se relevant malgré la douleur, il essaya de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller le garçon et couru vers la porte.

L’ouverture de la porte provoqua un courant d’air qui fit frissonner Takeru et le réveilla. Pendant un instant, il fut trop dans le coaltar pour réaliser quoique ce soit, mais rapidement, il se rendit compte que le scarabrute n’était plus sur la couche de fortune qu’on lui avait faite.

-Oh non !

Tournant la tête, il aperçut alors la porte ouverte et sans réfléchir plus, parti à la poursuite du scarabrute.

****

-20H30, toujours pas la trace d’un Ho-oh en vue… marmonna Mimiko en aidant Maisy à débarrasser la table tandis que le vieil homme préparait du thé.

-Tu sais comment sont les vieux, ils aiment prendre leur temps ! Le défendit sa petite fille avec un sourire crispé.

Mimiko haussa des sourcils en la regardant commencer la vaisselle et s’accroupit par terre pour gratouiller Hien sous le menton :

-Il t’a déjà raconté cette histoire ?

-Oui, mais je n’ai jamais eu droit à la version complète. Je savais pas que l’histoire de son scarabrute était liée à celle-ci… Mais c’est marrant de l’entendre parler de lui quand il était enfant. C’était une autre période…

*Ah ça… En plein dans la seconde Guerre Mondiale… Je me demande si c’est parce que je suis française, et donc dans le camp adverse… et « vainqueur », qu’il réagit comme ça ? Non, je n’ai même pas dit à Maisy que j’étais métis… Et il est quasiment impossible de différencier un européen d’un autre…*

Le feurisson appuya encore plus la tête sur sa main, ivre de plaisir, avant de la retirer et de lui lécher le bout des doigts.

-On dirait que tu vas beaucoup mieux toi… Désolé de t’avoir fait subir ça…

-R’sson! Répliqua le pokémon feu en se redressant sur ses deux pattes, bombant du torse.

Mimiko sourit face à son éternel allant, et se releva.

-En tout cas merci Maisy de l’avoir soigné, lui et Shampoo !

L’adolescente se retourna après avoir rempli l’évier d’eau chaude et de liquide vaisselle et bomba elle aussi le torse avec fierté :

-C’est rien, on nous apprend à l’école les premiers soins et les baies qui soignent ! Et j’ai toujours eu de suuupers notes dans cette matière là ! Bon, revenons vite au salon pour que Pépé nous raconte la suite de l’histoire ! Je pense qu’on touche au dénouement !

-Vu l’heure qu’il est, je l’espère, je veux dormir ce soir !

****

Guidé par Shiromono qui suivait psychiquement la trace du scarabrute, Takeru avançait dans la Forêt. Cela faisait un moment qu’ils avaient dépassé les limites connues et étaient entrées dans les profondeurs que seuls les plus aguerris osaient fréquenter.

Le natu courbait les branches à son passage, l’aidant à se frayer un chemin dans une flore tellement dense qu’on ne voyait plus parfois le sol. D’autant plus qu’il faisait nuit.

Heureusement un quart de lune sans nuages éclairait leurs pas et loin d’être déserte, la forêt semblait respirer de vie. Les hoothoots et noarfangs tournaient leurs grands yeux lumineux à leur passage, des granivols dormaient paisiblement avec un murmure de contentement dans les ramures bruissantes des chênes et le pas léger d’un cerfrousse cassaient parfois une brindille à terre.

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Grace à tout ça, Takeru n’avait pas aussi peur qu’il l’aurait cru, bien qu’un hurlement lointain de démolosse lui fit serrer les dents.

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Les pokémons devaient ne pas sentir d’hostilité en lui, car certains passaient tout prés ou même le suivaient avec curiosité comme cette bande de fouinette qui lui passait entre les jambes et manquaient de le faire trébucher. 

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Il finit cependant par quitter ce havre de verdure, revenant sur un lieu sombre aux arbres espacés qui ne lui disait rien du tout. C’était tout à fait le genre de terrain qu’appréciaient les meutes de malosses sauvages.

 

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Il ne croisa heureusement aucun pokémon chien et se retrouva qui plus est à suivre des marques de roues jusqu’à une espèce de baraquement clôturé d’une barrière. S’approchant en restant caché, il aperçut le dodrio et le tauros qui dormaient dans l’enclos.

*C’est là que se cache le braconnier… Mais pourquoi le scarabrute est retourné ici ?*

Il entendit soudain des voix et rampa avec Shiromono  jusqu’à la façade de la « maison ».

Là se trouvait le braconnier armé d’un fusil et accompagné de son aéromite. Face à lui, il y avait une femme.

C’était étrange de voir une femme seule en plein milieu des bois.

Elle ne semblait pas avoir peur car elle fixait l’homme armé avec une expression sérieuse et déterminée. Elle était vêtue de plusieurs couches de kimonos avec un nœud d’obi ouvragé. La couche de vêtement extérieure était noire et un motif d’oiseau stylisé aux ailes et aux serres déployées se trouvait sur ses longues manches. Il n’aperçut qu’après coup le pyroli à l’épaisse fourrure qui tournait autour d’elle avec nervosité, ses grosses pattes ne faisant aucun bruit sur les feuilles mortes.

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-Je vous le redemande, déclara alors la femme. Cessez tout de suite vos immondes trafics ou il vous en coûtera.

-Ah oui ? Et qui donc pourrait m’en empêcher ? Vous et vos danseuses ? L’Administration a autre chose à faire que de se préoccuper d’un type comme moi ! En plus, ces grands hommes d’Etats ne sont pas les derniers à faire parti de mes clients ! Ils auraient pour certains du mal à se passer de leur dose quotidienne de poudre de bois de cerfrousse, la guerre est une chose si terrible… Et puis mélangé à du suc d’empiflor, ils obtiennent alors un gaz aux puissants effets hallucinogène qui rend les gens complètements fous ! Parait même que c’est ça qu’ils auraient utilisés pour s’emparer de plusieurs villages de chintoks !

 

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Le visage de la femme se crispa de colère rentrée.

-Eh oui, elle fait mal la vérité ! Et il vous est difficile de critiquer… Après tout, vous êtes aussi sous les ordres des gens qui ont décidés cela !

-Détrompez vous, je suis avant tout au service de mon ordre… Et si vous continuez à tuer des pokémons pour en faire des drogues, des armes bactériologiques ou autres produits à vendre au marché noir…Vous pouvez être sur qu’il vous en cuira.

-Que des belles paroles !

-Pour vous, je ne suis que le messager… Répliqua la femme avant de tourner le dos sèchement et de repartir sans se retourner, accompagné du pyroli qui feula dans la direction de l’homme avant de la suivre.

-Ouais c’est ça sale pute… Dégage !

Plutôt que de rentrer directement, le braconnier contourna le bâtiment, faisant s’envoler de peur le cœur de Takeru qui se tassa le plus possible quand il passa à côté de lui.

Heureusement, il ne sembla pas le remarquer, ni son affreuse mite géante, car l’homme partit droit vers un coin de l’enclos où se trouvait son chariot et sa cage. A l’intérieur il y avait toujours les scarabrutes et les insécateurs entassés.

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Ceux-ci vrombirent de peur et de colère en le voyant approcher.

-Bien bien, j’avais justement des commandes d’apothicaire pour de la poudre de corne de scarabrute… Dire que ces chintoks croient que ça augmente la virilité… Je devrais peut être un jour m’amuser à tester !

L’homme partit dans un rire rauque alors que le scarabrute face à lui tentait vainement de l’attraper avec sa pince. Mais celle-ci se referma seulement sur le barreau qui résista.

-Pff… Qu’est ce que c’est con un pokémon !

Le braconnier devait être sacrément entrainé, car à peine quelques secondes plus tard, il roula sur le côté, évitant la prise du scarabrute qui avait surgit de nulle part.

-Bordel ! D’où il vient celui là ! Aéromite ! Dodrio !

La seule tête réveillée du grand pokémon oiseau s’empressa de réveiller les autres alors qu’aéromite faisait déjà face au scarabrute pour protéger son maître.

*Les pokémons sont vraiment gentils…* Songea Takeru. *Même après ce que ce type a dit… Ils continuent à le servir et à le protéger… D’un point de vue, on peut effectivement dire qu’ils sont idiots…*

Le garçon regarda le natu qu’il tenait dans ses bras et le serra contre lui.

*Adorablement idiots…*

-Para spore ! Ordonna l’étranger à sa mite géante.

Le scarabrute tenta de l’éviter, mais ses précédentes blessures le ralentissaient. Il se retrouva donc couvert de la poudre étincelante qui pénétra dans sa chair et vint attaquer les liaisons nerveuses. Il avait alors l’impression de bouger dans un épais coton.

Le dodrio arriva là-dessus et lui asséna une furie.

Takeru était toujours couché dans l’ombre et se demandait ce qu’il pouvait bien faire pour aider ce pauvre scarabrute.

*Je pourrais essayer de libérer ses amis…*

Mais le braconnier était trop prés de sa cage et il avait une arme à feu ! Et Mora l’Ancienne lui avait dit qu’il avait avant tout le devoir de se protéger lui-même.

*Mais c’est horrible de voir mon pokémon se faire capturer pour être transformé en poudre !!!*

Il avait les larmes aux yeux et s’était mis à prier toutes les divinités qu’il connaissait de leur venir en aide.

Il ne tarda pas à avoir une réponse puisque, d’une façon brutale et soudaine, une rafale secoua le baraquement et la forêt environnante. De nombreuses tuiles et objets déposés dehors s’envolèrent au passage pour retomber bien plus loin.

Takeru ne pût retenir son cri car il avait l’impression qu’il allait s’envoler lui aussi.

Le chariot et la cage s’effondrèrent tout deux sur le flanc et l’aéromite ne pût résister et fut entrainé.

-Mais qu’est ce qui se passe ?!? Hurla l’homme en armant son fusil.

Un cri de colère répondit et du ciel apparut une immense flamme qui s’approcha d’eux, puis s’évapora, laissant apparaitre en son sein un immense oiseau au plumage vivement coloré, brillant d’une nouvelle nuance à chaque fois que la lumière de la lune se posait sur lui.

Chacun de ses battements d’ailes envoyait des rafales sur la bâtisse qui perdait de plus en plus de choses au passage.

-Le Roi Flamboyant…Murmura le garçon en se redressant, fasciné et surtout prêt à se carapater très loin.

-Ho-oh !!! S’exclama le braconnier d’un ton triomphal tout en le pointant de son fusil : une proie d’exception ! Tu vas me rendre richissime et célèbre !!!

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Le phénix semblait n’avoir cure de l’arme à feu car il ouvrit son bec acéré pour pousser un nouveau cri de défi. L’homme répondit d’un rire extatique et tira.

La détonation fit sursauter Takeru et il ne pût s’empêcher de regarder le spectacle, comme s’il allait assister à la mort du Dieu. Le plomb fila jusqu’à l’oiseau, mais se mit à fondre avant même de l’avoir touché car l’oiseau sembla soudain s’enflammer de flammes dorées et la température monta de plusieurs degrés.

Le baraquement en bois prit alors feu sous les cris, qui n’étaient plus du tout extatique, de l’étranger. Il ordonna à son dodrio d’attaquer, mais celui-ci, face à une créature qui faisait presque trois fois sa taille, préféra baisser ses têtes et reculer de peur.

L’incendie grandit et attaqua les barrières de la clôture : le tauros, complètement effrayé, fonça dans celle-ci et la brisa pour s’enfuir dans la forêt. Son dresseur sembla se dire que c’était une bonne idée et partit en courant dans la même direction.

L’oiseau géant ne l’avait cependant pas perdu de vue et s’éleva gracieusement au dessus du bâtiment en flammes pour le suivre. Takeru en profita pour bondir sur ses pieds, passer derrière Ho-oh pour essayer de sauver les scarabrutes et insécateurs des flammes qui s’approchaient inévitablement de la cage.

Shiromono essaya de contenir le feu avec ses capacités psychiques, sans beaucoup de succès cependant, pendant que son maître retirait la barre qui fermait la cage et ouvrait en grand la porte. Les pokémons captifs s’empressèrent de détaler sans demander leurs restes.

Il ne restait plus que son scarabrute qui était encore paralysé.

L’oiseau flamboyant avait entretemps rattrapé le braconnier, puis lui avait coupé la route, provoquant au passage l’embrasement de plusieurs arbres. L’un d’entre eux tomba dans un craquement sonore, projetant des braises sur les épines de pin sèches au sol qui s’incendièrent aussitôt et contaminèrent tout ce qui se trouvait autour d’elles. Un véritable incendie de forêt était en train de se déclarer autour du braconnier piégé.

Complètement paniqué, il tira à nouveau sur le pokémon feu, mais ça n’eut guère de nouveaux effets et l’oiseau le fixa de son regard ardent pendant un instant. Il pût voir son reflet se refléter dans ses pupilles alors que d’un mouvement de cou, l’oiseau cracha des flammes sur lui, le réduisant en quelques instant en un petit tas de poussière.

Takeru n’avait pas pût louper la scène alors qu’il essayait de soulever le scarabrute. Son état mental était alors passé du mode « courageux » au mode « horreur total », surtout lorsque l’oiseau se retourna vers lui et qu’il était alors le seul humain des lieux.

Ses jambes lâchèrent, sa prise sur le scarabrute lui échappa et il s’écrasa par terre. La pokéball qu’il avait prise dans l’atelier de son père roula hors de la bourse de tissu à sa ceinture vers le pokémon. Mais ça n’avait plus d’importance désormais de capturer ou non le scarabrute.

Ne sachant que faire pour assurer sa survie, il se mit en position de salut, le front collé sur la terre, Shiromono se plaça de lui-même sur sa tête avec courage, prêt à se placer en unique rempart face à la divinité.

Ho-oh se tenait au milieu des flammes, royal, fixant le garçon comme s’il lisait en lui, puis finalement il arqua son cou et Takeru déglutit, s’attendant à subir le même sort que le braconnier.

Juste parce qu’il était au mauvais endroit et au mauvais moment. Il voulait implorer la créature de le laisser en vie, qu’il n’avait rien à voir avec tout ça, mais il était devenu muet, sa voix refusait de passer le barrage de sa gorge.

Puis comme rien ne se passait, il ouvrit timidement un œil.

Le grand phénix avait baissé la tête pour ramasser quelque chose dans son bec. Takeru se redressa lentement en voyant la tête s’approcher de lui en douceur.

C’était impressionnant, et sacrément intimidant, mais son regard de feu semblait apaisé.

Le garçon se remit finalement debout, Shiromono toujours sur sa tête et regarda ce que lui tendait l’oiseau, objet minuscule dans son immense bec : c’était la pokéball qu’il avait laissé tomber en s’écroulant par terre.

-Tu… Tu veux me la rendre ? Demanda fébrilement le garçon en tendant ses mains tremblantes devant lui.

La paupière de l’oiseau se referma un instant, puis se rouvrit et Ho-oh déposa la pokéball dans le creux des mains de l’enfant. Au moment où le bec touchait la peau humaine, le pokémon transmit deux concepts qui vinrent se forger dans l’esprit de Takeru sans qu’il s’agisse de télépathie ou même de mots.

 

Le lien.

 

Le pacte tacite.

 

Puis l’oiseau s’éloigna et battant des ailes, fit disparaitre dans une bourrasque les flammes qui dévoraient la forêt. C’est alors que Takeru se rendit compte que les premiers rayons du soleil avaient commencé à illuminer la Terre. L’oiseau se tint dans la lumière dorée un instant, semblant l’apprécier, puis décolla et partit dans la direction de l’astre rayonnant, non pas boule de feu, comme à son arrivée, mais comme créature étincelante.

Takeru Fargas resta immobile au milieu des décombres jusqu’à sa disparition, et encore après de nombreuses minutes. Il finit par réagir, surtout à cause du scarabrute, et le captura dans sa pokéball.

Il mit de nombreuses heures à retrouver le chemin de son village, pour finalement être retrouvé avant par des villageois partis écumer la forêt à sa recherche. Il raconta à tous son histoire, mais peu furent ceux qui le crurent. Beaucoup pensaient qu’il s’était endormi et avait fait un rêve.

Néanmoins, il sût que ce n’était pas le cas quand un visiteur leur parla de l’incendie d’une partie de la forêt de l’ouest et il garda toujours précieusement la pokéball de scarabrute, même après qu’il la changea par une plus moderne. Il profita même d’un moment de répit pour sculpter Ho-oh tenant dans ses ailes une pokéball sur le chambranle du portique de la demeure.

Même si l’on ne l’avait pas cru, son histoire tourna de villages en village, jusqu’à devenir une légende urbaine qui arriva jusqu’aux oreilles du professeur Orme.

***

-« Le lien » et « le pacte tacite », ça ne peut être que de la pokéball dont il s’agit, déclara Mimiko en aidant Maisy à sortir un futon pour elle du placard.

Elles se trouvaient dans sa chambre, magnifiquement décorée d’une fresque murale et de plusieurs tableaux de pokémons aux murs. Mais comme il s’agissait d’une pièce aussi traditionnelle que le reste de la maison, le sol était en tatami et l’adolescente dormait elle aussi sur un futon car elle n’avait pas de lit à l’européenne. Quelques rares meubles en bois peuplaient la pièce : un bureau, une étagère remplie de livres et de babioles, et un porte-cintre où se tenaient diverses robes, T-shirt, ainsi que ce qui devait être un ancien uniforme scolaire fait d’une robe noire à bretelle assortie d’un petit ruban rouge.

-C’est c’que je pense aussi, affirma Maisy, même si c’est zarb de se dire qu’un pokémon quasi divin « approuve » un truc qui retient prisonnier les pokémons !

-Ho-oh est censé être l’incarnation des relations entre humains et pokémons, il n’est donc pas si « drôle » qu’il accepte un objet qui sert de médiateur entre les deux partis. Car sans pokéball… Ce serait difficile d’avoir beaucoup de pokémons et de se faire obéir d’eux…

-Oh mais autrefois c’était le cas ! La première pokéball n’a été inventée qu’à l’ère Meiji ! Annonça fièrement Maisy en laissant tomber un jeu de drap sur le futon. Tu veux un coussin ?

-Oui, un plat de préférence, merci, je vais faire mon lit.

-Oki.

La jeune fille se rendit prés de son porte-cintre alors que son mélofée et ce qui était de toute évidence son germignon, se chamaillaient sur son lit.

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-Tout ça me rappelle ce que m’a dit un dresseur : le lien entre le dresseur et son pokémon, c’est la pokéball, si on la détruit, quelqu’un d’autre peut le capturer et un nouveau lien est formé, continua pensivement Mimiko. Je me demande comment c’est possible ?

-C’est juste de l’administratif ça ! Répliqua Maisy en farfouillant dans ses affaires et en jetant des tenues sur son lit qui atterrirent sur les deux pokémons, les ensevelissant. Y’a rien dans la fabrication d’une pokéball qui oblige un pokémon à obéir à quelqu’un plutôt qu’à un autre. Par contre il devient impossible de prouver aux yeux de la loi que ce pokémon a été à toi, contrairement à un échange.

-Oui… Parce que je ne pense pas que ça efface la mémoire des pokémons…

-Non ! Ya que ça d’important au final ! Les sentiments qu’y a entre eux et nous ! Ce n’est pas parce qu’on a capturé un poké, qu’il obéit direct au doigt et à l’œil ! Mon grand père me dit toujours que les dragons sont super dur à dresser et qu’en plus, il faut tout recommencer à chaque fois qu’ils évoluent ! Mais le pire, parait, c’est les tyranocifs ! Ya pas plus placide qu’un embrylex alors les dresseurs se disent que ça ira, ya juste qu’ils ont tout le temps faim, puis il se transforme en ymphect et là il dort quasiment tout le temps, puis tout d’un coup il se transforme en tyranocif, une grosse bestiole violente et sauvage et là ils se révèlent incapable de la maitriser. Résultat, ils les abandonnent dans la forêt ou la montagne où les bêtes, furieuses, font des dégâts monstres !

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-Note à moi-même : éviter de capturer des embrylex ou des pokémons dragons. Rester sur des mignonnes fouines et moutons ! Ironisa Mimiko en finissant son lit.

Maisy ricana en réponse et posa un gros sac prés du tas de vêtement mouvants.

-Certains le croient, mais le dressage, ce n’est pas à la portée du premier crétin venu ! Annonça-t-elle.

-Il me suffit de voir que ma roucool ne m’obéit pas toujours… Mais… Qu’est ce que tu fais avec ce sac ?

Maisy se tourna vers elle alors qu’elle enfournait tout ce qui se trouvait sur son lit dedans :

-Bein ça se voit pas ? J’ fais mon sac pour partir demain !

-Alors tu t’es…

-Oui ! Je me suis décidée ! En partie grâce à toi… Et aussi en partie grace à Pépé… J’veux dire… Tout ce qu’il a vécu alors qu’il était qu’un gosse et n’avait qu’un natu pour le protéger ! Moi je me sens vraiment… Minable à côté. La « fille qui a peur de partir sur une route en béton » !

-Mais non, c’est normal d’avoir peur… mais c’est rageant quand cette peur te paralyse au point de t’empêcher de faire ce que tu veux.

-Ouais… Je ne laisserais plus jamais rien entraver mon amour ! Hahaha ! Chriss j’arrive !!!!

Roulage de yeux du côté de Mimiko qui s’allongea auprès de Shampoo et Hien.

-Je ne sais pas lequel des deux je dois plaindre le plus…

***

Maisy avait éteint la lumière depuis un moment et Mimiko pouvait entendre son souffle calme et endormi.

C’est peut être parce qu’elle n’avait quasiment pas fait d’activité physique aujourd’hui, par rapport à ses longues marches habituelles s’entend, mais elle n’arrivait pas à trouver le sommeil.

Lassée de rester immobile, elle se leva doucement pour ne pas réveiller l’adolescente ou leurs pokémons et se rendit au salon.

La pluie s’était arrêtée, on ne l’entendait plus frapper contre le parement en bois de la maison et Fargas avait laissé ouvert un panneau d’où il observait le ciel en fumant une longue pipe japonaise.

Mimiko fut tentée de retourner dans sa chambre, car elle ne s’attendait pas à trouver quelqu’un, mais le vieil homme, sentant sa présence, se retourna.

-Monsieur… Grommela la jeune femme en tirant nerveusement sur le bas de sa chemise de nuit.

Il retourna presque aussitôt à sa contemplation nocturne comme s’il avait compris sa pudeur ou le côté gênant de la scène.

-Tu n’arrives pas à dormir ?

-Non… Et je réfléchissais aussi à votre histoire… Au final, n’importe qui qui voudrait voir Ho-oh ou essayer de le capturer n’a qu’à torturer des pokémons…

-Hum…Tu as envie d’essayer ?

-Bien sur que non ! Je ne pourrais jamais faire une chose pareille… Mais ça n’en est pas moins ma conclusion.

-Non, il y a un facteur que tu n’as pas pris en compte… De toute façon, si je ne me trompe pas, Orme-je-suis-un-brillant-scientifique t’as demandé d’aller voir aussi un certain « Eusine » ?

-Oui… Une madame Eusine…

-Bien. Alors tu auras la réponse à ta question.

Il refusait de lui dire tout ce qu’il savait, et Mimiko ne savait pas si c’était à cause d’elle et du fait qu’il ne l’aimait pas. Elle hésita un instant à essayer de lui demander ce qu’elle avait fait de mal, mais Fargas reprit la parole.

-Une quête de recherches s’accompagne toujours d’une quête de vérité… Lança-t-il d’un ton énigmatique et ces paroles parlèrent plus qu’elles ne l’auraient dû à la jeune femme mais elle resta muette car elle sentait qu’il n’avait pas fini.

-Tu es quelqu’un de très modeste. Tu ne t’attribue pas plus de qualité que tu n’en as, mais ce que notre combat m’a montré, ce n’est pas ce que tu montres à tout le monde, mais ce que tu cache. Aussi modeste sois-tu, tu ne te prends pas pour de la crotte de ramoloss ! Tu es fière, horriblement fière peut-être même… Et c’est cette même fierté qui fera que bientôt, et ça a peut être déjà commencé, tu ne supporteras plus ta médiocrité en terme de dressages et combats pokémons !

Mimiko serra les poings de colère rentrée, parfaitement touchée et sachant douloureusement qu’il avait raison.

-Et alors ? Répliqua t’elle difficilement, vous avez des conseils à me proposer ?

-Oui, répliqua le vieil homme en se levant et en allant se planter devant elle. Te rendre à Rosalia. Là bas tu deviendras plus forte. Plus forte même que tu pourrais l’imaginer.

-Rosalia ? Mais qu’est ce qu’il y a là bas ?

Fargas eut un sourire en coin et mâchouilla sa pipe dans un petit silence.

 

-Le Tenkeishichiken.

 

A suivre…

 

Ô joie d’avoir terminé ! A1H30 du matin XD Mais j’écris mieux la nuit, quand s’éteignent tous les bruits de l’agitation humaine.

Ca aurait dû être un chapitre difficile à écrire au vu de son importance et de tout ce qu’il devait contenir, mais au contraire c’est sorti quasiment tout seul. Je remercierais néanmoins le premier OST de Full Metal Alchemist (anime remarquable) qui m’a accompagné tout le long des scènes de flash backs. (Et le logiciel Recuva d’avoir sauvé au moins la moitié de ces scènes d’une suppression de fichier incontrôlée).

 

J’ai hésité à donner des explications de certaines choses, mais au final, de peur de me spoiler et de vous mettre trop sur la voie, je me retiens, je n’en fais rien…

16 juin 2014

Chapitre 15 : : Inadéquations féminines

Le vieil homme était courbé sur la table basse, une posture qui lui était si familière qu’elle avait fini par être la sienne peu importe ce qu’il faisait. Son antique lampe à pétrole éclairait d’une lumière mouvante l’objet qu’il tenait dans ses mains et dont il retira délicatement un copeau à l’aise d’un canif aiguisé.

Dehors, il faisait déjà nuit depuis longtemps et le vent frappaient la pluie contre la maison et les panneaux de bois qui gémissaient en réponse.

Soudain, alors qu’on aurait pu croire que tout être humain sain d’esprit serait resté chez lui par un temps pareil, la cloche qui se tenait à l’entrée fit entendre son délicat carillon.

Le vieil homme fronça des sourcils et renifla sans arrêter son travail :

-May, c’est toi ? Si c’est le cas dépêche-toi d’entrer petite gourde, je n’ai pas encore fermé ! Grogna-t-il en vague direction de la porte d’entrée. 

Il entendit le panneau d’entrer coulisser et un bruit de claquement peu familier, suivi à nouveau du chant de la porte qu’on refermait. C’était sans doute ça qui le fit lever la tête. Les manières de May, et même avec toute la tendresse grand-paternelle du monde, n’était en aucun cas aussi gracieuse.

Il se leva avec une grimace. Son dos le faisait atrocement souffrir depuis quelques temps, surtout en ces jours de pluie. Avec effort, il poussa sa carcasse vers l’entrée de la maison et se retint subitement à un poteau, étonné de voir la femme qui déposait tranquillement son parapluie contre le mur et retirait ses getas dans le terre-plein avant de poser des pieds recouvertes de chaussettes blanches, fendue en deux au niveau des orteils, sur le tatami, vite recouverts par le bas de ses kimonos.

-Excusez-moi, je ne m’attendais certainement pas à recevoir un membre du Tenkeishichiken en cette horrible soirée, déclara t’il en fixant le motif qui ornait les deux manches de son habit noir : des oiseaux de proie stylisé aux ailes déployées et aux serres sortis.  

La femme s’inclina légèrement.

-Veuillez excuser cette visite tardive Fargas sama, mais je suis en mission.

-Je vois. Mais venez donc près du feu, je vais mettre de l’eau à bouillir Tamao san.

Il la conduisit dans la pièce qu’il avait quitté et c’est alors qu’elle s’assit à genoux devant la table basse et qu’il déposait deux tasses en terre cuite qu’il remarqua qu’elle tenait quelque chose d’un bras replié sur sa poitrine.

Au milieu d’un amoncellement de tissu venant de sa manche se tenait une toute petite boule de poil marron et il n’eut pas besoin de la voir de plus près pour savoir de quoi il s’agissait. Surprenant son regard surpris, la geisha lui sourit :

-Cela fait à peine deux jours qu’il est sorti de son œuf.

Fargas ne fit aucun commentaire et alla suspendre la bouilloire au-dessus des flammes. May ne cessait de le harceler au sujet du fait qu’ils vivaient encore comme au moyen âge dans cette maison. Aujourd’hui toutes les demeures étaient équipées de bouilloires électriques et de télévision, mais lui il n’aimait pas tous ces bidules électroniques. Il lui disait alors : « Regarde ces pokéballs que nous fabriquons : c’est pareil. Elles sont le travail d’un savoir-faire et chacune d’entre elle est unique et renferme les sentiments de son artiste. A côté, celles fabriquées dans des usines et des chaines de productions, c’est de la camelote. ».

L’eau commença à frémir doucement.

-Je me demande ce qui est si important pour faire sortir une honorable geisha de son hanamachi ? Un certain temps a passé depuis l’époque où je fréquentai les maisons de thé de Rosalia et vous n’étiez alors qu’une petite maiko qui suivait sa « grande sœur » comme son ombre.

Tamao baissa la tête pour sourire.

-Oui, le temps coule pareil à une rivière et ne revient jamais sur ses pas. Si je suis là c’est parce qu’une jeune fille va bientôt se présenter à vous. Elle est envoyée par le professeur Orme…

Le grommellement qui suivie cette remarque la fit hocher la tête d’un air entendu.

-Et vous ne voulez pas que je lui parle. Ah ce ramollos ramolli n’a même pas le cran de venir lui-même, il envoie un assistant…

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-Non. Je veux JUSTEMENT que vous lui parliez, répliqua Tamao alors que la bouilloire émettait un sifflement.

Fargas alla la retirer et versa l’eau dans une théière.

-Je ne comprends pas, vous voulez que je lui dise tout ?

-Absolument. Nous avons besoin qu’elle vienne à nous.

-Dans ce cas pourquoi ne pas aller la chercher, tout simplement ?

-Non, pour le moment elle est trop immature, elle ne comprendrait pas… Fargas san, j’espère me faire comprendre quand je vous dis qu’elle pourrait être amenée à tenir la place qu’était celle de ma « grande sœur » avant de nous quitter.   

Il versa le thé infusé dans les tasses tout en réfléchissant.

-Mais… Je croyais que la transmission se faisait d’initiée à initiée… Vous êtes plus à même de tenir ce rôle !

-Hélas, répondit Tamao tout en faisant tourner délicatement sa tasse, depuis l’incendie criminel de la deuxième réserve… Quelque chose de très précieux nous a été dérobé. C’est d’ailleurs après cet évènement que Misaki-sama s’est retirée alors que rien ne l’y obligeait. Elle était pourtant la plus douée d’entre nous…

-Oui… Sa « danse au ciel étoilé d’une soirée d’été » était un véritable trésor aux yeux. Elle s’envolait tel un papilusion et étincelait de mille feux… Ma femme disait… Enfin bref, vous n’avez toujours pas trouvé qui était à l’origine de l’incendie ?

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-Non. Ca reste un mystère… disons, étrangement, que la police s’est assez rapidement désintéressé du sujet… Mais ce n’est peut-être qu’une impression. Et puis il est des choses que nous ne pouvons pas révéler, même aux autorités…

Avec un air un peu contrarié, elle inclina sa tasse pour boire avant de la reposer.

-Oui je comprends… Et je ferais ce que vous m’avez demandé, ne serait-ce qu’au souvenir de la merveilleuse Misaki.

La geisha, rassurée, s’inclina à nouveau pour le remercier avant de se lever aussi souplement qu’une liane qu’on déplie.

-Bien, je ne vais pas abuser de votre hospitalité. Et il me reste une dernière chose à faire avant de repartir pour Rosalia.

Fargas la regarda à regret remettre ses chaussures, reprendre son parapluie avant d’ouvrir la porte et avec une dernière courbette, disparaitre dans la nuit noire zébrée de pluie.

***

-Fichue pluie !

Mimiko courut sans s’arrêter sur la route, originellement de terre, qui aujourd’hui faisait office de marécage. Elle avait retiré son sac à dos et le tenait au-dessus de sa tête dans une vaine tentative de se protéger, mais, comme souvent, la pluie avait la fâcheuse manie de ne pas tomber droit et de préférer les diagonales. 

Elle avait de la boue jusqu’aux genoux, elle était affamée et fatiguée, ses pokémons à peu près dans le même état. Cependant, les lumières qui n’étaient plus si loin lui donnaient des ailes.

Elle était finalement arrivée à Ecorcia, après une semaine de marche, dont deux jours coincés dans les grottes qu’on appelait « Caves Jumelles ».

Elle eut une brève pensée pour Snow et pour Fabian qu’elle avait quitté quelques heures auparavant et espéra que tout allait bien pour eux aussi. Elle mit alors le pied sur du bon vieux goudron et compris qu’elle était finalement entrée dans la ville… Ou plutôt le village. Bien qu’elle n’y voyait pas grand-chose à cause de la météo et du fait qu’il était 9h du soir, elle trouva que les lieux avait un je-ne-sais-quoi de vieillot.

*Bah, du moment qu’il y a un Centre Pokémon et une boutique…* Pensa t’elle en prenant la direction du centre-ville.

La jeune femme n’eut aucun mal à le trouver car toutes les infrastructures et les magasins semblaient réunis dans la même rue et le Centre Pokémon était de loin le plus grand bâtiment et aussi le plus lumineux des lieux.

Elle s’empressa de passer les portes automatiques pour se mettre au sec. Elle accueillit avec bonheur la chaleur réconfortante et quelque part, familière, qui l’entoura comme une serviette de bain toute chaude.

L’infirmière Joelle, une rouquine aux cheveux courts, plutôt âgée, qui se trouvait encore à la réception pour faire de la paperasse leva le nez vers elle :

-Eh bien, je ne m’attendais pas à voir quelqu’un arriver avec ce temps et à une heure pareille !

-Désolé madame, je viens des Caves Jumelles et moi et mes pokémons sommes exténués !

-Des Caves Jumelles ? Alors vous avez peut-être eu à faire avec la Team Rocket ?

-Ah, vous êtes au courant…

-Depuis plusieurs jours ce sont généralement des dresseurs sans plus un sou, ou même privés de leurs pokémons qui arrivent ici et toutes les communications entre Mauville et Ecorcia ont été coupés, lui expliqua l’infirmière en prenant les pokéballs que Mimiko alignait sur un plateau.

-Alors le brouilleur est encore activé, mais la Team Rocket a déguerpi.

-Oh ! Voila une excellente nouvelle ! Les policiers n’arrivaient pas à entrer dans les grottes car la Team Rocket avait truffé le sol de l’entrée de pièges… Et… Quoiqu’il en soit le Maire avait fini par demander de l’aide aux forces spéciales de Doublonville, mais il semblerait qu’elles ne soient plus utiles à présent. Du moins ici… Ces pauvres dresseurs, j’espère qu’ils arriveront à retrouver leurs pokémons…

-Vous avez un lit pour moi ? Demanda Mimiko qui avait du mal à présent à résister à l’envie d’aller s’écrouler quelque part.

-Oui, à cause de ce passage bouché, il n’y a pas vraiment foule. Je m’occuperais de vos pokémons, ils ont l’air d’avoir besoin d’un bon repas et d’une bonne nuit de sommeil. Vous n’aurez qu’à les récupérer demain. Et voici la clef de votre casier !

-Je vous remercie, fit la brune en se retenant de pleurer de joie.

Cela faisait si longtemps qu’elle s’inquiétait au sujet de ses pokémons que maintenant qu’elle était assurée de leur bonne santé, elle se sentait déchargée d’un immense fardeau.

Elle fit alors mentalement la liste des choses qu’elle devait faire : acheter de la nourriture pour pokémons, enregistrer sa wattouat et sa magicarpe sur sa carte de dresseur, passer au pressing, faire les courses pour elle, aller interroger le type pour Orme, mais avant tout : dormir dans un vrai lit, se laver et manger.   

179-129

Même si cela faisait deux jours qu’elle n’avait pas vu la couleur d’un savon et beaucoup plus qu’elle portait en boucle ses deux tenues, l’appel du ventre fut plus fort.

Elle passa alors dans la salle contenant le réfectoire. A cette heure-là il était désert et d’ailleurs le service n’avait même plus lieu. S’approchant d’un distributeur, Mimiko se choisit un sandwich, des chips et une canette de limonade et n’ayant que l’embarras du choix, elle prit place à une table où elle se mit à dévorer son repas en trouvant que c’était la meilleure chose au monde qu’elle n’ait jamais mangé.

S’arrêtant de manger pour boire une gorgée, elle trouva que les lieux étaient bien silencieux tout d’un coup. En fait, il semblait manquer quelque chose.

-Je me demande bien quoi… ? Se demanda t’elle a elle-même, comme pour meubler ce silence.

Elle était habituée à la solitude, ça lui avait toujours paru être un état naturel pour quelqu’un comme elle. Même au sein de son groupe d’amies en France, elle avait toujours été un peu à part, alors pourquoi ce silence lui paressait ce soir si assourdissant ?

Et pourquoi maintenant que tout allait bien se sentait-elle prise d’une soudaine mélancolie ?

*Peut-être parce que c’est un peu pitoyable de n’avoir nulle part où aller hormis un Centre Pokémon ? … Et peut-être aussi… Personne à voir ou à parler… Personne à qui dire « j’ai réussi, j’ai traversé ces fichus grotte et je suis en un seul morceau »… Et personne pour s’en dire soulagé. *

En fait, en arriva-t-elle à cette conclusion, personne ne connait mon existence ici et je n’ai de réelle importance pour personne.

Elle piocha une chips dans le paquet, laissant cette pensée s’infiltrer en elle.

Presque aussitôt une arrière petite voix toute faible dans son cerveau s’empressa de la contredire :

Oui, il y avait bien Sayaka, la femme du professeur Orme, qui semblait s’inquiéter… Mais Mimiko se demandait bien souvent pourquoi. Elle se nota cependant qu’il serait pas mal qu’elle prenne le temps de l’appeler… si elle s’en trouvait le courage.

Et puis une pensée bien distincte, elle, une pensée qu’elle avait eu lorsqu’elle avait plongé dans le trou-terrier-de-lapin-d-Alice-au-pays-des-merveille. Quand elle s’était affirmé à elle-même que ce n’était pas grave si elle mourrait, qu’elle ne manquerait à personne, elle avait aussitôt réalisé que ce ne serait pas le cas. Dans ses calculs, elle avait alors égoïstement oublié ses pokémons !

Eux dépendaient d’elle, enfin certains plus que d’autres, et c’était elle qui avait choisi de les enfermer dans des pokéballs, et donc de prendre la responsabilité de s’en occuper. De plus, peut-être parce qu’ils étaient constamment près d’elle, qu’ils lui fournissaient leur enthousiasme et leur compagnie désintéressée, elle s’était attachée à eux.

C’était peut-être parce qu’ils n’étaient pas avec elle qu’elle se sentait curieusement seule en ce moment.

Cela faisait aussi un certain temps qu’elle n’avait pas tchatté avec Arisa. Celle-ci était le fragile pont qui la maintenait relié avec son ancienne vie, et il était possible que… Peut-être… Sa petite sœur lui manque… Et puis peut être un tout petit chouilla aussi, sa mère…

Sa mère…

****

Les enfants riaient et jouaient dans la cour de récré.

Ballon de foot, corde à sauter, élastiques, billes et marelles : Mimiko regardait tout ça avec envie de derrière son buisson. La petite fille se trouvait à l’écart de l’agitation, assise sur les marches d’un préfabriqué réservé aux activités artistiques.

Baissant la tête et faisant la moue, elle finit par se détourner et sauter par terre pour rejoindre son petit coin de nature.

-De toute façon, je suis bien mieux à m’amuser toute seule…

Essayant d’oublier les éclats de joie qu’elle entendait derrière elle, elle se mit à fouiller les buissons. C’était devenu son jeu préféré : elle s’amusait à imaginer qu’elle était dans des bois profonds et qu’elle était à la recherche de pokémons. Evidemment son compagnon pokémon l’accompagnait partout où elle allait et c’était son meilleur ami. Comme elle n’arrivait pas à se décider, certains jours c’était carapuce, d’autres salamèche ou bulbizarre.

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Evidemment, tout ça c’était son secret.

Elle était en train de combattre férocement un insécateur quand son prénom retentit et la fit replonger d’un coup dans la réalité. Quittant difficilement l’intérieur du buisson, elle finit par atterrir tout droit dans les bras de sa maitresse.

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-Mais qu’est-ce que tu fais dans ces buissons ? C’est dangereux !

L’enfant la regarda de ses grands yeux sombres sans rien dire. Elle ne parlait pas beaucoup aux humains, elle préférait les animaux, et bien évidemment, les pokémons.

Elle remarqua alors que sa mère se tenait derrière elle et vint aussitôt, tel un poussifeu, s’accrocher à ses jambes. 

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-La voilà. C’est difficile de la surveiller, elle ne joue jamais avec les autres, expliqua la maitresse, puis se penchant vers elle avec un gentil sourire : Dis-moi Mimiko, pourquoi tu es tout le temps toute seule ?

*Je ne suis pas tout le temps seule, j’ai mon pokémon avec moi. C’est juste que vous ne le voyez pas.* Pensa Mimiko sans pour autant dire quoique ce soit.

-Tu veux que je demande à tes copains de classe de jouer avec toi ?

Sa proposition fut accueillie d’un superbe froncement de sourcils.

La femme abandonna et les laissa repartir. Après avoir récupéré son cartable, elles quittèrent l’école maternelle pour se diriger vers le parking.

-Pourquoi tu ne fais jamais rien comme les autres Mimiko ? Finit par demander sa mère lorsqu’elles furent en voiture.

Comme d’habitude, elle ne la regardait pas. Avec le temps Mimiko avait fini par se rendre compte que sa mère ne la fixait jamais quand elle lui parlait. Elle avait fini par faire la même chose et c’est en détournant le regard qu’elle répondit.

-Ils ne m’ont pas demandé de jouer avec eux… Marmonna-t-elle.

-Tu peux leur demander. Ce n’est pas en faisant je ne sais quoi dans les buissons que tu te feras des amis.

La petite fille se renfrogna. Elle était trop fière pour demander aux autres de jouer avec elle. C’était trop humiliant.

Un soupir d’agacement comme seul savent le faire les grandes personnes répondit à sa réaction.

-Prends modèle sur ta petite sœur, elle au moins, elle est nor… elle a pleins d’amis.

Cela ne méritait pas de commentaires. Mimiko tripota nerveusement sa ceinture de sécurité en regardant le visage de sa mère dans le rétroviseur. Un beau visage qu’elle ne cessait d’admirer, mais toujours de loin.

Car ça qualifiait les relations qu’il y avait entre elles : de la distance.

Elle avait les yeux qui la picotait, et pourtant elle refusait de se laisser aller, avec le temps elle avait forgé une épaisse couche de béton autour de son cœur, pourtant les mots étaient au bout de ses lèvres, mais pas moyen de les faire sortir.

 

Maman , pourquoi tu ne m’aimes pas ?  

****

*Je me demande si elle se fait du souci pour moi… ? Bah… Certainement pas…* Conclut la jeune femme.

Elle ne s’était jamais intéressée à elle, à part pour l’obliger à se comporter « normalement », alors ça n’allait certainement pas changer maintenant.

Pensant soudain à son beau-père, son visage s’assombrit.

-Au moins je sais QUI ne me manque pas…

Ses pensées négatives furent coupées par le bruit d’une porte qu’on referme violemment.

Une adolescente venait de pénétrer dans le réfectoire tout en bougonnant à mi-voix. Apparemment elle maudissait quelqu’un.  

Dans sa colère elle n’aperçut pas Mimiko et donna un grand coup de pied dans le distributeur. Geste qu’elle dût regretter aussitôt car le bloc de métal ne bougea pas d’un millimètre et la fille se crispa avant de se baisser pour tenir son pied.

-AÏE AÏE AÏE !!!!

Elle avait une étrange coiffure, comme si elle avait fait deux couettes de chaque côté de sa tête et avait coincé le bout de celles-ci dans l’élastique, lui faisant deux espèces de  boucle d’un côté et de l’autre de son visage. Brune, de beaux yeux cobalt, elle devait avoir quinze ou seize ans et était habillée d’un long t-shirt recouvrant un minuscule short en jeans, lui-même sur un legging noire. Une paire de grosses baskets complétait l’ensemble et malgré ces couches d’habits, Mimiko eu froid pour elle.

Comme sa petite sœur avait à peu près le même âge et la même façon de privilégier son apparence à son confort, elle ne pût s’empêcher de lever les yeux au ciel.

*Ah les ados…*

C’est alors que la jeune fille sembla enfin la remarquer. Elle fronça les sourcils en la voyant, avant d’avancer à grands pas décidés jusqu’à elle. Elle se mit ensuite à la détailler des pieds à la tête d’une façon que Mimiko trouva très inconvenante et très étonnante de la part d’une japonaise.

-Tu veux quelque chose ?  Finit par grommeler Mimiko.

-T’es une dresseuse pokémon, pas vrai ?! Lança l’adolescente en la fixant droit dans les yeux.

-Euh… Bein… Par certains côté, oui… J’imagine…

-Comment ça « t’imagine », t’es une dresseuse, je le vois bien ! La coupa-t-elle avant de froncer le nez : Y’a que les dresseurs pour avoir l’air de s’être roulé dans la boue au milieu d’un tas de tadmorv !

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L’amour propre de Mimiko en prit un coup. Elle savait qu’elle était crade, mais elle n’avait pas besoin qu’une insolente le lui fasse remarquer.

-Pardon, mais ce n’est pas moi qui suis venu te coller. Si ma présence t’indispose, tu peux aller voir ailleurs si j’y suis !

D’ailleurs Mimiko se leva d’un coup pour s’éloigner de cette peste, mais celle-ci l’attrapa par le bras :

-Non, attends ! Je suis désolée. Je m’appelle Maisy et ça fait plusieurs jours que je cherche un dresseur pokémon ! Je ne sais pas pourquoi, mais depuis une semaine, ils sont devenus de plus en plus rare… Le dernier que j’ai vu… euh…

-Quoi ? Maugréa Mimiko qui essayait de récupérer son bras.

-Tu veux bien m’écouter ?   

Comprenant qu’elle ne la lâcherait pas, la jeune femme reposa ses fesses sur sa chaise et arbora son meilleur air de snubull contrarié.

-Ok, mais fait vite. Je suis crevée et je ne rêve que d’une chose en ce moment : une douche.

-T’inquiète, je vais faire ça rapide :  Il y a trois jours j’ai rencontré l’amour de ma vie et depuis je ne rêve plus que d’une chose : me casser de ce trou paumé et le retrouver. Le souci c’est que mon grand-père refuse que je quitte Ecorcia. Alors j’ai fugué et je squatte depuis dans ce Centre Pokémon.

-Hein ? Et qu’est ce que vient faire un dresseur dans cet histoire ?

-Eh bien… Disons que ce n’est pas qu’à cause de mon grand-père que je suis encore ici. C’est que j’ai un peu peur de me lancer sur les routes. J’ai des pokémons, mais… Vous les dresseurs pokémons, vous passez votre temps à voyager sans peur… Je voudrais savoir ce qui vous rend si confiant !

*C’est juste qu’on a pas le choix.* Pensa très fort Mimiko. *Si j’avais des revenus fixes qui tombaient tous les mois, je prendrais certainement le train.*

Mais comme dire ça n’avancerait pas beaucoup cette fille, Mimiko chercha une réponse plus appropriée :

-Je ne dirais certainement pas que je n’ai pas peur… Mais le fait d’avoir mes pokémons avec moi me rassure.

-C’est bien ce que je pensais… Marmonna Maisy. Le problème c’est que mes pokémons ne sont pas très fort…

Elle sortit deux pokéball de ses poches sous les yeux étonnés de Mimiko : les deux balls ne ressemblaient en rien à ce qu’elle connaissait. Les motifs qui les ornaient étaient à la fois délicats et composés de couleurs vives et pétillantes. L’une reprenait des motifs de feuilles d’automne, l’autre d’un ciel étoilé sous pleine lune.

-Où as-tu eu ces pokéballs ? S’enquit Mimiko, vivement intéressée et envieuse.

Elle verrait bien une de ces jolies pokéball pour abriter Hien. Une pokéball aux motifs de flammes colorées.

-Ces pokéballs ? C’est mon grand-père qui les as faites, et c’est moi qui les ais peintes.

-C’est TOI qui les as décorées ? Eh bien tu es sacrément douée dis donc…  

-Oh, ce n’est pas grand-chose. Je fais ça depuis que je suis toute petite. En fait, je dois reprendre le travail de mon grand-père plus tard… Je suis en quelque sorte son héritière, c’est pour ça qu’il est aussi exigeant et qu’il veut me garder dans ce trou paumé… Mais ça craint un max !  J’ai pas envie de moisir ici ! Je veux découvrir le monde ! Et surtout maintenant que j’ai trouvé mon amour !!!

-Bein… En plus, tu es un peu jeune pour partir, non ?

-Jeune ?!? J’ai déjà 15 ans ! Toi-même tu ne dois même pas avoir 20 ans !

-Je vais avoir 19 ans, maugréa Mimiko de mauvaise grâce.

-Tu vois, tu n’es même pas majeur !

S’il était vrai qu’en France c’était le cas, ici, au Japon, l’âge de la majorité était défini à 20 ans. La brune ne pouvait rien dire contre ça.

Quoiqu’il en était, Mimiko n’avait pas envie de s’éterniser avec cette fille agaçante.

-Ecoutes, je crois que je ne peux rien faire pour toi, je ne peux pas te donner de courage, je ne peux pas persuader ton grand père de te laisser partir. Tu ferais mieux d’attendre un autre dresseur.

-Mais plus j’attends, plus mon futur petit copain s’éloigne !

-Ton futur petit copain ? C’est quoi ce garçon dont tu n’arrêtes pas de parler ?

Maisy eut l’air soudain toute timide, puis gloussa et comme si elle n’avait attendu que cette question, elle se mit à débiter à toute vitesse :

-C’est un dresseur qui est arrivé dans la ville il y a trois jours avec deux autres garçon. Il était si beau et ses traits si fins qu’on aurait dit un prince, il a battu la championne de l’arène en un rien de temps, il était si confiant en lui ! kyaaa ! Ses longs cheveux blonds et son teint pâle…

Mimiko qui écoutait distraitement, car elle n’en avait clairement rien à foutre, manqua de s’étrangler en entendant la suite de la description. Blond, cheveux longs, teint pâle, traits de fille, dresseur, accompagné de deux garçons… Non…

-Attends, il ne s’appelle tout de même pas Chriss ? Voulut-elle s’assurer, mais devant l’air extatique de Maisy, elle sut que ses craintes étaient fondées.

-Oh sii ! Comment tu le sais ? Oh tu le connais… Attends… Tu n’es tout de même pas accro à lui toi aussi ? Finit-elle d’un ton soupçonneux.

-Moi ?! Non, qu’Arceus m’en protège ! C’est un sale type et en plus… il ressemble à une fille !

-Qu’est-ce que tu racontes ! Il a des traits délicats dignes d’un aristocrate, tu sais que sa mère est italienne ? A moi, il me l’a dit.

Mimiko leva les sourcils : ça lui faisait une belle jambe de savoir ça.

-Tu es surement trop rustre pour apprécier ce genre de beauté ! Continua Maisy en haussant des épaules.

-Moi et ma rustrerie allons vous laisser alors…

-Non ? atteeeends ! Tu dois m’aiderrr !!!   

-Je te l’ai déjà dit, je ne peux PAS t’aider, répliqua Mimiko, excédée, tout en essayant de faire lâcher la jeune fille qui s’était accrochée à sa jambe.

-Tu peux pas me laisser comme ça ! Tu es une fille ! Tu dois m’aider pour la victoire de l’amour !

-Bizarrement, je crois que je t’aiderais plus en te jetant au fond du puits que j’ai vu tout à l’heure !

-Nooon ! JE SAIS ! Aides-moi à m’entrainer ! Si je prends confiance en moi en combat pokémon et que mon grand-père voit mes progrès, je pourrais certainement partir !!!

-QUOI ?!?!

***

Mimiko dormait tranquillement, profitant avec bonheur de son lit du centre pokémon, du calme ambiant, de la chaleur confortable quand soudain… Ce fut un tremblement de terre.

-Mmm… Hien…Laisse-moi, je veux dormir encore un peu… Marmonna-t-elle en plongeant sous sa couette…

Et en assommant par la même occasion la personne qui se tenait au-dessus de son lit. Ce n’est qu’en entendant le « AÏE » que la brune daigna lever un bout d’édredon et ouvrir un œil. Mais quand elle vit Maisy assise par terre en train de se tenir le menton, elle décréta que c’était un cauchemar et choisit de se rendormir.

-Purée, t’es une violente quand tu dors. .. Ah non, te rendors pas ! Tu dois m’entrainer ! Tu te souviens ?!

-NON ! Mentit Mimiko.

-Siii ! Tu as promis ! Tu as promis !

La couette se souleva alors totalement pour laisser sortir une Mimiko d’humeur ursaringesque:

-JE n’ai absolument rien promis ! De plus, j’ai une tonne de chose à faire aujourd’hui, alors tu m’excuseras, mais ton entrainement passe bien après !

L’adolescente, toujours à genou par terre fit la moue, puis après avoir réfléchit très rapidement retrouva le sourire.

-OK ! Dans ce cas je vais t’aider ! C’est toujours plus rapide à deux et en plus je connais la ville comme ma poche !

*Noooon….* Gémit intérieurement Mimiko.

Elle ne voulait pas savoir l’heure qu’il était, elle était en pyjama, n’avait pas pris sa douche du matin, ni son petit déjeuner et elle devait déjà affronter cette fille pire qu’une sangsue.

Rassemblant tout ce qu’elle possédait de self control et de patience, elle réussit à ne pas se montrer horrible.

-Attends-moi devant le Centre Pokémon.

-OK !

Maisy partit alors toute joyeuse de la chambre et Mimiko se demanda fugacement si elle ne devait pas s’enfuir pas la porte de derrière.

Elle resta un instant pensive –et surtout amorphe- sur le lit, avant de décider dans un soupir que ce ne serait pas honnête du tout. 

Néanmoins, elle n’avait pas dit qu’elle avait l’intention de sortir du Centre Pokémon de suite !

Une douche et un rapide repas plus tard, Mimiko se rendit au guichet des admissions pour avoir des nouvelles de ses pokémons.

-Ils sont en train de manger dans l’enclos extérieur, lui appris l’infirmière en lui rendant ses pokéballs vide.

Bon, elle allait les laisser manger tranquillement. Regardant l’heure, elle calcula alors le décalage horaire avec la France.

Bon, 1h du mat’ là-bas, elle n’aurait personne sur le tchat.

Il ne restait plus qu’une chose à faire et elle sortit son pokématos, un peu gênée.

**

Quelques minutes et explosion de joie/inquiétude de Sayaka plus tard, elle était encore plus gênée. Heureusement qu’elle était sortie de ces grottes hier : un jour de plus et la femme du professeur Orme appelait la police…

Secouant la tête d’incompréhension, elle rejoignit l’enclos extérieur pour dire bonjour à ses compagnons de voyage. 

En arrivant, la première chose qu’elle vu fut bien sur son onix, Maximus, qui à lui seul prenait la moitié du terrain. Il la remarqua avant les autres et poussa un bref grondement pour les prévenir avant de retourner à ses occupations. Aussitôt, Hien, son feurisson cessa sa discussion avec Windy, sa roucool et couru vers elle pour lui bondir dessus.

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Son poids manqua de la déstabiliser mais elle tint bon. Il était sûr que depuis son évolution, il ne pouvait plus lui sauter sur l’épaule comme avant.

-On dirait que ça va beaucoup mieux Hien !

Il la gratifia d’une petite léchouille sur sa joue et se frotta la tête contre son bras. Il fut cependant rapidement rejoint par Shampoo, sa petite wattouat coquète qui réclama elle aussi son lot d’attention.

-Mais oui Shampoo, je n’ai pas oublié, je te ferais un soin complet !

Les laissant tout deux retomber sur leurs quatre pattes, elle se dirigea vers le bassin où se trouvait le dernier membre de l’équipe : une magicarpe qu’elle avait nommée Majo Rika. Celle-ci sortit sa tête de l’eau et fit un bond avant de retourner dans les profondeurs du petit lac.

-Bon, on dirait que tout le monde se porte bien… Mais…

Mimiko remarqua alors qu’un de ses pokémons n’avait pas fait le moindre geste vers elle, même pas agressif, ce qui était plutôt étonnant.  Se tournant vers Windy qui grattait la terre pas loin de son écuelle, elle l’observa un moment dans l’attente, puis comme celle-ci semblait décidée à l’ignorer, elle s’approcha d’elle :

-Bein Windy, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Rien à me reprocher aujourd’hui ?

La roucool fit un bond en arrière à son arrivée et s’envola pour rejoindre la toiture où elle se percha en ignorant le regard furieux que lui jetait Hien.

Mimiko se sentit perdue et aussi, un peu blessée : qu’est ce qu’elle avait bien pu faire pour que le pokémon vol la fuie ?

-Allez Windy, viens là !

Baissant la tête vers son écuelle, elle remarqua qu’elle avait laissé plus de la moitié alors que les autres avaient finie toute leur ration. Ce qui était étrange car elle avait d’habitude un grand appétit.

-Tu n’as pas tout mangé…

Derrière elle, ses pokémons semblaient en grand conciliabule et elle soupçonna quelque chose. Et cela devait avoir certainement un rapport avec Windy.

Elle n’avait pas tort puisque depuis ce matin l’équipe devait gérer les « coups de folies » de Windy.

Ceux-ci étant au nombre de deux.

Premièrement, et peut être le moins inquiétant, ne méritant qu’un soupir désespéré, la décision de celle-ci de faire un régime. Elle n’avait pas digérer de se faire traiter de grosse par le Rocket soit disant spécialiste en type vol.

Mais le plus inquiétant était son autre lubie. Il s’était apparemment passé quelque chose avec Mimiko quand elles combattaient toutes les deux le noarfang géant… Et cela avait effrayé Windy. Elle ne cessait depuis de déclarer qu’il y avait quelque chose de bizarre avec elle.

Ce à quoi Maximus avait répliqué qu’ils le savaient déjà, que ça ne devait être guère différent des espèces de « crises » qui frappaient leur dresseuse certains matins.

Ils avaient presque convaincu Windy que ça ne valait pas la peine d’avoir peur quand Mimiko était arrivé.

Et Windy semblait avoir décidé de se la jouer « prudente ».

-Bon… Quoiqu’il en soit, on va aller faire des courses, expliqua t’elle en sortant les pokéballs de son sac.  

Shampoo approuva vigoureusement cette idée d’un bêlement enthousiaste et alors que tous les autres rentraient dans leurs balls, elle préféra rester aux côtés de Mimiko, histoire de l’aider à faire ses choix…

Un semblant de ricanement sortit de la bouche de la petite brebis qui trouvait sa stratégie parfaite et Mimiko passa à côté d’elle en faisant semblant de ne pas l’entendre.

-Shampoo me ferait presque peur parfois…

C’est donc suivie d’une wattouat bondissante qu’elle retrouva Maisy dehors. Il pleuvait toujours mais ça n’avait rien à voir avec hier soir et un simple parapluie suffit à les protéger toutes les deux.

-Ooooh, quelle jolie wattouat ! S’exclama Maisy en se penchant sur le pokémon. Elle est puissante ?

-Je ne sais pas… Elle le serait sûrement si je l’entrainais sérieusement… En tout cas elle m’a bien aidée dans les Caves Jumelles.

-Waaatouuuu ! Fit la petite brebis en levant fièrement la tête.

-Hum… Quand on se battra, je voudrais affronter ton meilleur pokémon, affirma Maisy. Et qui sais ? Peut-être que je te battrai !  

-Si j’utilise mon meilleur pokémon de combat, ça m’étonnerai.

Le groupe fit un rapide tour à la laverie, puis au konbini* : Mimiko regrettait les grandes surfaces françaises où on trouvait tout en un même point. Les japonais préféraient les petites enseignes de quartier ouvertes 24h sur 24.

Maisy stoppa net quand elles arrivèrent devant la boutique pokémon de la ville, tandis que Shampoo, au 7eme ciel, courait dans tous les sens pour voir tout ce qu’il y avait.

-Tu ne comptes tout de même pas acheter des trucs ici ? S’indigna Maisy.

Mimiko s’arrêta, surprise :

-Si, pourquoi ? C’est une boutique labellisée par la Ligue Pokémon.

-Labellisée par la Sylph SARL oui ! Tous les produits qui s’y vendent viennent de cette grosse entreprise et sont fabriqués en chaine dans des usines ! 

-Euh… bein… oui, j’imagine…

-Et que fais-tu de tous ces petits artisans qui travaillent du soir au matin pour créer un objet pokémon parfait ? Un objet 100% naturel sans peintures ou colorants artificiels, fabriqué avec l’amour du travail bien fait et des pokémons ???

Mimiko fut surprise du ton véhément de la jeune fille, puis elle se rappela que son grand père tenait apparemment un commerce de ce genre. Mine de rien, l’adolescente qu’elle avait devant elle éprouvait de la fierté pour son travail. 

-Je suis sûre que ce n’est PAS DU TOUT les mêmes prix, la coupa Mimiko d’un ton sans appel alors qu’elle passait les portes vitrées automatique.

-Qui se préoccupe des prix quand il s’agit de donner le meilleur à ses pokémons ? Une meilleure alimentation augmentera considérablement ses forces ! Et une jolie pokéball bien faite les rendra heureux ! Est-ce que tu sais seulement ce qu’il y a dans de la nourriture industrielle ?

- Etre dresseur pokémon, c’est être le plus souvent sans le sou. Je crois que le plus important c’est déjà de les nourrir et de les soigner, répliqua Mimiko en trouvant la nourriture pour pokémon feu carnivore de taille moyenne.

Celle-ci se présentait sous forme de grandes boites de conserve remplie de boulettes de viandes et de féculents amalgamés. Si Mimiko les trouvait effectivement peu appétissante, Hien les mangeait sans difficultés, et c’était tout ce qui comptait au final.

Laissant Maisy faire la tête et maugréer, elle partit à la recherche des autres articles accompagnée de Shampoo qui était décidée à passer le plus de temps possible à se faire acheter des choses dans les rayons.

Quelques rubans et un aimant pour Shampoo, un bec pointu pour Windy et une ceinture force pour Hien plus tard, le groupe sortit pour profiter d’un petit rayon de soleil timide.

-Bon, maintenant que tu as fini tes courses, il est temps de tenir ta promesse ! Lui rappela Maisy en se campant fièrement face à elle.

-Une fois pour toute : je ne t’ai JAMAIS fait de promesse. Mais si tu y tiens tant, on va se battre.

-Ah ! Enfin ! Tu t’enflammes ! Viens suis moi !

S’engouffrant au milieu de bosquets d’hortensia aux pétales encore couvertes de gouttes de pluie, Maisy la guida vers un parc où était dessiné dans la terre un semblant de terrain de combat.

-C’est ici que les primaires viennent s’affronter, affirma t’elle. Mais à cette heure, ils sont tous en cours, du coup…

Maisy couru vers un côté du terrain et sortit la pokéball décoré de la nuit d’une de ses poches. Mimiko s’installa de l’autre côté et chercha dans son sac le pokémon qui l’intéressait.

-Tu es prête ? Demanda-t-elle.

-Oui ! Et j’envoie… CLEAF !

Du rayon rouge apparut une adorable petite boule rose qui cligna les yeux et lui sourit :

-Melooofée ! 

Mimiko sourit en retour, elle ne pensait pas avoir la chance d’apercevoir un mélofée un jour. Ces petits pokémons étaient craintifs et se cachaient généralement des humains.

35

-Un pokémon normal… Ca me va. Windy ! A toi de jouer !

La roucool apparut sur le terrain, se tenant dans les airs à grands coups d’ailes. Il sembla à Mimiko qu’elle était étonnée de se trouver là et jeta un coup d’œil suspicieux dans sa direction.

-Un ROUCOOL ? Ton meilleur pokémon de combat est un roucool ?!? S’exclama Maisy.

Son mélofée se mit lui aussi à glousser dans ses petites pattes.

Vexée, Windy poussa un cri strident de défi en direction de leurs deux adversaires.

-Tu ferais mieux de ne pas te fier aux apparences… Prévint Mimiko.

-Quoi ? Je m’inquiétais de ce que tu allais sortir, mais finalement, ce n’est qu’un PETIT roucool. Mais on y peut rien, tout le monde n’a pas de talent pour la capture !

Mimiko accueillit l’insulte avec un sourire narquois. Si elle avait entendu ça au sujet de n’importe lequel de ses autres pokémons, ça l’aurait peut-être vexée, mais il s’agissait de Windy. Le premier pokémon qu’elle avait capturé et, malgré son sale caractère, peut être celui envers lequel elle était le plus attachée. Avec Hien évidemment.  

-Dis Windy, on va se laisser insulter comme ça ?

La roucool semblait encore dans l’expectative, surement un reste de son comportement de ce matin, mais finalement, elle approuva d’un mouvement de tête rapide.

-Très bien, jet de sable !

Toujours très vive et sans attendre la réaction du mélofée, Windy battit violemment des ailes pour lui éjecter de la terre dessus. Le petit pokémon normal ne faisait plus autant le fier quand il se retrouva couvert d’une épaisse couche de terre brune et grasse. Il s’ébroua pour s’en libérer sous les croassements moqueurs de Windy.

- Chante-lui une berceuse ! Ordonna Maisy.

-Elève-toi dans le ciel ! 

L’attaque de Cleaf fut ainsi aussitôt contrée car la roucool s’envola pour se mettre hors de portée. Un pokémon vol, c’était bien pratique quand même !

-C’est de la triche ! S’exclama l’adolescente face à Mimiko en tapant du pied.

-Non, c’est un mouvement d’esquive typique. Windy ! Attaque tornade !

Sans trop se rapprocher, celle-ci produisit de grands courants aériens qui vinrent heurter la mélofée et finalement, la firent tomber dans la boue.

-AAAAH ! Gémit Maisy en voyant le désastre.

-Mééélooofééé… Grogna le pokémon rose en se relevant péniblement, le visage recouvert d’une couche maronnasse gluante.

-Utilise euh… Torgnoles !

Cleaf se retourna vers sa maitresse avec une moue boudeuse, l’air de dire qu’il pouvait faire de nombreuses choses, mais certainement pas tarter un pokémon qui se tenait à 3m au dessus de lui.

-Euh… Eh bien…

-Windy ! Utilise à nouveau tornade !

La roucool s’éleva de quelques mètres, laissant l’air humide gonfler ses plumes, heureuse de pouvoir voler sans contrainte. Pendant un instant, elle fut surprise de sentir l’air glisser sur ses pennes, les longues plumes qui terminaient ses ailes, d’une façon un peu inhabituelle.

Il lui faudrait s’intéresser à ça plus tard, en attendant elle fit un large tour tandis que le mélofée tentait l’attaque « Encore » -une stupidité – et attaqua ce dernier par derrière, mettant toutes ses forces dans ses battements d’ailes.

Cleaf ne put résister à la bourrasque et rouleboula plusieurs fois sur lui-même avant de rester assis dans la boue, les bras croisés.

-Charge ! Ordonna Mimiko.

-Ne reste pas planté là Cleaf !!!!

Avant que le mélofée ait pu se relever, Windy l’avait frappé par derrière, mettant fin au combat.

-Oh nooon… Cleaf…

Maisy rejoignit son petit pokémon en courant et lui caressa la tête alors qu’il émergeait de son évanouissement.

-Qu’est ce que j’ai fait de mal ? Demanda-t-elle alors que Windy revenait planer autour de Mimiko.

-Je ne sais pas si je suis un exemple… Commença cette dernière. Mais j’aurais certainement arrêté le combat avant. Tu connais mieux que moi ses attaques, mais de toute évidence, il n’en possédait aucune qui puisse atteindre Windy dans les airs. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai demandé à ma roucool d’attaquer sans s’approcher.

-Si tu t’étais approchée, j’aurais pu utiliser torgnole… Ainsi que son talent…

-Son talent ? Demanda Mimiko, interdite. C’est quoi ça ?

Maisy rappela Cleaf dans sa pokéball avant de lever des yeux étonnés vers son ainée. Un sourire sarcastique se peignit alors sur son visage :

-Quoi ? Tu es une dresseuse et tu ne sais pas ce qu’est un « talent » ?

-Une dresseuse qui t’a battu, répliqua Mimiko sans pitié.

-Humpf… Question de chance. Mais pour y revenir, un talent est une espèce de capacité constamment « enclenchée » chez une espèce de pokémon. Ca a des effets divers. Les mélofées ont souvent le talent qu’on appelle « joli sourire », ca provoque de temps en temps la séduction des pokémons de sexe opposé ! Expliqua Maisy en tournant sur elle-même comme si elle parlait de ses propres capacités.

Mimiko haussa un sourcil perplexe :

-La séduction ? Mais à quoi ça pourrait lui servir ? 

-Tu es sure d’être une fille ? Quand quelqu’un est séduit, il perd totalement le sens des réalités ! Tu ne taperais certainement pas la personne que tu aimes, même si ton maitre te l’ordonne ! Ou alors c’est que tu as des préférences sadomasochistes !

-Charmant… marmonna Mimiko en roulant des yeux.

-Roh ce que tu peux être vieux jeu, t’es encore jeune, profites-en ! Amuse-toi !

Mimiko laissa passer l’insulte. Elle avait des choses plus importantes à faire que de se crêper le chignon avec une adolescente insolente.

-Bon, tu as eu ton combat. Maintenant je vais reprendre mes affaires et…

La jeune fille l’attrapa à la manche pour la retenir. Comme elle avait baissé la tête, Mimiko ne pouvait pas dire quelle était son expression, mais sa voix, loin de l’insolence habituelle, semblait aussi fragile que le son d’une clochette.

-Non. S’il te plait. Me laisse pas comme ça. Je ne pourrais jamais convaincre mon grand père que je peux partir si je ne peux même pas gagner un combat contre un débutant…

Mimiko regarda ailleurs, à la fois contrariée, mais aussi compatissante.

*Mince… Je suis pas SOS amitié moi…*

Finalement, sans chercher à décrocher cette main qui lui demandait de l’aide, elle se mit à parler toute seule :

-Je ne pense pas que tes talents de dresseuse aient une quelconque importance. Partir de chez soi, fut-ce une ville ou la campagne, demande avant tout une énorme dose de courage. On laisse les gens qu’on aime ou qu’on connait derrière soi. Ce qui nous est familier… Le quotidien… On l’échange pour l’inconnu. Ensuite… Eh bien, on s’adapte. Ce qui était important avant ne l’est plus forcément et des choses auxquelles on n’apportait pas beaucoup d’importance le deviennent. Le changement fait peur, mais parfois… Il est nécessaire. 

 

Elle fixait avec un calme presque serein l’eau calme du fleuve, à des mètres d’elle.

 

-Moi qui ne suis qu’eau… Il semble justifié que je retourne à l’eau.

 

Elle laissa ses doigts se décrisper du bord doucement.

 

Un carillon cristallin résonna.

 

-… Oui nécessaire… Il nous permet de grandir, termina Mimiko en poussant un petit soupir avant de se tourner vers sa roucool : Tu t’es battue comme une chef, reviens maintenant !

Elle rappela Windy dans sa pokéball et fouilla dans son sac.

-Je ne peux pas t’aider plus Maisy, sinon te dire que « qui ne tente rien n’a rien ». Il n’y a pas plus vrai en ce monde.

L’adolescente relâcha peu à peu sa prise et releva les yeux vers elle :

-Je suis une trouillarde, c’est ça en gros… Hein ?

Mimiko sortit le dossier que lui avait remis le professeur Orme et l’ouvrit :

-Ca sert à rien de dire ça. Ecoute, c’est triste à dire mais être adulte c’est 80% de frime. Faut mieux se répéter qu’on est fort en espérant le croire un jour. Dis, tu connais cette ville comme ta poche, non ?

-Mmm oui ?

-Tu peux me dire où se situe cette maison ? Je dois voir l’homme qui y habite.

Maisy loucha sur le document avant d’écarquiller les yeux d’étonnement.

-Mais… C’est ma maison !

Mimiko plissa les yeux en relevant en même temps la tête :

-…Nooon… Quand même pas ?

 

A suivre…

*Abréviation de « convenience store » qui sont les équivalant de nos superettes de quartier. 

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11 novembre 2013

Chapitre 14: Le vent dans la caverne

Les grottes avaient un point positif : elles respiraient le silence.

Un silence on ne peut plus le bienvenue. Un silence qui appelait à la réflexion.

Walker Oswald attrapa l’anse d’un mug et le porta à ses lèvres, heureux de sentir le fort arôme du café réveiller ses sens et sa chaleur l’envahir.

Parcqu’aussi silencieuses soient les grottes, elles étaient aussi la plupart du temps aussi glacées que l’intérieur d’un frigidaire.

Il s’était aménagé un petit coin à lui au beau milieu de celle-ci, avec un lit de camp, bonbonnes de gaz et petite table dépliante où se trouvait un ordinateur relié par une dizaine de câbles qui dévalaient par terre, courraient le long du tunnel jusqu’à grimper le long de la roche pour disparaitre dans un trou.

Quel bordel et quelle patience pour poser ce fichu brouilleur !

Parfois Walker se disait que tous les efforts qu’ils produisaient afin de mettre en place leurs coups ne valaient pas ce qu’ils en retiraient. Beaucoup de mal pour pas grand-chose en somme !

Mais bientôt les dresseurs coincés comme des rats dans l’unique Centre Pokémon de la vallée des lacs seraient bien obligés de sortir de leur trou et d’avancer la monnaie. Et eux seraient loin avant que leurs confrères de Johto se soient rendu compte qu’ils avaient empiété sur leur terrain.

Il haussa des épaules à cette idée. On ne pouvait pas dire que la Team Rocket de Johto était très agressive, mais comment ne pas les comprendre ? C’était une région de ploucs avec pour seules vraies villes Doublonville et Oliville ! L’argent se faisait là-bas, pas dans ce coin paumé où ne passaient que les dresseurs et les éleveurs !  

Il avait quand même réussi à manigancer ce plan pour récupérer un peu d’argent et renflouer les comptes de leur filiale de Kanto.

L’histoire de Carmin-sur-Mer leur avait fait mal… Très mal. Il avait fallu payer des pots de vins aux politiciens, journalistes et policiers pour étouffer l’affaire et mettre hors d’accusation le champion de l’arène. Une grosse compensation financière avait même été envoyée à un des hauts conseillers de l’empereur.

Ils s’en souviendraient tous de cette fichue fin d’été !

Alors qu’il pensait que la journée se révèlerait aussi tranquille que ces derniers jours, trois de ses hommes apparurent soudain, l’air agacés ou penauds, comme de jeunes caninos s’attendant à être réprimandés.

(58)

Walker poussa un soupir, s’attendant d’avance à être exaspéré et posa sa tasse sur la table.

-Monsieur… Commença l’un des trois avec une grimace.

-Allez-y. Dites-moi ce que vous faites-là plutôt qu’à vos postes ?

Les trois hommes, un solo et deux « représentants » d’équipe duo, se jetèrent de petits regards, mais c’est le même, apparemment le plus courageux qui reprit la parole :

-Nous avons tous été battu par un dresseur… Le même apparemment. Il a réussi à entrer… Et sans pokémons en état de combattre, nous ne pouvons pas continuer à garder les issues.

Il avait dit ça en le regardant droit dans les yeux. Oui, il était courageux, se dit pour lui-même Walker.

Autrefois, plutôt que de porter l’uniforme noir des sbires Rocket, il avait peut être porté un costume trois pièces, enfermé dans un bureau d’un des immenses gratte-ciel du quartier des affaires de Safrania, ou bien avait-il été un dresseur plein d’ambition qui avait découvert la dure réalité de la Ligue Pokémon ?

C’était simple : soit on travaillait avec la Team Rocket par intérêt personnel, soit pour payer son loyer ou bien pour payer ses dettes.

Il n’avait JAMAIS rencontré personne qui faisait ça par « conviction ».

Lui avait fait partie de la dernière catégorie.

Il avait à une époque plongé dans la spirale infernale des jeux d’argents. Casino, paris, loterie… Il avait été viré de son misérable boulot de comptable après avoir détourné de l’argent pour se renflouer et n’avait pas osé le dire à sa femme ni à sa petite fille. Et il avait continué à jouer en espérant gagner le gros lot et tout réparer.

Et naturellement, il avait continué à perdre.

A perdre jusqu’à ce que deux hommes de main l’attrapent et le jettent aux pieds du grand Boss qui lui avait fait comprendre que maintenant il était temps de rembourser.

Autrement dit, travailler gratuitement pour la Team Rocket jusqu’à avoir payé toutes ses dettes avec les intérêts.

Ces types de recrues n’étaient guère plus que des esclaves.

Mais lui, il l’avait fait, il avait même travaillé tellement dur qu’il était monté en grade et que désormais il ne devait ses ordres qu’au lieutenant au-dessus de lui, la grande N°9, et qu’il gagnait suffisamment d’argent pour rembourser ses autres dettes et faire vivre correctement sa famille qui, bien sur, n’avait pas la moindre idée de ce qu’il faisait vraiment.

Il savait cependant quelque chose que la plupart des hommes qui s’engageaient ne savaient pas : Rentrer dans la Team Rocket était facile…. En sortir par contre…

On ne sortait pas de la Team Rocket.

Ou bien fou.

Ou bien les pieds par devant.

Quitter ou désobéir, c’était risquer de voir sa famille massacrée au cours d’une nuit, ou bien de se faire tuer silencieusement au coin d’une rue.

Il avait conscience de tout cela, à tout moment, et remerciait tous les dieux qu’il connaissait de ne pas faire partie de la branche de « nettoyage ».

-Vous venez me dire qu’UN SEUL dresseur a réussi à vous battre ? Dois-je comprendre que vos pokémons étaient déjà fatigués ou que vous avez besoin d’une remise à niveau avec notre instructeur ?

Ces derniers mots provoquèrent des frissons et des grimaces.

-Il était plutôt fort ! Quand il m’a battu, j’ai voulu l’empêcher de passer mais il m’a repoussé et son tartard nous a fait voler mon équipier et moi sur plusieurs mètres ! Geignit l’un des trois hommes.

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Walker remarqua alors les ecchymoses et bleus qui ornaient son visage,  mais il n’en fut pas pour autant affligé.

-Et moi j’ai cru qu’il avait payé et comme prévu j’attendais plus loin dans la grotte pour le détrousser de ses derniers pokédollars… Mais il m’a fait subir le même sort. Assura le deuxième qui se tenait en retrait.

-Tu oublies de dire que tu t’es fait écraser par un canarticho ! Répliqua le premier pleurnicheur comme si ça pouvait minimiser sa propre défaite.

(83)

Le deuxième lui lança un regard meurtrier. De toute évidence, il avait eu l’intention de cacher ce détail humiliant.

-Je vous prierais de ne pas sous-estimer les capacités d’un canarticho devant moi, répondit calmement Walker.

Il était trop tôt pour se mettre en colère.

-Bref, si je résume, on a un dresseur qui traine. Mais j’aimerais surtout savoir pourquoi l’un de vous, et son équipier, placé originellement à la sortie d’Ecorcia se trouve à la sortie de la vallée des lacs ?

Le premier pleurnicheur se figea, car c’était de lui qu’il s’agissait.

-Mais… Mais… Vous n’avez pas envoyé l’équipe des trois nouveaux nous remplacer ?

C’était une supplique, mais là, la tension de Walker était en train de monter dangereusement.

-J’aurais fait QUOI ? J’aurais envoyé des « nouveaux » même pas enregistrés surveiller la sortie d’Ecorcia ?

C’était une question rhétorique et ils le savaient tous, c’est pourquoi pleurnicheur 1 semblait se ratatiner sur lui-même comme le tadmorv stupide qu’il était.

(88)

-Toi, là ! Le plus compétent ! C’est quoi ton nom déjà ?

-Yoshioka monsieur, répondit celui qui se trouvait devant les autres.

-Vas voir à la sortie d’Ecorcia s’ils s’y trouvent. Et toi l’abruti du fond, prie pour qu’ils ne se soient pas envolés avec le fric qu’ils ont récupérés !

Yoshioka partit sur le champ sans même rappeler à Walker que ses pokémons n’étaient plus en état de supporter un combat.

-Je savais qu’on aurait dû partir avec une équipe médicale, chuchota doucement celui qui s’était fait battre par un canarticho, mais l’autre était beaucoup trop tendu pour lui répondre.

-En plus s’ils sont partis… C’est avec le nosferapti qu’on leur avait passé… Bégaya-t-il.

(41)

-Au diable le nosferapti ! Enragea alors Walker, les faisant sursauter avec son éclat de voix. Seul l’argent importe ! Les nosferaptis on peut en attraper une dizaine ! Une centaine ! On peut même les acheter en lot en prix de gros !

Il s’en voulait à lui-même d’avoir accepté ces trois jeunes hommes à l’essai. Presque encore des ados… Il les avait mal sentit dès le début.

Trop malins ou trop sournois, au choix, pour proposer d’accepter des basses besognes… Même sous ce prétexte fallacieux de s’entrainer. Mais ce qui était fait l’était et il ne pouvait qu’espérer se tromper.

-Bon… Vous deux et vos collègues respectifs vous rentrez à la base. Vous êtes désormais inutiles ici et j’écrirais pour vous une jolie lettre de recommandation à l’instructeur… Compris ? Quant à moi, je vais régler personnellement ce problème de « dresseur qui traine ».

**

-On a bien fait de suivre ton plan Harry ! S’exclama Goliath tout en comptant la liasse de billet qu’il avait dans les mains. Avec ça on va pouvoir se payer un bon resto à Ecorcia. On dit que la spécialité c’est la seiche cuite au charbon de bois ! J’ai hâte de gouter ça !

-Et si tu pensais à autre chose qu’à ton ventre ? Proposa Harry en tournant une page de son magazine.

Ils étaient tous les trois adossés à un gigantesque tronc de pin surement centenaire en attendant que les trombes d’eau qui tombaient s’apaisent un peu. Le paysage fait de roc et d’eau de la vallée des lacs laissaient place de l’autre côté de la montagne à une végétation haute et abondante, fait d’épineux aux troncs effilés qui se tenaient en bosquets le long d’un chemin de terre. Celui-ci menait à la ville que l’on voyait au loin par la fumée des cheminées. Et plus loin encore s’élevait une marée verte qui ne pouvait être que le grand Bois aux Chênes, dernier vestige d’une forêt que l’on disait autrefois gigantesque et que la métropole de Doublonville avait peu à peu dévorée au fil des siècles.

S’il ne pleuvait pas, ils auraient surement aussi aperçu l’océan, d’un gris de perle insondable.

Cependant, pas un seul des garçons n’admirait le paysage. Peut-être trop habitué à la majesté tranquille et honorable de la région de Johto, loin de l’urbanisée Kanto, de la tropicale Hoenn et de la montagneuse Sinnoh.

-Tu es jaloux parce que moi j’aurais mon resto traditionnel et que toi tu ne trouveras surement pas une seule jolie fille dans ce bled de campagne !

-Dans son genre, Ebenelle est aussi un bled de campagne et pourtant on y trouve quelques belles créatures, répliqua Harry sans monter le ton, comme s’il l’entendait à peine.  

-C’est dommage tout de même de s’être cassé, ils payaient plutôt bien…  

-Tu es stupide Goliath, le tança soudainement Chriss d’une voix glaciale. Le jour où un membre du Clan des Dragons servira qui que ce soit, il se mettra à neiger dans les îles Oranges !

-Il NEIGE parfois dans les îles Oranges, rectifia automatiquement Harry.

-Oh la ferme Harry !

-Pourquoi tu n’es pas content Chriss ? On a réussi à traverser les Caves jumelles et en plus on a plein de fric à dépenser… Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?

Le blond ne répondit pas, écartant avec un froncement du nez la main de Goliath qui s’était posée sur son épaule.

-Il fait la tête parce que Mimiko s’est échappée avant qu’on l’ait ratatinée, expliqua tranquillement Harry en continuant à lire. 

Goliath fronça lui aussi ses épais sourcils à ce souvenir : il avait mis un temps fou à se débarrasser du sable qui s’était logé dans ses yeux.

-C’était pas fair-play de sa part, maugréa t’il.

-« Fair-play » ? Le sommes nous, nous ? Alors pourquoi devrait-elle l’être ?

-Parce que c’est ce que font les gens comme elle.

-Pourquoi j’ai l’impression que tu la défends Harry ? Demanda d’un ton faussement railleur Chriss. Tu la trouves jolie ? Tu es amoureux d’elle ?

Harry se demanda un bref instant ce qu’il se passerait s’il approuvait ces dires qui avaient un rien de candide. Mais il se rendit compte qu’il le savait déjà et n’avait pas particulièrement envie de créer une nouvelle dispute. Il se contenta donc d’un petit rire.

-Disons que j’éprouve une certaine sympathie mêlée de pitié. Parce qu’avoue qu’il y a quand même mieux que d’être dans ton collimateur !

Chriss se contenta d’une moue dédaigneuse, puis regarda la pluie qui tombait comme un rideau devant eux et fronça les sourcils.

-Bon, quand est ce que cette satanée pluie va-t-elle se calmer ? On devrait déjà être au Centre Pokémon !

-Une envie pressante ? Le taquina Harry sans le regarder, mais vas-y, je t’en prie, ça ne gênera personne !

-Non mais ça va p…

-Tiens puisqu’on en parle ! Le coupa brusquement Goliath en se tournant et en baissant son jogging et son caleçon d’un même mouvement.

-Qu’est-ce que vous pouvez être dégoutant… Maugréa Chriss en se détournant, le nez froncé.

Le sourire d’Harry s’agrandit encore plus, mais le blond ne le remarqua pas car il le cacha derrière son magazine.

***

-Alors comme ça tu as aussi un canarticho ?

Cela faisait bien une demi-heure que Snow tenait la jambe à Fabian, bien décidée, apparemment, à apprendre tout ce qu’elle pouvait de lui.

Ou alors n’aimait-elle pas le silence ?

Ou alors était-ce sa façon à elle de maintenir une bonne ambiance au sein de leur petit groupe hétéroclite ?

Mimiko n’avait, quant à elle, pas fait beaucoup d’effort de discussion, ce qui ne semblait pas peiner particulièrement le jeune homme. Elle les écoutait distraitement parler tout en étant attentive à leur environnement, des clapotis de l’eau au bruit de battements d’ailes de Windy et Golan. Elle guettait le bruit bizarre.

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Plusieurs fois elle avait eu l’impression d’avoir vu ou même sentit un mouvement au bord de son champ de vision. Cela pouvait très bien être des pokémons : cette grotte devait grouiller de racaillous, mais ça pouvait tout aussi bien être autre chose.

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Genre un Rocket.

Une partie d’elle trouvait étrangement bizarre d’avoir fait autant de chemin sans être tombé sur l’un d’eux… Même si Fabian s’était occupé de faire le ménage de son côté…

-C’est trop facile… Marmonna-t-elle pour elle.

-Tu as dit Mimiko ? Demanda Snow en tournant la tête vers elle.

-Non, rien…

La petite brune s’arrêta un instant pour se mettre à sa hauteur :

-Je suis bien contente que l’on est rencontré Fabian. Apparemment, il a fait peur à la Team Rocket ! Avec un peu de chance, on pourra sortir sans trop de difficulté de cette grotte et j’arriverais à temps pour aider mes amis !

-Je le souhaite en tout cas…

Snow lui adressa un sourire avant de lever son bras pour permettre à son roucoups de s’y poser un instant.

-Tu sais… J’ai essayé de le persuader d’essayer la coordination, mais vu la grimace qu’il a fait quand j’ai fait pleuvoir une pluie de pétale autour du fouet lianes de Litchi lorsqu’on combattait le gravalanch, je ne suis pas sure qu’il soit fait pour. Pourtant Litchi et moi avons mis plusieurs mois à réussir cette double attaque ! 

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-Une pluie de pétale…

Fabian jeta un coup d’œil vers elles et Mimiko eut du mal à le voir lui si sérieux, presque solennel, entouré de pétales de fleurs roses et retint intérieurement l’éclat de rire que cette image faisait naitre.

-Un problème ? Lui demanda-t-elle en essayant de cacher son amusement.

-Ne restez pas si loin derrière, on ne sait pas ce que la Team Rocket a préparé !

-Je suis sure que la Team Rocket a pris ses jambes à son cou ! Répliqua Snow en allongeant cependant l’allure.

-Je ne suis pas SI intimidant que ça, l’avertit le jeune homme en remontant son gros sac à dos sur ses épaules. Je suis juste tombé sur des novices.

-L’un d’entre eux avait-il un uniforme blanc ? Demanda Mimiko.

-Non, pourquoi ?

-Les uniformes blancs semblent être les chefs.

-C’est bien ce que je disais. J’ai vaincu les nuls.

-Peut-être n’y avait-il que des nuls ? Lança Snow avec espoir.   

Fabian et Mimiko la regardèrent avec scepticisme.

-Bein quoi, on sait pas ! C’est toujours possible !

A peine avait-elle terminée sa phrase qu’un pan du mur derrière eux explosa, faisant s’effondrer toute une partie du plafond.

Réactif, Fabian attrapa chacune des deux filles par une main et les tira afin de leur éviter de se retrouver ensevelies.

Golan et Windy piaillèrent leur indignation en brassant de leurs ailes un air à présent saturé de poussière.

-Qu’est ce qui vient de se passer ? Gémit Snow. Un tremblement de terre ?

-Non, rétorqua Fabian en lâchant les deux jeunes femmes et en cherchant dans le nuage de poussière quelque chose.

-Cela fait deux mauvaises suppositions, fit une voix masculine un peu sèche. Mais une information fausse pour moi aussi puisqu’alors que je m’attendais à un rat, j’en trouve trois.

Mimiko et Snow étaient trop occupées à tousser pour faire attention à la remarque, mais Fabian attrapa quant à lui une pokéball accrochée à son sac.

-Altius ! Tranch’Air !

Un canarticho apparut à ses pieds et après un couac d’assentiment, bondit et fendit l’air de son poireau comme si c’était une épée. Il ouvrit ainsi un couloir dans la poussière que s’empressa de prendre le groupe.

Lorsque l’épais nuage de poussière provoqué par l’éboulement disparut, ils purent aisément détailler l’homme qui se tenait en haut d’un petit promontoire rocheux.

Un peu plus de la trentaine, il était châtain, cheveux courts retenus en arrière par des lunettes d’aviateurs et ce qui frappait le plus dans sa physionomie c’était ses yeux perçants et froids.

Il avait un regard d’oiseau de proie.

Et anecdotiquement il portait un magnifique uniforme blanc frappé d’un grand R magenta sur le torse.

Son uniforme était cependant différent de celui qu’avait pût voir Mimiko à Carmin sur Mer, il ressemblait plus au modèle noire, mais peut s’agissait-il du modèle masculin.

Il eut un petit rire narquois en voyant leurs visages s’assombrir devant son costume, puis ses yeux fixèrent attentivement les trois oiseaux présents.

-Un roucool, un roucoups et… le fameux canarticho. Le premier est trop gras, le deuxième à une aile plus courte que l’autre et le troisième… a une taille ridicule. Je suis déçu.

Chaque pique lancée toucha autant les pokémons que les dresseurs, à part peut-être Mimiko, qui en dehors des circonstances, se seraient bien marrée.

-ROUCOOUUUU ?!?!!! (Comment ça trop « grasse » ?!?!!!) S’indigna Windy avant de s’élancer, prête à lui faire ravaler ses paroles.

-Comment ça Golan a une aile plus courte que l’autre ????? Couina au même moment Snow en regardant son pokémon essayer de garder contenance, mais foudroyant toute de même le Rocket de son regard.

-Canar ! Canartichoo !!!! (On va voir si je suis « ridicule » !!!) Répliqua quant à lui Altius en faisant tourner son poireau comme s’il s’agissait d’un révolver dans les vieux westerns.

-Je me demande bien que ce que vous pouvez bien y savoir pour nous dire ça… Grogna Fabian en avalant difficilement l’injure.

-Au contraire, répliqua l’homme en évitant d’un mouvement Windy. On m’appelle Walker et je suis un spécialiste du type vol. Je vais vous montrer ce qu’est un véritable pokémon oiseau digne de ce nom… MANGETSU ! *

Tout en évitant à nouveau Windy, il lança à son tour une pokéball et de celle-ci sortit un faisceau qui grossit, grossit, jusqu’à prendre presque toute la taille du couloir. Un immense noarfang d’un peu plus de deux mètres apparut alors.

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-Ah oui, quand même… Lâcha Snow d’une toute petite voix tandis que ses compagnons, humains comme pokémons, étaient muets de stupeur.

Bien que conscient de sa supériorité, Walker ne souriait pas, non, il gardait un air concentré, comme un rapace tournoyant au-dessus d’une proie potentielle.

-Maintenant je vais vous prendre vos pokémons et vous chasser d’ici… Mangetsu… Cyclone !

Sans qu’ils s’y attendent, le grand noarfang se mit à battre des ailes, provoquant une bourrasque d’air tellement puissante qu’Altius, Golan et Windy furent soufflés de leurs emplacements, rapidement suivit par Snow et Fabian dont les pieds glissèrent sur la roche avant de trébucher et d’être rejetés en arrière.

Mimiko rattrapa Windy dans ses bras au passage. Elle ferma les yeux et serra les dents en s’attendant à décoller elle aussi de terre.

Mais il n’en fut rien.

Quand la bourrasque la toucha, elle eut une étrange impression, non pas d’angoisse, mais au contraire de confort et de chaleur. Ça lui était étrangement familier, pourtant elle était incapable de dire pourquoi.

Ca ressemblait à un fragment de souvenir, comme quelque chose qu’elle aurait vécu dans son enfance.

Elle ouvrit les yeux.

Elle retint son souffle.

Elle n’était plus dans la caverne, mais elle était comme suspendue dans le ciel et voyait défiler un paysage fait de végétation et de rivières en dessous d’elle. Au loin se tenait deux grandes tours que l’on voyait dépasser des arbres, illuminée par une lumière dorée comme celle des premiers rayons du soleil.

*Oh…*

Elle sentit soudain le vent cesser et le décor disparut en même temps pour ramener celui de la grotte. Ses deux mèches de cheveux qu’elle portait de chaque côté de sa tête retombèrent avec douceur sur ses épaules.

Elle était restée à sa place, Windy toujours dans ses bras et celle-ci semblait la regarder avec un peu d’effroi.

Le noarfang était aussi surpris, quant à Walker il la regardait avec des yeux exorbités.

-Non… Je n’arrive pas à y croire… Pourtant… Murmura-t-il beaucoup trop loin pour qu’elle puisse l’entendre. Le professeur Matsumoto…

Il se secoua et reprit son air concentré, ce qui eut pour effet de sortir Mimiko de sa propre confusion. Elle n’avait aucune idée de ce qui s’était passé, mais elle n’avait pas l’intention de le laisser lui prendre ses pokémons !

Elle rappela Windy qui restait tétanisée, puis fouilla dans son sac :

-Shampoo ! Attaque Flash !!! Ordonna Mimiko en faisant sortir la brebis de sa pokéball.

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Celle-ci, à peine sortie, secoua sa queue dont la boule se mit à briller aussi fort qu’une étoile, éblouissant aussi bien le noarfang que tous ceux qui ne s’y étaient pas préparé.

Cela laissa cependant le temps à Snow, à Fabian et leurs pokémons de reprendre leurs places à ses côtés.

-Qu’est ce qui s’est passé ? Demanda le jeune homme en fixant la brune d’un air un peu réprobateur.

-Oui ! Qu’est ce qui s’est passé ? Fabian et moi avons été expulsés à trois kilomètre et toi tu es restée sur place !!!!

-Certainement pas à trois kilomètres, la reprit sobrement le châtain.

-Je n’en ai aucune idée, mais ce n’est pas le plus important ! Maugréa Mimiko en leur montrant du doigt le noarfang qui réapparaissait alors que la lumière de Shampoo s’affaiblissait.

-OK ! WATSON !!! Appela Snow alors que son pikachu venait se placer devant elle en tapant dans ses petits poings comme un boxeur.

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-Altius… Fit Fabian alors que son canarticho faisait du surplace à ses côtés. Direct Toxik !  

Le gigantesque hibou, encore aveuglé par une lumière que de par sa nature nocturne il préférait éviter, ne vit pas arriver le coup. Le canarticho s’était lancé sur lui, son poireau luisant d’une lueur violette qu’il abattit sur son ventre.

Le noarfang se contenta d’un bref croassement de protestation et tenta de frapper le canard d’un coup d’aile. Celui-ci l’évita sans souci : il fallait dire que sa taille lui imposait un certain handicap en matière de mobilité.

Néanmoins, elle lui apportait aussi certain avantage. Le direct toxik, contrairement à ce qu’avait espéré Fabian, ne l’empoisonna pas, la quantité de poison que pouvait produire Altius étant trop faible pour un corps aussi gros.

-Watson, tonnerre !!! Ordonna quant à elle Snow.

-Shampoo, éclair ! La suivie Mimiko.

Les deux pokémons électriques lancèrent alors leurs jets de foudre sur l’animal. Si l’éclair ne lui fit pas grand-chose, il semblait ne pas apprécier l’attaque tonnerre de Watson.

-Mangetsu, brouhaha ! Intervint Walker.

Le noarfang ouvrit alors large son bec et se mit à pousser de grands cris tonitruant qui firent grimacer ses adversaires et cesser leurs attaques.

-Quel horreur ! Hurla Mimiko en essayant de se boucher les oreilles au mieux.

-Ne vous déconcentrez pas et essayez de viser au même point ! Lança Fabian aux deux jeunes filles. Vous serez plus efficace ! Altius, danse lames !

-Il en a de belles, ne pas se déconcentrer ! Grommela Mimiko qui voyait Shampoo et Watson souffrir encore plus qu’eux de cette attaque sonore.

Pendant ce temps, le canarticho se força à se reprendre et commença à sautiller sur lui-même en faisant de grands mouvements avec son poireau.

-Essayons ! Proposa tout de même Snow en fixant Mimiko d’un air à la fois effrayé et déterminé.

Elle aussi avait peur de se voir prendre ses pokémons.

-Shampoo !

-Watson !

-Essayez de viser le même endroit ! Hurlèrent-elles en même temps.

Les deux pokémons se regardèrent avant de se reprendre et de lancer à nouveau leur attaque.

Malheureusement il était très difficile de joindre les deux charges sur la même cible. D’abord parce que le noarfang continuait à brailler et parce que les deux éclairs avaient la maudite tendance à exploser lorsqu’ils se trouvaient en contact.

-Raah… Grogna Fabian. Oui j’imagine que ça ne marche pas aussi facilement qu’un posipi avec un négapi…

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Il fixait les deux pokémons qui essayaient de faire de leur mieux tout en essayant de réfléchir. Si les deux pokémons n’arrivaient pas à unir leurs forces, la prochaine attaque d’Altius ne servirait pas à grand-chose…

L’attaque brouhaha cessa enfin, leur permettant tous de s’entendre à nouveau penser.

-Mangetsu ! Cessons tout ça ! Hypnose ! Ordonna Walker.

-Noon !

S’ils s’endormaient tous, et il ne doutait pas une seconde que l’attaque lancé par ce maudit Rocket ne soit pas destinée qu’à leur pokémon, ils étaient perdus !

Le cri de Fabian s’entendit à peine au milieu des deux ordres lancés en harmonie par Snow et Mimiko :

-FLASH !!!!

Une lumière aveuglante, provenant cette fois-ci, et de Shampoo et de Watson, envahi la grotte et fit pousser un cri de mécontentement au noarfang et à son maitre. L’attaque hypnose était pour l’instant retardée.

Cela laissait le temps à Fabian d’élaborer une autre tactique : il se tourna vers l’endroit où il savait se trouver les deux femmes :

-Snow, lorsque l’attaque cessera, je veux que Watson utilise son attaque tonnerre sur Shampoo !

-Hein ? Mais…

-Quoi ?!? S’indigna Mimiko.

-Les wattouats sont habitués à absorber l’électricité ! Se justifia Fabian. Il restera ensuite à Shampoo à relâcher cette énergie sur le noarfang. Leurs deux énergies convergeant en un seul point ! 

Il s’empressa de terminer ses explications car le flash était déjà en train de disparaitre.

Snow consulta rapidement Mimiko du regard et celle-ci, bien que terriblement inquiète, hocha la tête.

-WATSON, tonnerre sur Shampoo !

Le pikachu et la wattouat tournèrent de grands yeux étonnés sur leurs maitresses, mais comme elles semblaient décidées, Watson cessa immédiatement son flash et envoya le reste de son énergie sous la forme d’un épais jet de foudre sur la petite brebis.

Celle-ci écarta les pattes sous la violence du choc : même si elle était habituée à être frappée par la foudre, le niveau du pikachu était supérieur au sien et elle n’avait jamais reçu autant d’électricité à la fois et de façon continue. Une faible plainte s’échappa d’elle alors que la toison de laine gonflait et que ses pattes commençaient à trembler.

-Shampoo, ne la garde pas ! Relâche là !  Lui ordonna Mimiko.

Ainsi, l’électricité envoyée à Shampoo par Watson fut aussitôt relâchée sur le noarfang. Celui-ci, qui commençait à peine à retrouver la vue, fut frappé par ce puissant jet d’énergie, qui, cette fois-ci, ne le laissa pas de marbre puisqu’il poussa un cri en battant férocement et inutilement les ailes comme pour se mettre à l’abri.

Cela n’arrêta pourtant pas les deux pokémons électriques bien qu’une bourrasque envahie la caverne et malmena aussi bien le groupe, que Walker qui essayait de reprendre le contrôle de son grand hibou.

Il ne pouvait décemment pas perdre, pas contre ces minis pokémons et pas alors qu’il avait de toute évidence à portée de main une des « œuvres » du professeur Matsumoto !

Pourtant il dût se résoudre à la défaite quand Fabian porta son attaque :

-Altius, aéropique !!

Le canarticho qui venait de booster ses capacités d’attaques s’élança sur le noarfang affaibli et tournant sur lui-même comme une vrille, vint le frapper à la tête.

L’hibou poussa un cri et tomba en arrière, manquant d’écraser de peu Walker qui eut le réflexe de faire un saut sur le côté.

Mangetsu s’effondra sur le dos et sur une dernière attaque éclair et tonnerre combinée, fut mis KO.

-YEAAHHH !!! On a réussi ! S’exclama Snow en bondissant sur son pikachu pour l’étreindre.

Shampoo se laissa quant à elle glisser par terre, épuisée. Mimiko vint s’agenouiller auprès de la petite brebis en lui promettant un soin entier avec massage ce que Shampoo approuva d’un petit bêlement approbateur.

Fabian se contenta quant à lui d’un rapide sourire à son canarticho avant que ces deux-là reprennent leurs airs concentrés et s’élancent vers le noarfang qui était rappelé dans sa pokéball.

Le jet de lumière rouge disparut et laissa à nouveau apparaitre Walker qui semblait passablement en colère, mais pas le moins du monde inquiété du dresseur qui se précipitait vers lui.

Ces yeux s’arrêtèrent un long moment sur la jeune fille brune en train de caresser la wattouat avec regret, avant de faire exploser devant lui une petite balle.

Un nuage de fumée noire enveloppa alors le rocket et obligea Fabian et Altius à s’arrêter.

-JE M’EN SOUVIENDRAIS ! Fit la voix de Walker en sortant du nuage, la main accrochée à la patte d’un grand piafabec.

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Ils s’envolèrent tous les deux à travers un conduit étroit qui devait mener à la surface et disparurent de leur vue.

-NON ! IL S’ECHAPPE !!! S’exclama Fabian en regardant tout autour de lui à la recherche d’un moyen de le suivre.

Snow posa alors sa main sur l’un des bras musclés du garçon :

-Ce n’est pas la peine de le poursuivre, le plus important, c’est qu’il soit parti.

-Mais…

-La police s’en occupera. Sortons plutôt d’ici.

-Je suis d’accord avec Snow, approuva Mimiko. C’est pas la peine qu’on s’attarde plus que nécessaire dans le coin.

A elles deux, elles réussirent à forcer Fabian, dont la déception était flagrante à son air fermé, à les suivre et, plus par un coup de chance que grâce à un plan établi, ils sortirent tous les trois des grottes jumelles.   

Mimiko aurait aimé sauter de joie, chanter le ciel, le soleil et les papilusions, toussa, bref sa joie d’être à nouveau à l’air libre, sauf que c’est des  trombes d’eaux qui les accueillirent.

-Ah non ! J’avais dit que je ne voulais plus voir d’eau de ma vie ! Maugréa-t-elle en regardant la pluie tomber.

-Bon… Moi je vais voir si ce brouilleur a été désinstallé, marmonna Fabian d’un ton un peu boudeur.

-Attends avant ! L’arrêta Snow en tendant ses mains. Vous deux, donnez-moi vos téléphones portables !

Fabian et Mimiko se regardèrent d’un air intrigué et fouillèrent dans leurs affaires pour en sortir l’une son pokématos, l’autre une espèce de téléphone satellite qu’ils lui tendirent sans trop savoir ce qu’elle comptait en faire.

En fait, elle se contenta de brandir son propre portable et avec une exclamation de satisfaction, le ramena contre elle :

-Voila ! Maintenant j’ai vos numéros de téléphones ! On pourra rester en contact !

Les deux personnes devant elle eurent soudain l’immense impression de s’être fait avoir. Mais ils ne pouvaient rien dire devant l’immense sourire de la jeune fille et il était largement plus facile de dire « Au revoir » que « Adieu ».

**

 A travers le visiophone, Lucrezia Noin le regarda tout d’abord avec scepticisme, puis ses yeux d’un bleu d’abysse semblèrent s’adoucir quelque peu.

-En êtes-vous sur Walker ?     

-Je ne pense pas me tromper. Pour moi, il s’agit bien de l’œuvre du professeur Matsumoto, répliqua l’homme sans ciller.

-Alors c’est une piste à ne pas laisser tomber… Même si ça ne signifie pas qu’on le retrouvera, ajouta t’elle en aparté tout en tournant la tête vers l’homme qui venait d’entrer dans la pièce.

Celui-ci avait une haute stature, et comme il était torse nu, une serviette autour de son cou, l’on pouvoir voir les impressionnant muscles qui le formait, ainsi que plusieurs cicatrices ici et là. Avec ses longs cheveux blonds platine qui lui tombaient jusqu’aux hanches, son visage européen régulier et ses yeux d’un bleu de glacier, on pouvait dire que c’était un homme magnifique. Il avait la faculté, rien qu’en vous regardant, de vous imposer le moindre de ses ordres.

Entre autre, songea la femme.

Un voltali se tenait à ses côtés, la fixant lui aussi de ses yeux perçants.

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-Le professeur Matsumoto a laissé des miettes de pain derrière lui, lui déclara-t-elle. Walker est tombé sur un de ses cobayes.

-Il ne l’a pas capturé ? S’étonna le blond avant de fixer son subalterne qui tressaillit un peu. Je suis extrêmement surpris Walker. Vous n’êtes pas réputés pour lâcher les proies que vous avez ferrées.

-Veuillez me pardonner « 6 » ! Elle s’est révélée immunisée au type vol… Auriez-vous été à ma place, vous ne l’auriez pas laissé filer…  

-Je vous l’ai déjà dit Walker, il est malaisé pour un homme de se contenter d’un seul type de pokémon.

-Oui, à présent je m’en souviendrais… Dois-je la poursuivre ?

-Vous êtes dans le Johto en ce moment, n’est-ce pas ? Laissons donc ce privilège à nos chers confrères.

-Mais ? S’étonna Lucrezia.

-Nous avons suffisamment de soucis ici pour nous mettre la deuxième division sur le dos. « 13 » ne serait pas fier de nous…

-Bien, « 6 » ! Je vais prendre contact et leur donner toutes mes données à ce sujet. Et, en dehors de cette histoire… Le chargement arrivera à l’heure.

-Bien… J’aime la ponctualité.

Le visiophone s’éteignit, laissant seul les deux membres hauts gradés de la Team Rocket.

-Qu’il y a-t-il Lucrezia ? Vous semblez contrariée ? S’étonna l’homme en prenant ses mains pour la relever. Vous n’approuvez pas ma décision ?

-Je comprends vos préoccupations, mais nous savons aussi à quel point il est important pour vous de retrouver le professeur après ce qui s’est passé à Cramois-Ile… Je suis sûre que « 13 »…

Elle fut coupée dans sa phrase.

Pendant un instant, elle ne pût rien dire, passant naturellement ses mains dans le dos de l’homme et se laissant embrasser sans opposer aucune résistance.

-Zechs… Lâcha-t-elle d’un petit ton réprobateur quand il la lâcha.

Un autre homme pénétra alors dans la pièce et parut gêné en se rendant compte de ce qui s’était passé. Grand, âgé de la quarantaine, les cheveux châtains ondulés, il s’inclina devant ses deux supérieurs.

-Pardonnez-moi de vous déranger, le challenger vient de gagner contre vos disciples.

-J’arrive Otto, répondit « Zechs » en attrapant un débardeur sur une chaise.

L’homme repartit alors vers le stade en attendant que le champion ait fini de se préparer.

-Je fais peut être parti de la Team Rocket, mais mon père m’a légué cette arène et je me dois de la faire prospérer. C’était une mauvaise idée de s’en servir comme couverture. Maintenant nous le savons.

Lucrezia rougit un peu et se racla la gorge devant ce qu’elle considérait comme SON échec. Battu par un seul dresseur qui plus est. Celui-là si elle le retrouvait… 

-Je vous en prie, n’en faites pas une affaire personnelle ma chère, lui conseilla le champion en fronçant légèrement les sourcils avant de franchir la porte qui menait au stade.

Son voltali, une grande femelle du nom de Raijin la fixa un moment de l’air aussi grave que son maître avant de partir à sa suite.

Lucrezia poussa une petite exclamation dédaigneuse, passant les mains dans ses courts cheveux noirs avant de prendre une autre porte menant à une salle de contrôle d’où elle pourrait observer le combat, très certainement expéditif, à partir des nombreux écrans reliés aux caméra de surveillance.

-« Pas une affaire personnelle », hein ?!? Comme s’il était bien placé pour dire ça…

***

A plusieurs kilomètres de là, quelqu’un d’autre avait le même type de regard sombre, jusqu’à la couleur des yeux, posé sur une série d’écran.

Dans les téléviseurs plats d’une boutique de matériels électroniques d’Azuria on pouvait voir le champion de l’arène de Carmin sur Mer sortir d’un tribunal de Safrania, son avocat l’escortant en faisant de grand signe de dénégation à la presse.

L’image se stoppait sur un plan fixe du grand blond aux yeux de glace et à la carrure digne d’une statue de l’antiquité qui s’apprêtait à disparaitre dans une grosse berline noire. L’image titrait sur une banderole défilante :

Le champion innocenté de l’affaire des Pokémons volés des docks de Carmin-Sur-Mer. - Son avocat indigné : « L’unique fils du Major Bob ne saurait être associé à la Team Rocket ! » - Son fan-club rassuré, le « capitaine » élu pour la 5eme fois champion le plus sexy de tout le Japon. – Les habitants de Carmin-Sur-Mer indignés : « Les policiers sont des incapables ! ».

La canette que tenait fermement le dresseur se tordit entre ses doigts tandis qu’il finissait la lecture des titres et son carabaffe leva la tête vers lui, l’air vaguement inquiet. C’était extrêmement rare que son maître perde son sang-froid.

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-Innocenté ? INNOCENTE ?!?! MAIS TOUT LE MONDE SAIT QUE LE MAJOR BOB TRAINAIT DE SALES AFFAIRES !!! Je n’arrive pas à croire que ce tribunal de vendu est pût le laisser partir alors que tout l’accuse !!!!

Il dût se retenir de ne pas exploser la vitre qu’il avait devant lui. Il s’était tellement investi pour trouver la cachette des Rockets et mettre en lumière leurs petits trafics !

Il se força à se calmer, se disant que ce serait son futur lot : les criminels relâchés. Il jeta un regard à son carabaffe qui le fixait d’un air soucieux.

-Désolé Walther, c’est juste que ça… raah, mieux vaut ne pas y penser.

 

Quoique la police tentait de faire, la mystérieuse Team Rocket restait simplement hors d’atteinte.

 

A suivre…  

 

*Vous vous en fichez certainement, mais au cas où : ça veut dire « pleine lune » en japonais.   

26 octobre 2013

Chapitre 13 : Snow Iodea

Après se retrouver coincé dans un nid de rocket, ce que détestait le plus Mimiko était certainement d’être coincé dans un Centre Pokémon bondé.

Sa complaisance envers les êtres de son espèce, déjà pas particulièrement haute dans une situation normale s’en retrouvait nettement abaissée et si elle n’avait pas eu Snow à ses côtés pour analyser la situation de façon conciliante, elle aurait certainement pété les plombs.

Pauvre infirmière Joëlle qui allait devoir rester ici avec ces gamins qui ne cessaient de râler sans pour autant faire quoique ce soit…

Même si pour le moment, elle était plutôt en train d’essayer de décourager un groupe d’adolescent qui avait prévu de grimper la montagne. Le meneur de l’opération, un brun aux yeux vairon que ne quittait pas un caninos, semblait cependant décidé à lui tenir tête.  

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-Ce n’est pas pour rien que les caves jumelles ont été creusées ! La façade nord de la montagne est beaucoup trop abrupte pour être franchie à pied ! Il vous faudrait tout un équipement d’alpinisme !

-Rien ne nous empêche d’essayer, c’est toujours mieux que de rester ici.

-Si l’un d’entre vous a un accident…

-Ca n’arrivera pas ! On va tous veiller les uns sur les autres !

-Silver a raison, reprit un autre ado, si on voit que c’est trop dangereux, on pourra toujours faire marche arrière !

Mimiko haussa un sourcil face à cette discussion. Si elle avait été joueuse, ce qu’elle n’était pas, elle aurait parié sur l’échec de cette expédition.

D’un autre côté, elle jugeait la côte plutôt basse pour la réussite de leur propre mission.

Réussir à entrer dans les caves jumelles n’étaient pas tout, encore fallait-il qu’elles arrivent à en sortir ! Et avec la Team Rocket sur place, ça ne risquait pas d’être une balade de santé.

-D’après ce qu’on dit, le brouilleur de la Team Rocket est surement installé en haut de la montagne. Ce serait génial s’ils arrivaient à le débrancher, déclara quant à elle Snow en fermant son sac.

Elle s’était entièrement changée et semblait plus que motivée à affronter les évènements. Ses yeux vert eau brillaient tandis qu’elle prenait un pikachu dans ses bras.

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-Je vois que tu as récupéré tes pokémons, remarqua Mimiko qui en avait fait de même. Tu es prête à partir ?

-Plus prête que jamais ! Affirma-t-elle. Allons passer au nez et à la barbe de la Team Rocket !!!

Et elle prit la direction de la sortie du Centre.

-M’est avis que ce ne sera pas le plus difficile… Marmonna pour elle-même Mimiko avant de la suivre.

**

-Mais… Mais… ! Je suis sûre qu’il était là ! Je reconnais ce rocher en forme de nez ! Il ne peut être que ici !!!!

Mimiko s’abstint de tout commentaire en regardant la jeune fille et son pikachu fouiller les lieux dans tous les sens à la recherche de son tunnel. C’était la troisième fois qu’elle affirmait qu’un lieu était le bon sous prétexte que tel rocher ou telle plante lui faisait penser à quelque chose.

Pour elle, le rocher désigné par Snow ne ressemblait pas vraiment à un nez, mais elle ne pouvait pas vraiment l’aider dans ses recherches puisqu’elle n’était pas avec elle quand elle l’avait trouvé la première fois. 

-Regarde bien Watson ! Il doit être caché par un buisson ! Fit Snow à l’adresse de son pikachu.

Celui-ci releva la tête vers elle et approuva avant de disparaitre dans le buisson, ne laissant dépasser de lui que sa queue en forme d’éclair.  

-On devrait peut-être essayer autre part ? Proposa à tout hasard Mimiko, considérant que chaque centimètre carré de cette zone avait été fouillée.

La tête de Snow surgit alors d’un grand buisson, l’air embêté.

-Je ne comprends vraiment pas. Je suis sûr que c’était ici. Je reconnais le nez et la forme en zigzag et…

Elle ne continua pas, n’ayant pas envie d’affirmer à sa nouvelle camarade de route qu’elle avait un sens de l’orientation déplorable. Si elle n’avait pas confiance en elle, Mimiko pourrait ne plus avoir envie de l’accompagner et elle ne tenait pas à rentrer dans cette grotte toute seule.

-Bon… Bein je suppose que c’était plus loin… Se résigna-t-elle avec un sourire avant d’essayer de s’extirper du végétal.

Elle chercha à passer un pied en dehors, mais son manteau s’accrocha à une branche et, déséquilibrée, elle s’étala par terre dans un petit cri d’étonnement.

-Est-ce que ça va ???? Fit la voix de Mimiko alors que Snow rouvrait les yeux qu’elle avait fermés par reflex.

-Oui tout va bien ! Affirma-t-elle automatiquement alors qu’elle essayait de se relever au milieu de cet amas de branchage.

Watson apparut alors et renifla son visage d’un air inquiet :

-Pika ?

-Oui, oui, ça va !

Elle se retourna et choisit de ramper pour sortir du buisson. C’est alors qu’elle se retournait pour dire à son pokémon de la précéder qu’elle aperçut le trou dans la roche.

-IL EST LAAAA !!!!! S’exclama-t-elle en se dépêchant de sortir, apparaissant sous les jambes de Mimiko qui s’était approchée, inquiète.

-Qu’est qui est là ?

-Le trou ! Enfin l’entrée ! Elle est petite mais je pense qu’on peut tout de même y rentrer !

En effet, bien caché par le buisson se trouvait une cavité à moitié dans la roche et dans la terre.

Le trou semblait plonger vers le bas, sans que l’on puisse en voir la fin et Mimiko comprenait d’un coup pourquoi Snow n’avait pas voulu y aller toute seule.

-C’est à peine aussi grand qu’un terrier de lapin…

-Oh oui, reprit Snow avec amusement, comme dans Alice au pays des merveilles !

-Je ne pense pas que ce que l’on va trouver en bas sera merveilleux, répartit Mimiko. S’il faut, on pourrait même se retrouver bloquées… Les parois semblent lisses… Je pense que c’est l’eau de pluie qui a dû creuser ce passage.

-On… On y va alors ?

-Au point où on en est… Fit doucement la plus âgée qui devait y avoir réfléchit longuement pendant les recherches acharnées de Snow.

Elle retira son sac à dos et le sera contre elle avant de lever la tête vers sa compagne de route :

-Quand je serais arrivé en bas, je t’appellerais pour te dire si oui ou non tu peux venir. Si tu n’entends rien au bout de, disons, quinze minutes, ne tente pas le coup…

-Pourquoi ? S’insurgea la jeune fille.

-Ca voudrait dire que la chute m’a tué et que ce serait stupide de ta part de m’imiter, expliqua platement Mimiko.

Snow l’attrapa alors par la manche :

-Attends, pourquoi ce serait à toi d’y aller la première ? Tu sais… Je peux y aller !

Mimiko lui fit une pichenette sur le front avec un grand sourire :

-Tu es courageuse, mais ce n’est pas négociable.

Sur ce, elle se laissa tomber dans le trou.

Elle entendit le cri d’effroi de Snow alors qu’elle glissait le long de la paroi, essayant de garder les yeux ouverts, le visage crispé.

Oui ce n’était pas négociable… La jeune fille avait toute une famille qui l’attendait, des amis… Alors que plus rien n’attendait Mimiko.

Sa mort ne serait donc pas préjudiciable car la seule personne qui tenait à sa vie n’était autre qu’elle-même. Et elle n’aurait pas à pleurer de sa perte.

Ca avait un quelque chose de libérateur de ne pas avoir la responsabilité de sa vie vis-à-vis d’autres personnes…

Pendant un petit moment de flottaison, Mimiko se rendit compte qu’elle oubliait quelque chose.

Quand ça lui revint, elle poussa un juron… Et elle jaillit hors du trou.

Le juron se mua en un plus gros encore quand elle réalisa qu’elle aurait dû savoir ce qu’il y aurait sous le trou. Elle l’avait dit elle-même !

CREUSE PAR LA PLUIE !

La jeune femme n’eut pas d’autre choix que de tomber dans le lac souterrain qui se trouvait en dessous d’elle.

Comme elle s’y attendait, l’eau était glaciale et elle s’empressa de remonter à la surface, la perçant dans une profonde inspiration. Elle nagea aussitôt vers le bord du lac et en sortit, frissonnant de tous ses membres et les dents claquant.

Elle fit rapidement sortir Hien et lui demanda de faire apparaitre ses flammes pour la réchauffer. Celles-ci étaient tellement chaudes qu’elle se sentit rapidement mieux et pût appeler Snow en lui demandant si elle savait nager.

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Elle n’eut pas de réponse, et elle s’inquiéta de ce que la distance fut trop grande pour que la brunette l’entende. Peut-être devait-elle demander à Windy de remonter la chercher ?

A ce moment elle entendit un bruit et la jeune fille apparut à son tour du plafond. Elle n’avait sans doute pas compris son allusion au fait de savoir nager car un couinement sortit de sa bouche juste avant sa disparition dans le lac. 

Mimiko serra les dents de compassion, avant d’aider Snow qui réapparut pas loin du bord, la peau encore plus pâle qu’elle ne l’était en naturel.

-C..ce.cette eau eest est est glaçééééé !!!! Lâcha-t-elle en se précipitant elle aussi aux côté du pokémon feu.

-Je suis désolé j’aurais dû le prévoir… Mais heureusement qu’elle était là, je n’aurais pas aimé atterrir sur du caillou : J’ai déjà assez de bleus sur le corps…

-M..moi non plus ! 

Sans avoir même à s’accorder, elles s’autorisèrent une petite pause le temps de faire sécher leurs habits.

-Tu as une idée de ce qu’on va faire maintenant ? Demanda Snow en regardant autour d’elle.

La caverne où elles se trouvaient était presque entièrement remplie d’eau, hormis le bout de rocher sur lequel elles se trouvaient. Vaste et haute de plafond, on pouvait voir à la faveur de la lumière projetée par les flammes, des nosferaptis accrochées entre les stalactites. Sur la paroi qui leur faisait face se trouvait une ouverture, seule sortie, mais elle aurait exigée de nager jusqu’à elle, ce à quoi Mimiko ne tenait pas après un premier bain.

Pourtant elles n’avaient pas trop le choix…

-Je pense qu’on est descendue trop bas, il faudrait remonter au niveau des ouvertures disons « normales ». Malheureusement, je ne vois pas d’autres chemin que ce trou dans la paroi là-bas, déclara t’elle en tendant le bras vers elle d’un geste impuissant.

-Oh ce n’est pas un problème ça ! Répliqua Snow, les yeux pétillants.

-Comment ça ? S’étonna son ainée alors qu’elle se levait pour se diriger vers le bord.

-Je vais te présenter une de mes « armes secrètes » : Baltica ! Viens faire trempette !

D’une pokéball qu’elle venait de sortir jaillit un rayon rouge qui s’installa sur l’eau avant de grossir au point de dépasser sa maitresse. Un très joli chant accueillie l’apparition de la grande lokhlass qui se mit aussitôt à se mouvoir dans cette piscine géante.

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-Je pense qu’elle apprécie, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas sortie dans un endroit aussi adaptée pour elle.

-Ouah, elle est magnifique…

-Ouiiii ! Je l’adoooore ! Enfin j’adore tous mes pokémons, mais c’est sans aucun doute Baltica que j’ai eu le plus de mal à capturer et son apparition sur scène fait toujours son petit effet !

La lokhlass retourna vers le bord en entendant son nom, poussant affectueusement sa coordinatrice du bout du museau. Mimiko la fixait émerveillée, avec la furieuse envie de la toucher mais n’osant pas le faire.

-Si tout le monde est prêt, on peut grimper sur son dos ! Annonça Snow en attrapant son sac.

Mimiko rappela alors Hien qui n’aurait pas apprécié de voyager sur l’eau et l’obscurité envahit les lieux.

-Zut, j’avais pas pensé à ça… Réalisa-t-elle.

-Pas grave, répliqua Snow en sortant une autre de ses pokéballs.

C’était Watson, son pikachu.

- Watson, illumine-nous ! Demanda t’elle et la souris jaune commença à faire grésiller ses joues avant de se mettre à briller d’une lueur dorée.

-Comment fait-il ? S’étonna Mimiko alors qu’ils montaient tous sur le dos carapace du pokémon eau, Watson sur sa tête pour les éclairer, comme s’il était le capitaine du navire.

-Pika ! Pika ! Lança-t-il en se mettant sur ses pattes arrière, avant de vite se remettre à quatre pattes quand Baltica se mit à nager.  

-C’est l’attaque « Flash ». Cela permet à certains pokémons d’émettre de la lumière, répondit Snow. Si tu as un pokémon électrique, il peut surement l’apprendre.

-J’en ai un.

-Alors je te montrerais. Par contre ce n’est pas une attaque offensive, utilisée en combat elle fait juste baisser la précision de l’adversaire qui est éblouit.

-Ca peut quand même être utile… Déclara Mimiko en songeant à son combat contre Chriss.

Shampoo n’avait rien pût faire pour éviter l’attaque de son crocrodil et elle s’était retrouvée dans une situation délicate… Même si ça ne lui plaisait pas, il allait falloir qu’elle se mette sérieusement à travailler avec ses pokémons. Et pas juste faire mumuse avec eux…  

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Baltica traversa le mur et elles se retrouvèrent dans un long tunnel. Les caves jumelles devaient être reliées à la mer car Mimiko remarqua plusieurs fois l’ombre d’un tentacool passant fugitivement sous eux et le long des parois, des krabbys plongeaient sous l’eau en les voyant arriver.

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Ils débouchèrent finalement dans une grotte plus vaste et nimbée d’une légère brume. Mimiko regrettait de ne pas avoir son manteau, car il faisait bien plus froid qu’à l’extérieur et en restant immobile elle commençait à perdre la chaleur que son feurisson lui avait insufflée. Elles furent de toute façon obligées de mettre pied à terre lorsque le groupe se retrouva coincé devant une chute d’eau.

-Bien… Il nous faut trouver un moyen de grimper maintenant… Annonça Mimiko alors que Watson sautait à terre et que Snow rappelait son lokhlass.

C’était facile à dire, mais aucune des deux brunes ne voyaient d’ouvertures, particulièrement avec les nappes de brouillard qui les entourait.

-Tu as un pokémon qui connait Anti-brume ? Demanda Snow.

-Pas à ma connaissance…

A vrai dire, elle ne connaissait même pas cette attaque et elle réalisait de plus en plus à quel point ses connaissances étaient lacunaires. Si Snow n’était pas là pour l’aider, elle n’aurait jamais réussi à arriver jusqu’ici. Il fallait qu’elle se rattrape, quelle trouve une idée utile…

-Oh je sais ! S’exclama-t-elle en sortant la pokéball de Windy de son sac.

La roucool apparut au-dessus d’elle, observant les lieux avec étonnement car elle ne s’attendait pas à débarquer dans une caverne.

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-Windy, peux-tu chercher une ouverture qui nous mènerait à un niveau au-dessus ? Autre que celle de la cascade évidemment…

Mimiko lui lança un regard implorant car elle savait à quelle point sa roucool méprisait les missions qui n’impliquait pas de combattre. Et celle-ci était effectivement prête à rentrer dans sa capsule pour y faire un somme.

Toutefois un autre pokémon apparut dans la grotte, envoyé par l’autre humaine qui s’y trouvait et Windy oublia totalement cette idée.

Devant ses yeux apparut un roucoups qui battit des ailes d’un air supérieur tout en lui adressant un regard en coin.

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-Quelle bonne idée je vais envoyer aussi Golan, ce sera plus rapide ! Approuva Snow.

Aussitôt, Windy partit en flèche faire le tour de la caverne. Il était tout simplement hors de question que ce roucoups mâle trouve en premier une ouverture !

-Bein je l’ai jamais vu aussi motivée… S’étonna Mimiko, les yeux ronds, alors que Golan partait à son tour en reconnaissance.

-Ah oui ?

Watson, lui, roula des yeux avant de se gratter une oreille. Golan avait déjà l’habitude d’en faire trop, du genre à se montrer irréprochable, mais ils avaient trouvé pire…

Très rapidement, Windy annonça sa découverte en revenant vers eux, essayant de ne pas paraitre épuisée alors que c’était le cas, et les conduisit à travers le brouillard vers une paroi de la grotte. En haut se trouvait une cavité qui ne serait pas extrêmement facile d’accès.

-Tu es sûre que ça mène quelque part ? Demanda Mimiko à Windy alors que celle-ci se rengorgeait face au roucoups.

En réponse, la roucool se retourna brusquement vers elle et lui tira une mèche de cheveux pour la punir de son manque de confiance.

-Bon je suppose que ça veut dire oui… Grommela la brune en lui reprenant d’autorité ses cheveux, puis se retournant vers Snow : Tu veux qu’on cherche un autre accès ou tu te sens de tenter celui-là ?

-Oh… Eh bien, ça n’a pas l’air insurmontable, non ?

-Non…  

Et encore moins avec le pokémon adéquat… Songea Mimiko. Cherchant la pokéball la plus lourde de son sac, elle fit sortir Maximus. Il lui faudrait cependant passer le moins de temps possible dehors vu que l’atmosphère de la grotte était très humide.

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Le grand serpent de roc n’était pas aussi haut que le plafond mais il pourrait les élever jusqu’à l’ouverture.

-Tu veux bien ? Demanda-t-elle à sa grosse tête qui lui faisait face et comme il l’inclinait de façon à ce qu’elle monte dessus, elle conclut qu’il n’y voyait pas d’inconvénient.

Il se grandit alors et au passage, Mimiko attrapa la main tendue de Snow pour l’inviter à la rejoindre avec son pikachu.

Les deux oiseaux les suivirent à travers l’ouverture et le groupe pût ansi rejoindre l’étage superieur.  

Après avoir rappelé l’onix dans sa pokéball, Mimiko, Snow et Watson marchèrent un long moment dans un tunnel étroit d’où suintait des gouttes d’eaux qui parfois atterissait sur leur tête.

A chaque fois que c’était le cas, la jeune femme grinçait des dents et Snow finit par s’arrêter pour fouiller dans son sac et coller d’autorité un bonnet sur la tête du pikachu et de son ainée, avant d’affirmer, ravie :

-Voila ! Comme ça vous serez protégés !  

-Chu ?

-…

Mimiko n’osa pas affirmer que les bonnets ça ne lui allait PAS DU TOUT, mais bon, qui irait les voir dans cette grotte déserte ?

-C’est ça qui est bien quand on voyage à plusieurs, c’est que lorsqu’on a besoin de quelque chose, on trouvera surement un ami pour nous aider !

-Un ami ? Reprit Mimiko alors que Snow la dépassait.

Celle-ci se retourna tout en continuant à marcher, un petit sourire un peu timide sur ses lèvres :

-Bein oui, toi et moi, on est maintenant amies, non… EHH…AAAHHH !!!!

Sa jolie phrase fut détruite alors qu’elle trébuchait sur un rocher qu’elle n’avait pas vu et moulinait désespérément des bras pour garder son équilibre.

Golan, son roucoups, attrapa aussitôt le col de son manteau pour essayer de l’aider, mais c’est Mimiko en lui tirant le bras en arrière qui la remit sur ses deux pieds.

-Regarde là où tu mets tes pieds, lui ordonna t’elle.

-Merci… Tu vois, tu m’as aidée !

-C’est ton pokémon qui a volé en premier a ton secours, répliqua la jeune femme en fixant l’oiseau. Je pense qu’il vaut mieux leur faire confiance. Les humains ne sont pas très fiables.

-Mais toi, tu n’es pas comme ça, non ? Et moi je ne le suis pas non plus ! La contredit Snow. En tout cas je ne le pense pas !

-Peut être penses-tu cela en ce moment, mais les gens changent avec le temps.

La jeune file s’assombrit et regarda un point sur le mur

-Ca… Je le sais. Mais… Je préfère regarder la lumière et laisser les ombres là où elles sont. Ca ne sert à rien de s’inquiéter de ce qui va se passer, il vaut mieux avancer sinon on reste toujours sur place. ALORS AVANCOOONNNS !!!!

-A mon avis on ferait mieux de camper ici pour la soirée, on est fatigué et je préfère être en possession de toutes mes forces si l’on doit rencontrer la Team Rocket.

En disant cela, elle fixait Watson qui à force de maintenir l’attaque flash, était adossé sur un mur, l’air morose.

-Chuuuu… 

Snow le considéra à son tour et approuva en s’asseyant à ses côtés.

-Bonne idée !

Les deux dresseuses s’installèrent donc au milieu du couloir, et comme il n’y avait pas de bois, c’est sur le dos de Hien, pas forcément très ravi, qu’elles firent chauffer une brique de soupe trouvées au fond du sac de la plus jeune.

Pendant ce temps-là, les autres pokémons mangeaient chacun du côté de leurs maitresses, se jetant de temps en temps des regards méfiants et curieux.

Maximus étant resté dans sa pokéball, du côté de Mimiko, il n’y avait que Windy et Shampoo, mais de l’autre, il y avait bien sur Watson, le pikachu, Golan le roucoups, Baltica la Lokhlass, mais aussi une noctali nommée apparemment Zelda, un caninos appelé Hélios et tout prés de sa maitresse, qui en réalité était assise contre sa très grande stature, une meganium qui répondait au nom de Litchi.

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Son long cou était penché sur la tête de Snow, protectrice et attentive.

-C’est ton premier pokémon ? Demanda Mimiko alors qu’elle retirait la petite marmite du dos de son propre starter, qui, content d’en être débarrassé, alla se caller contre elle et se rouler par terre comme pour se masser le dos.

-Oui, j’ai reçu Litchi à l’âge de douze ans, affirma celle-ci en levant la main pour flatter son doux cou à la peau souple.

-Alors tu es originaire de Johto.

-Non, ma famille habite Sinnoh, dans le nord. Et effectivement, normalement, j’aurais dû me rendre au laboratoire du professeur Sorbier, mais comme il se trouvait très loin de l’endroit où j’habite, je n’y suis pas allé dès que j’ai reçu mon formulaire à 10 ans… En plus… A l’époque je ne savais pas encore ce que j’avais envie de faire plus tard ! Mon père m’a toujours dit qu’il valait mieux que je le sache avant de choisir mon pokémon. Il s’est par la suite trouvé qu’en dernière année de primaire(*), nous avons fait un voyage scolaire culturel à Johto. La classique voie des temples… Rosalia, Mauville, les Chutes Tohjo et Ebenelle… Et pour aller à Tohjo, on a fait une escale à Bourg Geon où on a visité le laboratoire du professeur Orme. C’est là-bas que j’ai eu Litchi.

-Tu savais alors ce que tu allais faire ?

-Non, mais elle était si mignonne !!!! C’était un coup de foudre. C’est au collège que j’ai découvert les concours. J’ai commencé à y participer tout en suivant mes études… Et puis je ne suis pas allé au lycée, j’ai décidé de me concentrer uniquement sur la coordination… De toute façon, je n’étudiais pas assez pour pouvoir passer les concours d’entrées au lycée. Tu dois bien l’imaginer…

-Euh pas vraiment non… En fait je suis née en France et j’ai fait toute ma scolarité là-bas. Il n’y a pas vraiment d’examen de passage entre le collège et le lycée, juste un truc qu’ils appellent le « brevet » et qui est plus là pour valider ton année.

-Ah ! Non, je ne savais pas ! Euh… Je veux dire, on voit bien que tu n’es pas uniquement japonaise, mais comme c’est mon cas aussi… Alors tu viens de France… Tu es là depuis quand ?

-A peine trois mois.

-Ooh… Ca fait pas longtemps. Et tu te plais ?

-Tu veux dire entre la Team Rocket et les différentes bizarreries causées par les pokémons ? Lâcha Mimiko avec un petit sourire moqueur.

-Euh oui c’est vrai que là on n’a pas de chance !

-Non, sinon, c’est clair que ça me plait ici. Je ne regrette pas une seconde ma décision même si parfois c’est dur.

Elle frôla du bout des doigts le poil encore brulant de Hien, l’air pensif, plongeant son regard mélancolique dans les yeux grenat de son ami.

Snow les observa un instant, silencieuse, puis sembla se rappeler quelque chose et se pencha sur son sac pour en fouiller les méandres et en sortir un petit appareil avec un petit boitier.

-J’allais oublier ! Je t’avais dit que je te montrerais pour Flash !

-Qu’est-ce que c’est ? Demanda Mimiko en prenant l’appareil.

Ça ressemblait à une sorte de baladeur CD comme on n’en voyait plus depuis longtemps, ces derniers étant remplacés par les lecteurs MP3. Elle devait cependant remarquer que l’emplacement pour placer les disques était plus petit et s’ouvrait de façon latérale et qu’à la place d’écouteurs se trouvait quatre fils se terminant par des espèces de ventouses.

-C’est un lecteur de capsule. Tiens regardes ! Fit-elle en ouvrant un boitier qui contenait plusieurs petit CD, c’est ça des capsules. Il y en a deux sortes : des capsules techniques et des capsules spéciales. La différence entre les deux c’est que les premières ne s’utilisent qu’en tant que mouvement de combat et que les deuxièmes permettent de faire d’autres choses comme transporter des personnes, illuminer les lieux ou bien dissiper le brouillard.

-Tu veux dire que ces CD sont des attaques ?

-Non, elles contiennent la connaissance d’une attaque. Si ton pokémon est branché au lecteur de capsule, il apprendra automatiquement l’attaque et saura aussitôt l’utiliser comme s’il l’avait toujours connu. A condition bien sûr qu’il soit compatible avec l’attaque. Tu veux qu’on essaie avec ton wattouat ?

Mimiko se tourna vers Shampoo qui, ayant terminée de manger, était en train de se déhancher « subtilement » devant Watson sous les ricanements de Zelda et l’attrapa par les pattes arrière pour la trainer jusqu’à elles.

-Viens là Shampoo, que tu te rendes un peu utile !

La brebis bêla son mécontentement d’être tirée de son public, qui ne put que s’accroitre lorsque Snow et Mimiko lui collèrent des électrodes sur la tête.

-Allez c’est juste pour un moment, et puis tu verras, je suis sure que ça te plaira de briller comme un lumignon de noël ! L’amadoua Mimiko pour qu’elle se tienne tranquille et surtout ne leur envoie pas une attaque électrique.   

-Wattou ??????

Snow s’empressa d’insérer la CS flash dans le lecteur et de lancer le CD.

Aussitôt, Shampoo cessa de froncer du museau et se redressa surprise, le regard fixé vers quelque chose qu’elle seule semblait voir.

-Ca y est, elle est en train d’assimiler l’attaque ! Affirma la coordinatrice avec un soupir de soulagement.

La petite brebis se crispa alors, relevant la croupe en faisant balancer la boule qu’il y avait sur sa queue. Des filaments électriques passèrent le long de sa toison de laine de l’avant vers l’arrière et le joyau commença à briller jusqu’à ce que la lumière prenne de plus en plus d’ampleur, éclairant les parois de la caverne sur plusieurs mètres.

Puis, petit à petit, le phénomène inverse se produisit et l’obscurité reprit ses droits.

Le voyant vert du lecteur de capsule passa au rouge et le cd fut aussitôt éjecté.

-Voila, c’est terminé, affirma Snow en retirant les ventouses de la tête du wattouat.

Celle-ci s’ébroua, ne comprenant pas vraiment ce qui venait de se passer même si sa maitresse la caressait affectueusement, comme pour la réconforter et lui promettait un soin complet dès qu’elles seraient sorties de cet endroit.

Devenant toute joyeuse à cette idée, Shampoo poussa un bêlement enthousiaste avant de s’échapper des mains de Mimiko pour repartir discuter avec Zelda la noctali, et puis, par la même occasion, continuer à flirter avec le superbe pikachu qui se trouvait dans le coin et qui, contrairement à Hien, semblait comprendre comment se jouait ce jeu.

Ce dernier en était tout à fait satisfait car elle lui laissait ainsi sa paix et sa dresseuse.

Les deux humaines, quant à elles, ne restèrent pas longtemps à parler et recherchèrent vite la chaleur de leur sac de couchage.

Avant de fermer les yeux, Mimiko, fixant l’obscurité, fit une prière muette pour que tout se passe bien demain.

Ce n’était qu’une intuition, mais elle était certaine qu’ils allaient, d’une façon ou d’une autre, rencontrer la Team Rocket… Et par voie de fait, devoir l’affronter.

****

Elle montait.

 

Elle ne savait pas pourquoi elle franchissait marche après marche, mais il y en avait toujours d’autres devant elles.

 

Et le son cristallin d’une clochette.    

****

-Je ne vois personne, affirma Mimiko en scrutant la zone où elle et Snow venait de déboucher.

Il faisait beaucoup moins sombre ici, de nombreux puits de lumière éclairaient les roches et faisaient miroiter les étendues d’eau.

-Tu crois qu’on est arrivé en haut ? Demanda sa compagne en chuchotant.

Qui disait « en haut », disait forcement « rocket », c’est pourquoi les deux jeunes femmes usaient de précaution extrême depuis qu’elles avaient repris leur marche.

Ainsi, à part son estomac qui réclamait à haut cris de la nourriture, Mimiko n’entendait que le bruit régulier des gouttes d’eau qui dégringolaient des stalactites et des bruissements que faisaient les pokémons aquatique en s’approchant de la surface des lacs.

De l’eau, de l’eau et encore de l’eau. Elle n’aspirait qu’à ne plus voir une seule gouttelette quand elle sortirait d’ici.

- Surement, répondit-elle au bout d’un moment tout en s’extirpant silencieusement du trou dans le sol, avant de tendre la main à Snow pour l’aider à en faire autant.

Windy et Golan passèrent au-dessus d’elles, s’improvisant éclaireur afin de leur éviter les mauvaises rencontres.

-Euh… D’après toi, de quel côté doit-on aller pour trouver la sortie ? Lança Snow en regardant autour d’elle.

Mimiko devait avouer qu’elle ne le savait pas et essaya de faire un plan mental de leur avancée avant de hausser des épaules :

-Essayons de prendre le couloir de droite…

Elles se mirent ainsi à marcher le long d’une muraille rocheuse qui s’ouvrait à de nombreuses reprises, comme un labyrinthe.

-On dit que pour sortir d’un labyrinthe, il faut poser sa main sur un mur et toujours le suivre, lâcha Mimiko alors qu’elles tournaient.

-Il n’y avait pas plutôt une histoire de fil ?

-Aussi, mais je ne me promène pas avec une bobine de fil… On apprend aussi la mythologie grecque dans les collèges japonais ?

-Bein oui, pourquoi on ne le ferait pas ?

Mimiko ne répondit pas car leurs deux oiseaux s’agitèrent soudain, ayant repéré quelque chose.

Une ombre massive apparut soudain et les jeunes femmes sortirent leurs pokéballs, prête à agir.

*Ca y est… Je savais qu’on y échapperait pas…* Maugréa Mimiko intérieurement.

Le propriétaire de l’ombre apparut soudain et un jeune homme fit irruption dans leur travée. Il ne semblait pas particulièrement étonné de les voir, mais il ne s’attendit pas à ce que deux pokémons oiseaux lui tombent dessus, toutes serres et becs sortis.

-EH ! Mais que… ?!?

Elles s’aperçurent cependant vite qu’il ne portait pas l’uniforme de la Team Rocket et ordonnèrent à Windy et à Golan de le laisser tranquille.

-Restons prudente, murmura quand même Mimiko à Snow. Tous les Rockets ne portent pas forcément d’uniforme…

Non, elle en connaissait trois qui n’en portaient pas en tous cas…

L’inconnu leva les mains :

-Du calme, je ne vous veux aucun mal !

De taille normale, il était habillé d’une tenue plutôt sportive et portait un immense sac à dos de randonnée. Une chose est sure : il n’était pas là en touriste comme elles ! 

Il ne semblait pas non plus japonais bien que Mimiko ne pouvait dire clairement de quel pays occidental il venait. En tout cas, son japonais était parfait, pas comme le sien.

-Qui es-tu ? Demanda Snow en s’avançant légèrement.

-Juste un randonneur. J’avais le projet de traverser cette grotte pour me rendre à Ecorcia mais…

-Oui, la Team Rocket… Comment as-tu fait pour arriver jusqu’ici, tu les as payé ?

L’homme eut l’air vexé, mais il répondit d’un ton posé tout en gardant ses distances avec la petite brune :

-Non, ça fait deux jours que je dégage tous ceux qui sont sur mon chemin ! Je suis à la recherche de leur chef pour mettre fin à leurs occupations une bonne fois pour toute ! Il y a des gens et un Centre Pokémon qui ont besoin d’aide !

-Nous le savons, nous en venons, déclara la coordinatrice.

-Et vous, comment vous vous êtes retrouvées ici ?

-On est passé par un conduit qui n’était pas gardé… Jusqu’ici on n’a rencontré personne.

-Vous avez eu de la chance, conclut-il avant de se détourner pour reprendre son chemin.

Mimiko était restée en retrait et silencieuse durant toute la conversation. Elle n’avait pas très envie de se faire trahir, c’est pourquoi elle apprécia mentalement le départ de l’inconnu et soupira, tout aussi mentalement, de désespoir quand elle vu que Snow n’avait pas l’intention de le laisser partir.

-ATTENDS ! On pourrait faire le chemin ensemble ! Nous aussi on se rend à Ecorcia !!!

Le jeune homme tourna la tête, l’air embêté et dût affronter le redoutable sourire Snowien qui arrivait même à faire fondre l’asociale qu’était Mimiko.

Du coup il en devint gêné et l’air plein d’espoir de Snow s’intensifia, rendant toute possibilité de refus impossible.

C’aurait été comme ignorer l’appel de détresse d’un adorable chaton dans un vieux carton, sous la pluie.

Il soupira.

-C’est dangereux de me suivre, annonça-t-il.

Et après avoir dit ça, il se mit à fixer intensément Mimiko comme si elle avait le pouvoir de trouver un bouton off à la kawaïtude de sa camarade. Celle-ci lui renvoya un regard sombre et il abandonna la bataille.

-Bon… Très bien… Lança-t-il d’un ton maussade comme s’il savait qu’il allait vivre un calvaire.

-Génial ! Au fait moi je m’appelle Snow ! Snow Iodea. Mon amie c’est Mimiko. Et toi, comment tu t’appelles ?

-… Fabian Borel…

-Enchanté Fabian ! Ca te dérange pas que je t’appelle par ton prénom ? Tu peux m’appeler Snow !

Après un mouvement de tête désapprobateur, Mimiko leur emboita le pas et fit signe aux deux pokémons oiseaux, qui ne savaient pas comment se comporter, de continuer eux aussi.

-Tu as VRAIMENT éliminé tous ces Rockets ? Demanda la coordinatrice impressionnée, … D’ailleurs tu en as battu combien ? Deux ? Quatre ?

-Six, deux solos et deux binômes. J’ai l’impression que les plus faibles se promènent toujours par deux et ils avaient à peu près tous des nosferaptis ou des smogos…Répondit Fabian d’un ton un peu bourru.

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-Je me demande bien pourquoi…

-Les nosferaptis ça se trouve facilement. Tiens rien qu’en levant la tête on pourrait en attraper un… Quant aux smogos…

-…Ce sont des bombes vivantes, répondit sombrement Mimiko à sa place tout en baissant les yeux car le jeune homme la regardait à présent.

-On dirait que tu as déjà eu à faire à eux…

-Oui. Une fois. A Carmin sur Mer, approuva la dresseuse. Et je n’en ai pas de très bon souvenir…

-Tu ne me l’avais pas dit ! S’étonna Snow. Et tu les as battus ?

-Pas moi. Un garçon qui était là aussi.

-Ooooh un garçon, tu m’en diras tant ! Il était mignon ?

La question, posée ici, en plein milieu d’une grotte, alors qu’ils étaient en proie au moindre Rocket qui passait par là, prit Mimiko au dépourvu.

-Euh… Mignon ?

Elle essaya de se reconstituer une image mentale du dresseur au carabaffe, mais il lui restait plus des impressions que des détails précis. En tout cas, mignon n’en faisait surement pas parti.

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-…Plutôt du genre intimidant.

-Intimidant moche ou plutôt intimidant beau ?

-Euh…

Une fois encore Mimiko resta à court de réponse, se demandant bien en quoi le fait qu’un type qu’elle ne reverrait surement jamais soit plutôt beau ou plutôt moche pouvait intéresser Snow ????

Mais à bien y repenser, il était plutôt du type intimidant beau…

-Je ne me souviens pas qu’il était moche en tout cas… Eluda-t-elle rapidement en passant une main dans ses cheveux pour cacher sa gêne.

-Aaah… Et du coup, comment il s’appelle ? Tu as son numéro ?

Aïe, troisième question piège. Mimiko était déchirée entre la foudroyer du regard ou s’enterrer vivante quelque part. Mais en même temps, pourquoi diable aurait-elle prit son numéro ????

-… Je… Je ne sais pas.

- Comment ça tu ne sais pas ? Tu ne t’es pas présentée ?

-Euh… Pas à mon souvenir…

Le regard désapprobateur de Snow fut très éloquent et Mimiko se mit à bouillir de honte.

-La… La situation ne s’y prêtait pas !

En plus il devait la prendre pour une prostituée. Aïe ça y est : relent de honte. Manquait plus que ça. Dire qu’elle avait enterré ce souvenir avec minutie et qu’il ressortait comme un zombi dès qu’elle se remettait à parler de l’épisode de Carmin sur Mer !

-Tu pense que c’est un coordinateur ? Si c’est le cas, je le connais surement et je pourrais arranger ça.

QUOI ? Mais Mimiko n’avait pas envie qu’on arrange quoi que ce soit !

-Je ne pense pas qu’il le soit ! Lâcha précipitamment Mimiko.

-Oh… dommage… Soupira Snow d’un air triste, avant de se retourner subitement vers Fabian qui avait stratégiquement fait en sorte de se tenir à l’écart de cette discussion qui ne le concernait en rien et qui éprouvait à présent une vive inquiétude justifiée en la voyant s’intéresser à nouveau à lui : Et toi, t’as une copine ?  

Un grognement inextinguible et une exclamation indignée de Mimiko (« Il ne s’est rien passé entre ce garçon et moi ! ») arrivèrent en même temps aux oreilles de Snow, de sorte qu’elle ne pût rien comprendre, à part qu’elle était entourée de deux oursarings mal léchés.

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Cependant, comme pour sauver les deux ours en question, un pokémon tomba brutalement du plafond dans une gerbe de roche et leur bloqua la route dans un mouvement délibéré de défi :

-GRAVAAAA !!!!

Le gravalanch déplia ses quatre bras et serra ses points en passant un regard peu amène sur les dresseurs.

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-Sortez vos pokémons ! Eau ou plante peu importe ! Ordonna Fabian avec un geste de recul pour s’éloigner du pokémon roche. Et priez pour qu’il n’utilise pas destruction !

Dans le même mouvement, il attrapa une des pokéball attaché à son sac à dos et la lança. Un tartard apparut alors devant lui et se plaça immédiatement de façon à le protéger. Snow fouilla dans son sac et fit sortir Litchi, la méganium, qui poussa un doux son d’avertissement en déployant son cou.

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Mimiko resta perplexe.

Eau ou plante ?

Le plante, elle l’élimina d’office. S’il y avait bien un type qu’elle savait bien ne pas avoir, c’était bien celui là. Bon, maintenant eau.

Feurisson, feu.

Roucool, vol.

Onix, disqualifié d’avance.

Wattouat, électrique.

… Elle n’avait QUE des types inefficaces contre les pokémons roches !

Ah mais non ! Réalisa-t-elle en sortant du fin fond de son sac à dos une pokéball. Elle la lança et celle-ci fit une belle arabesque sous les yeux de Fabian et Snow, avant de toucher le sol et de libérer… La magicarpe.

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Il y eu un instant de flottaison où celle-ci se tortilla de toute ses forces par terre, où même le gravalanch semblait se demander si c’était une blague et où Snow et Fabian tournèrent doucement la tête vers la jeune femme avec, l’un l’air exaspéré, l’autre perplexe.

-T’es pas sérieuse là ? Demanda Fabian.

-Beiiin… C’est un pokémon eau… Non ?

Snow comprit aussitôt la gravité de la situation, fonça sur le magicarpe, l’attrapa dans ses bras, avant de chopper Mimiko au passage et les éloigner toutes les deux pour tenir une réunion au sommet.

Elle mit le poisson dans les mains de Mimiko :

-Ecoute c’est pas grave si tu le savais pas. C’est vrai que magicarpe est un pokémon eau… Mais… Mais, il n’a qu’une seule attaque en tout et c’est TREMPETTE. Ca ne sert à rien, ça n’a aucune utilité, je n’ai d’ailleurs jamais vu personne arriver à le placer en concours ! Mais c’est pas grave, tu sais, je pense que Fabian et moi on peut très bien s’en sortir tout seuls. Profites en pour te reposer ou je sais pas quoi…

Elle y allait avec des pincettes, après l’avoir éloigné de Fabian comme pour ne pas la mettre mal à l’aise, comme si elle et Mimiko avaient une discussion d’ordre gênante, et non pas au sujet d’un simple magicarpe.

Après ce discours où Mimiko sentit grandement la condescendance, Snow repartit vers le combat en la plantant là avec son poisson.

La jeune femme ne dit rien et se contenta juste de déposer son pokémon dans l’étendu d’eau à côté avant de s’accroupir à côté de la berge pour broyer du noir.

-Je viens de me faire mettre à l’écart, je suis aussi inutile que toi ! Parla-t-elle à sa magicarpe, puisque les autres étaient beaucoup trop occupés à retenir un gravalanch furieux.

La magicarpe sortit la tête de l’eau et se mit à la regarder en ouvrant et fermant la bouche.

Mimiko, la fixa, elle aussi dépitée.

-Tu sais quoi… Je trouve que tu ressembles à la grenouille de l’anime Magical Doremi… Et tu es aussi inutile qu’elle. Je crois que je vais t’appeler Majo Rika…

De l’autre côté de la scène, le tartard avait réussi à bloquer deux des bras du gravalanch tandis que Litchi avait ligoté l’autre côté de ses lianes.

La boule de roche semblait tout d’un coup très agacée de ne plus pouvoir bouger et ses reliefs se mirent à briller d’une lueur rouge menaçante.

-POLUX ! hurla Fabian pour prévenir son tartard.

Celui-ci compris le message car d’un regard entendu avec la meganium, ils soulevèrent la masse du sol et l’envoyèrent voler dans le lac.

Un BOUM assourdit retentit et une colonne d’eau s’éleva avant de s’effondrer à nouveau.

Une partie de la flotte retomba tout de même sur Mimiko qui se trouvait au bord de l’eau.

-Je DETESTE cette attaque… Maugréa-t-elle en rappelant Majo Rika dans sa pokéball et en sortant Hien pour se sécher.

-Désolléééé !!!! S’exclama Snow en s’apercevant du désastre et en courant vers elle, trébucha sur une pierre lancée naguère par le gravalanch et refit une imitation d’un ventilateur pour ne pas tomber, avant d’être sauvée in extrémis par Golan et une liane de Litchi.

-Pas ta faute, répondit Mimiko en levant les yeux au ciel, plus amusée qu’autre chose.

-Bon, est ce qu’on peut y aller MAINTENANT ? Demanda Fabian.

-Deux minutes, je sèche ! Râla Mimiko en s’approchant le plus possible des flammes du feurisson.

-Pff, c’est pour ça que voyager avec des filles… marmonna-t-il pour lui-même et Polux, les mains dans les poches, en donnant un coup de pied dans une pierre.

-Tu as dit ?

-RIEN DU TOUT ! Rectifia t’il avant de réfléchir deux secondes, et de traverser la distance qui le séparait de Mimiko pour s’asseoir pas très loin d’elle.

Une fois Snow remise d’aplomb sur ses deux pieds, elle s’installa entre eux deux et ne pût s’empêcher de sourire.

Une petite équipe était née !

 

(*) L’école primaire au Japon va jusqu’à l’âge de 12 ans.  

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4 août 2013

Carte du Japon

carte japon copie

Les régions des jeux pokémons sont inspirées de véritables régions. Ainsi je me suis amusée à les placer au dessus des zones concernées. La plupart comme vous le voyez ont été inspirées de lieux au Japon, mais deux autres régions sont d'inspiration états-unienne et celle qui doit sortir prochainement est inspiré de tout le nord de la France avec un bout de Belgique.  

1 août 2013

Chapitre 12 : Jour de disette

NOTE AVANT CHAPITRE: A l'occasion de ce chapitre j'ai lançé un tirage au sort sur le site pokémon de prépublication de Version Or. Il s'ageissait de proposer un dresseur pour accompagner originellement le temps d'un chapitre l'héroïne (au final pendant 3). C'est ainsi que fut choisi le personnage de Snow Iodea (dont je mettrai la présentation, telle quelle m'a été donnée à la fin de ce chapitre.). D'autres persos de ce concours font aussi des apparitions rapides.

 

Disclaimer time : En raison d’un concours que j’ai organisé, je tiens à signaler deux personnages qui appartiennent à des membres de Pokébip:
Lolsebca Azuliott qui appartient à Lolsebca
Snow Iodea qui appartient à SushiMaki

 

Des nappes de brouillards voilaient le bas des montagnes et le ciel était à présent tout à fait couvert de nuages gris. Cela inquiétait Mimiko car depuis deux jours qu’elle campait, le temps n’avait pas cessé de se dégrader. Elle pressentait plus ou moins qu’il allait se mettre à tomber des trombes d’eau d’une seconde à l’autre, même si le ciel semblait lui-même dans l’expectative.

Elle espérait sincèrement qu’elle pourrait se mettre à l’abri le moment venu mais elle se trouvait toujours dans cette espèce de plaine humide entourée de petites montagnes, s’approchant de plus en plus de celle qui cachait l’horizon. D’après son pokématos, la ville d’Ecorcia se trouvait de l’autre côté mais elle n’y serait surement pas ce soir.

Se contentant de suivre le principal chemin, elle n’avait pas imaginé une seule seconde en quittant Mauville que ça lui prendrait autant de temps à pied.

Qui plus est, en solitaire, car elle avait eu pitié de Hien qui piétinait avec dégout dans la gadoue et ne cessait de regarder les nuages avec inquiétude. Elle l’avait fortement encouragé à retourner dans sa pokéball.

C’était un pokémon de chaleur, de sol ferme et solide.

Plus conçue pour ce type de terrain se trouvait Shampoo, sa wattouat, mais quand elle avait voulu l’inviter à faire le chemin à ses côtés, la petite brebis avait apparemment considéré ses précieuses et jolies petites papattes trop délicates pour ce sol couvert de boue.

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Et comme pour en rajouter à son désespoir, son ventre s’était remis à jouer le trop habituel chant de la faim. Elle devait néanmoins noter à ce sujet que c’était la première fois depuis qu’elle était au Japon qu’elle avait assez d’argent pour s’acheter un festin mais PAS une boutique en vue pour le faire !

Observant le niveau de nourriture qu’il lui restait, elle avait été obligée de se rationner, elle, Hien et Windy.

Si elle ne se faisait pas trop de souci pour Windy qui, elle le savait, ajoutait elle-même quotidiennement des chenipans, des aspicots et autres insectes à son menu, elle s’en voulait d’infliger ça à Hien qui, bien que n’en disant rien, devait aussi avoir faim.

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Raison de plus pour qu’il ne se fatigue pas inutilement et reste bien au chaud dans sa pokéball.

Quant à Maximus et Shampoo, ils avaient tout ce qui leur fallait dans la plaine : terre et herbe.

-Je commence à comprendre pourquoi le professeur Orme n’avait pas envie de faire ça lui-même…

Refusant de se laisser aller à ses habituelles pensées moroses, elle força le pas pour commencer l’ascension de la montagne le plus vite possible.

Néanmoins, elle s’avouait sa propre incompétence : en bonne fille de la ville, elle était incapable de trouver de la nourriture en pleine nature. Chasser ? Trop affreux. Cueillir des fruits ? Elle ne connaissait pas ceux qu’elle trouvait sur sa route.

Son seul réconfort était de constater qu’à force de marcher, elle était devenue plus endurante. Peut être même avait-elle maigrie car elle flottait un peu dans son jeans ?

S’arrêtant au bord d’une rivière, elle fixa son vague reflet.

Comme souvent, elle avait l’impression de regarder une étrangère. C’était toujours la même histoire, même après être arrivé dans ce pays, elle restait confrontée à son problème d’identité.

Qui était-elle ?

Pourquoi était-elle née ?

Son existence avait-t-elle un intérêt pour les autres ?

Avait-t-elle un intérêt pour elle ?

Elle savait qu’elle ne trouverait pas toutes les réponses à ces questions en retrouvant son père, mais peut être aurait-elle la chance de se sentir mieux…

…Ou peut être était-ce le contraire qui l’attendait ?

Elle était morte de peur à l’idée d’être rejetée. Parce qu’elle n’était pas l’enfant rêvée… parce qu’elle n’était pas particulièrement intelligente, spirituelle ou belle… Et parce qu’elle n’était pas quelqu’un de joyeux.

Combien de fois lui avait-on reproché d’être trop sombre, de ne pas savoir s’amuser ou de ne pas sourire ou rire ?

-Je ne vois pas l’intérêt de sourire ou de rire si je n’en ai pas vraiment envie… Déclara-t-elle à son double dans l’eau avant de se détourner et de continuer sa route.

Ses fulminations intérieures contre sa propre personne eurent l’effet positif de lui donner plus d’énergie que nécessaire, ainsi que de lui faire oublier pendant un instant sa faim, et elle commença à escalader la montagne en milieu d’après-midi.

Se retournant un instant pour reprendre son souffle, elle contempla la vallée noyée dans des nuages bas et se dit qu’elle avait évité de peu l’orage. Des éclairs de lumières illuminaient de temps en temps cette couverture grisâtre et elle songea que les troupeaux de wattouats devaient s’en donner à cœur joie pour récupérer la foudre.

-Je suis content d’être ici plutôt que là bas ! Annonça une voix masculine.

Mimiko chercha d’où venaient la voix et avisa un peu plus loin un vieil homme qui pêchait.

Elle s’apprêtait à passer sans lui répondre quand elle avisa son grand sac remplit de différentes cannes à pêche.

Elle ne pouvait peut être pas chasser, mais elle pouvait peut être pêcher ?

Quittant la route, elle grimpa le long de la rivière pour s’approcher de lui. En guise de salutation, il inclina légèrement la tête et elle en fit de même.

-Monsieur, excusez-moi de vous déranger, mais je me demandais si à tout hasard vous accepteriez de me céder une de vos canne à pêche contre un peu d’argent ?

Celui-ci haussa des sourcils et releva de la main le chapeau qu’il portait :

-C’est que ça coute cher une canne à pêche mademoiselle et ce n’est pas aussi facile à utiliser que ça…

Mimiko dût apparaitre penaude car le pêcheur lui adressa un grand sourire avant de fouiller dans son sac et d’en sortir une chose qui aurait pût passer pour un jouet d’enfant. C’était à peine un bâton où étaient accrochés une ficelle et un hameçon. 

Néanmoins, comme ça restait mieux que rien, elle l’accepta avec bonheur, surtout qu’il la lui offrait gratuitement. Prenant congé du pêcheur après s’être vaguement intéressée à ses prises, elle continua son escalade pour se trouver un endroit tranquille où s’installer.

Sachant qu’elle en aurait surement pour un moment, elle libéra ses pokémons et leur demanda de faire un feu en prévision de ses futures prises de pêches. Après quoi, elle lança d’un air déterminé sa ligne et s’assit en tailleur au bord de l’eau, fixant l’endroit où flottait son hameçon.

Derrière elle, Windy, Hien, Maximus et Shampoo se mirent à l’ouvrage et eurent vite fait d’allumer une belle flambée.

Hien attendait avec impatience un apport de nourriture. Pour la première fois de sa vie, il avait assez faim pour penser à manger de l’herbe, de plus, il aurait aimé se tenir près du feu car il détestait l’humidité de l’air en ces altitudes. Mais malheureusement pour lui, il passa les heures suivantes à s’enfuir avant de se cacher derrière les anneaux de Maximus.

Celui-ci, surpris, releva la tête de son festin et fixa le feurisson plaqué par terre.

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- Que se passe-t-il ?

-C’est Shampoo ! Gémit Hien. Aides-moi Maximus, elle ne veut pas me lâcher !

-Comment ça ?

-Elle me colle et manque de m’électrocuter au passage ! Elle n’arrête pas de me demander si je la trouve jolie ! Toi qui as de l’expérience, dis-lui de me laisser tranquille !

-Euuuh… Fit l’onix qui eut l’air confusément gêné. Je ne suis pas vraiment habitué aux femelles…

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-Mais tu parles bien à Windy !!!

-Oui mais…

Avant de continuer, Maximus regarda autour de lui pour être sure que la roucool ne se trouvait pas dans les parages.

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-…Windy n’est pas vraiment une fille... Enfin, pas du genre de Shampoo en tout cas…

Le feurisson le regardait d’un air sceptique.

-Tu sais… Les femelles roches ne sont pas très compliquées. Quand elles veulent des œufs elles se manifestent et puis elles vous laissent tranquille… Maugréa Maximus d’un ton bourru.

Hien était scandalisé par ce qu’insinuait le grand pokémon roche :

-Mais je veux PAS faire des œufs avec Shampoo !

-Euh oui bon…

-Ah ça non, beurk !

Il n’en dit pas plus car Shampoo arrivait justement en bondissant d’un air innocent et joyeux vers eux.

Hien s’aplatit encore plus sur le sol et jeta un regard suppliant à Maximus.

-Bonjour Maximus ! Commença d’un air enjoué la wattouat. Tu n’aurais pas aperçut Hien ?

En peu de temps, elle avait réussi à se dégager une place dans l’équipe. Il fallait dire que Windy ne pouvait pas faire grand-chose contre elle et que ses piques glissaient sur la jeune brebis comme de l’eau sur les plumes d’un couaneton. Soit Shampoo refusait de lui accorder de l’importance, soit elle ne les comprenait pas et donc ne les prenait pas mal.

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Quoique fut la réponse, Windy avait abandonné l’idée de prouver sa supériorité face à elle, ce que Hien trouvait assez étonnant.

Face à l’adorable minois de la wattouat, Maximus s’éclaircit la gorge pour changer de sujet :

-Ecoutez mon enfant, je sais que ce n’est pas immédiatement visible, surtout après son évolution, mais Hien est encore jeune… Trop jeune pour se reproduire, alors cela ne sert à rien de le poursuivre de vos assiduités…

-Je sais ça, répliqua Shampoo. Mais je m’en fiche. Je le trouve mignon.

Après quoi elle s’éloigna en continuant à bondir gaiement.

-Tu vois ce que je dois subir ? Demanda le feurisson en se redressant et en sautant par-dessus les pierres de l’onix.

-Oui, je comprends mieux… Désolé de n’avoir rien pût faire.

-Au moins elle s’est éloignée… Je vais pouvoir rester auprès de Mimiko.

Il courut aussitôt rejoindre sa maitresse. Il ne voulait pas l’avouer, mais il n’aimait pas le fait que Shampoo les ais rejoint. Non content de l’embêter, elle avait la mauvaise habitude de monopoliser Mimiko, demandant à être brossée, lavée, décorée de rubans ou de barrettes, et ça tous les jours. Et la jeune femme semblait l’apprécier…

Bon d’accord il était jaloux. Mais après tout, jusqu’ici, Mimiko était entièrement à lui et elle était l’humaine qu’il avait choisi.

Il vint se glisser sous son bras alors que la brune désespérait d’attraper quoique ce soit de comestible.

-Je suis sûre que ce pêcheur s’est moqué de moi ! Affirma-t-elle à Hien. Depuis tout à l’heure je ne pêche que des magicarpes ! Mais je ne peux pas manger un pokémon !

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Hien ne pût alors empêcher son ventre d’émettre un long gargouillis. Mimiko baissa les yeux sur lui et son visage prit un air peiné.

-Je suis désolé mon ami… C’est à cause de moi si tu as faim… Mais j’y pense, si moi je ne peux pas manger de magicarpe, toi tu le peux…

Un ancien adage, dieu seul savait pourquoi elle le connaissait, comme gravé dans sa mémoire, disait : « Les pokémons aux pokémons ». Cela signifiait que seuls des pokémons avaient le droit de dévorer des êtres de leur espèce. Apparemment, manger du pokémon rendait malade les humains… Par contre les pokémons carnivores pouvaient sans problème se repaitre d’hommes. Ils semblaient donc placés tout en haut de la chaine alimentaire par celui qui les avait créés : Arceus.

Cependant, bien qu’elle l’ignorait, manger de l’homme était aussi un tabou chez les pokémons…  

Pour le moment, elle se réjouit lorsque la ligne de sa canne se tendit brutalement, preuve qu’elle avait attrapé quelque chose. N’ayant rien pour remonter le fil, elle tira dessus de toutes ses forces pour expulser… un nouveau magicarpe sur la terre ferme.

Sauf que cette fois-ci, elle ne le remit pas à l’eau, le laissant s’agiter dans tous les sens en de vifs mouvements désespérés. Il ne faisait strictement rien pour se défendre alors qu’il était pourtant un pokémon aquatique et feurisson lui tourna autour d’un air intéressé.

C’était la première fois qu’il avait une proie vivante sous les yeux et il ne savait pas trop par quel bout la prendre. Il finit par l’immobiliser de ses pattes et ouvrant largement la gueule, croqua dedans.

Il retira vite ses crocs de surprise.

Cette chose était aussi dure que de la pierre !

-Feuri…ssoooon… Gémit-il plaintivement à Mimiko qui observait tout cela d’un air étonné.

Le magicarpe semblait encore plus énervé maintenant qu’on avait essayé de le manger. Il battait furieusement des nageoires et elle n’arrivait pas à l’attraper pour le relâcher, puisqu’apparemment, cette bestiole était aussi inutile vivante que morte…

Et sur ce, déboula Shampoo au triple galop qui, voyant son Hien apparemment malheureux, jugea le seul autre pokémon du lieu coupable et le bombarda d’une attaque éclair.

Ainsi, après avoir été mâchouillé, le pauvre magicarpe fut simplement électrocuté et mis KO sur le coup.

Mimiko baissa les bras, désespérée.

-Wattou ? (Bein quoi ?) Fit la brebis en se collant amoureusement à Hien qui s’écarta rapidement.

-Ca se passe de commentaire Shampoo…

Celle-ci se déplaça à nouveau près de Hien, suivit aussi rapidement d’un nouvel éloignement de sa part. Et ainsi de suite jusqu’à ce que le petit mâle jette l’éponge et accepte d’avoir par la suite le pelage hérissé par l’électricité statique. 

Mimiko se pencha sur le pokémon eau qui présentait un état critique et comprit que le remettre dans l’eau précipiterait juste sa mort. Poussant un immense soupir, elle se résigna à l’enfermer dans une pokéball pour essayer de le maintenir en vie jusqu’au prochain Centre Pokémon. Elle le relâcherait ensuite car elle n’avait que trop l’expérience des compagnons non voulu.

4 pokémons qui l’accompagnait et qu’elle appréciait, c’était largement suffisant.

En bref, pour résumer sa journée : la pêche, ce n’était pas non plus fait pour elle !

Elle était vraiment bonne à rien !

***

Le matin suivant, Mimiko partagea ses derniers restes de nourritures et dû se contenter d’un fond de riz. Devant ce constat, elle réalisa qu’elle n’avait pas vraiment le choix : il lui fallait impérativement arriver à Ecorcia ce soir et donc traverser le plus vite possible ce fameux tunnel dont lui avaient parlé les scientifiques des Ruines Alpha et qui passait sous la montagne.

Malheureusement, comme rien n’était facile dans la vie il fallut qu’elle aperçoive au loin, arrivant sur son chemin, deux personnes habillé d’un uniforme qu’elle aurait pût reconnaitre entre cent. Aussitôt elle plongea à l’abri d’un arbre et d’un rocher.

-Oh nooon… La Team Rocket…

La policière l’avait pourtant prévenue quand elle était entrée dans la vallée, mais elle avait voulu croire ce coin trop paumé pour intéresser une bande d’escrocs des villes. Après tout, le paysage n’avait rien à voir avec la clinquante Carmin Sur Mer. 

Que pouvaient-ils bien faire ici ????

Elle se figea en les entendant approcher. Apparemment, ils n’avaient pas eu le temps de la voir, trop occupés à discuter entre eux.

Leurs costumes entièrement noir, seulement orné du R magenta, semblaient indiquer qu’ils n’étaient que de simples sbires, donc relativement moins dangereux que cette folle en costume blanc accompagné d’un raichu.

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Cela ne signifiait cependant pas qu’elle allait se montrer et se battre contre eux : elle préférait éviter les ennuis.

-J’arrive pas à croire qu’on s’est fait battre par ces dresseurs… Soupira l’un d’eux alors qu’ils passaient prés de sa cachette. Ils avaient l’air plutôt faible… A part le grand costaud…
-On s’en fiche puisqu’au final Walker nous a donné l’ordre de rejoindre le QG avec les pokéballs qu’on aura pût récupérer.

-Je me demande ce qu’ils avaient dans la tête pour vouloir voir notre boss… 

-Arrête de te prendre la tête avec ça.

-Ils m’inspirent pas confiance c’est tout !

-C’est à Walker d’en décider. En attendant je me demande où on avait planqué le jet…

La réponse de son compagnon se perdit dans le vent alors qu’ils s’éloignaient.

Mimiko se releva et rejoignit la route prudemment. Elle l’avait échappé belle et pourtant, la discussion des deux sbires l’intriguait.

-Je me demande de quoi ils parlaient…

Secouant la tête pour s’ôter la pensée de devoir faire quelque chose à ce sujet, elle écouta plutôt les plaintes de son estomac et continua à grimper la montagne.

Elle avait plus urgent : traverser les Caves Jumelles !

Le chemin devint de plus en plus pentu au fur et à mesure qu’elle prenait de l’altitude et la végétation se raréfiait. C’est parce qu’elle se concentrait sur chaque pas qu’elle faisait pour éviter de trébucher qu’elle fut surprise lorsqu’elle fut apostrophée par une voix bien connue :

-Oh mais regardez qui voilà ! Si ce n’est pas sainte Mimiko ?!

Relevant la tête, les yeux lançant des éclairs, elle aperçut son trio détesté devant l’entrée d’une grotte.

Chriss Harry et Goliath s’y tenait de façon décontractée comme s’ils faisaient une pause. Cependant l’endroit était étrange et peu confortable pour ça.

-Je ne suis pas une sainte, démentit-elle. Qu’est-ce que vous faites plantés là ? C’est l’entrée des caves jumelles derrière vous ?

-Tout à fait Mi-chan, ton sens de l’observation est toujours aussi excellent, ironisa Harry en se décollant de la paroi rocheuse où il se tenait.

La jeune femme se mordit l’intérieur de la joue de contrariété. Ils semblaient avoir envie de se moquer d’elle aujourd’hui… Malheureusement, pour cette chose-là, elle n’avait pas changé depuis le collège, elle manquait toujours atrocement de répartie pour se défendre. Dire qu’elle avait pensé qu’en grandissant, elle fréquenterait des gens intelligents et n’aurait plus à s’inquiéter de ça… 

-Arrêtez de vous moquer de moi. Je ne suis pas vraiment d’humeur là. 

-Wooouh, fit Goliath d’un faux air de peur, mais c’est qu’elle nous menace là… Cette petite souris !

Si Mimiko sentit monter l’envie de les noyer dans le premier plan d’eau venu, le sourire de Chriss s’agrandit aux dires de son compagnon. Et depuis qu’elle le connaissait, la brune avait très clairement décidé qu’elle préférait le voir renfrogné que souriant.

Il se leva du rocher où il était assis d’un bond souple et remit derrière son épaule ses longs cheveux blonds.

-Ca tombe bien parce que si tu as l’intention d’entrer dans cette grotte, il faudra nous payer l’entrée… 500 pokédollars !

Mimiko retint un petit cri à l’énoncé du montant.

-Mais ça va pas ? Au nom de quoi je vous paierais une somme pareille ! Les caves sont pas votre propriété que je sache ! Et si vous avez envie de recommencer votre trafic de Ville Griotte, vous exagérez vraiment cette fois-ci !

Les trois hommes la laissèrent leur faire la morale, sans rien dire, un air amusé sur leur visage, puis Chriss reprit la parole :

-Non, ce n’est pas vraiment comme à Ville Griotte, même si pour nous, l’intérêt est le même : combattre et monter l’expérience de nos pokémons. Mais cette fois-ci nous ne le faisons pas en notre nom, mais en celui de la Team Rocket ! C’est pourquoi si tu n’es pas capable de nous payer, nous te prendrons tes pokémons !

La jeune femme n’en croyait pas ses oreilles. Non… Ses trois-là étaient peut-être du genre à faire chier le monde mais de là à intégrer la Team Rocket…

-Ah ah ah, vous vous êtes bien moqué de moi pour aujourd’hui, mais là je suis plutôt pressée alors…

-Tu ne nous crois pas ? Très bien dans ce cas… Crocrodil à l’attaque !

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Alors que Mimiko faisait mine de s’approcher pour entrer dans la grotte, il lança sa pokéball en l’air d’où en sortit son crocodile bleu qui claqua de ses puissantes mâchoires.

Mimiko fronça des sourcils et regarda successivement Chriss, Harry et Goliath. De toute évidence, ils ne plaisantaient pas…

-Vous avez perdu la raison ou quoi ? Intégrer la Team Rocket ? Cette bande de voleurs sans foi ni loi, ces criminels ! Je ne pensais pas que vous tomberiez si bas !

-Tu peux penser ce que tu veux, répliqua Chriss, mais si tu veux passer, tu vas être obligé de nous battre !

-Vous êtes trois contre moi, c’est injuste.

-C’est ça qui est bien avec la Team Rocket, c’est qu’on est pas obligé d’être fair-play. Harry ! Goliath !

Ses deux amis envoyèrent à leurs tour leurs pokémons de façon à entourer Mimiko et de l’empêcher de fuir. Elle eut la surprise de découvrir un teddiursa à sa droite et un nosferapti à sa gauche.

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-Oh ça, j’ai l’impression que l’uniforme des rockets vous ira à ravir… Maugréa-t-elle avant de lancer ses propres pokémons au combat.

A ce sujet, elle réservait une petite surprise de sa part à Chriss…

-Shampoo, Windy, Hien ! Venez m’aider !

Son wattouat vint alors se placer devant le crocrodil, tandis que Hien affronterait le petit ourson et Windy s’occuperait de la chauve-souris.

-Oh, mon dieu ! Mimiko a capturé un petit mouton, comme c’est trop mignon ! S’exclama Chriss en prenant une voix niaise.

-Le petit mouton, il est électrique ! Répliqua Mimiko, SHAMPOO, ECLAIR !

La petite brebis ne se le fit pas redire deux fois et envoya un jet de foudre sur le pokémon eau. Le crocrodil se retrouva entouré d’une lumière jaune alors qu’il n’avait pas fait un geste pour l’éviter. Mimiko exultait intérieurement, mais l’air détendu de Chriss l’obligea à chercher ce qui n’allait pas.

Lorsque l’attaque cessa, Crocrodil était toujours debout et se contenta de s’ébrouer comme s’il venait juste de se faire chatouiller. L’attaque n’avait pas eu beaucoup d’effet !

*Mais c’est un pokémon eau… Il devrait craindre l’électricité…*

Un rictus narquois se forma sur les lèvres de Chriss tandis que Harry et Goliath s’esclaffaient.

-Oh mon dieu, quelle attaque terrible… Crocrodil et moi en sommes tout décoiffés ! De toute évidence, ma chère Mimiko, il y a une abime entre mon niveau et le tien… Crocrodil, Crocs Glace !

La jeune femme eut à peine le temps de comprendre son erreur que le crocodile s’élançait, beaucoup plus rapidement que la dernière fois qu’elle l’avait vu à l’œuvre, la mâchoire ouverte sur des petits pics de glace.

-Shampoo ! Evite-le !

La différence de niveau… Voilà ce qui lui avait fait défaut ! Crocrodil était beaucoup plus fort que Shampoo. Et il n’y avait rien d’étonnant à cela puisque les trois garçons passaient leurs temps à combattre, quand elle passait son temps à EVITER les dresseurs !

-Nosferapti ! Etonnement ! Lança Goliath.

-Teddy, attaque feinte !

Mimiko resta un instant interdite en comprenant que les autres l’attaquaient aussi. Il lui fallait gérer trois pokémons en même temps et elle s’en savait incapable. De plus, ils n’étaient même pas dans son même champ de vision !

Elle se retourna vers Hien :

-Vive attaque !

Il fallait déboussoler le teddiursa pour que sa feinte n’arrive pas à le toucher.

-Teddy Croco larme !

*Quoi ?!?!*

Elle était en train de se tourner vers Windy quand Harry avait changé d’ordre, et Hien, déboussolé par le petit pokémon qui se mettait à fondre en larme, cessa sa vive-attaque. En même temps, elle entendit le cri de souffrance de Shampoo qui n’avait pas pût échapper à son adversaire et donc les crocs s’étaient enfoncé dans sa queue qui se recouvrait petit à petit de glace.     

Windy se prit en pleine figure l’attaque étonnement et déroutée, sans ordre, se mit à fuir la chauve-souris violette.

-Vampirisme ! Ordonna Goliath.

-Combo-griffe ! Lança Harry.

-Morsure ! Fit Chriss.

Mimiko ne contrôlait alors plus rien. Elle était totalement paniquée.

-Shampoo ! Eclair ! Fais le te lâcher, Hien ! Flammèche ! Windy tornade !

Shampoo lança éclair, mais la glace qui recouvrait les dents du crocrodil le protégeait, Hien qui essayait d’éviter les griffes du petit pokémon, lançait des flammèches maladroites et Windy apeurée, n’arrivait pas à s’arrêter de fuir le nosferapti pour lancer sa tornade.  

C’était la débandade.

Mais elle ne pouvait pas perdre ! Elle refusait de perdre !

Car perdre signifiait qu’ils lui prendraient ses bien-aimés compagnons et qu’elle se retrouverait complétement seule. Et ses pauvres amis… Dans sa tête elle revoyait l’horrible vision qu’elle avait eu à Carmin Sur Mer dans l’entrepôt de la Team Rocket : des pokéballs fondues dans de l’acide, des pokémons enfermés dans des cages étroites, transportés comme du bétail à l’abattoir, pour être vendu à elle ne savait qui pour faire elle ne savait quoi…

Autrefois, elle ne s’était pas sentie directement concernée, ne cherchant qu’à sauver le professeur Orme, mais maintenant qu’elle était à son tour dresseuse, elle pouvait tout à fait ressentir la détresse de tous ces compagnons séparés… Est-ce que Chriss, Harry et Goliath avaient vraiment compris ce qu’était la Team Rocket ? Les pires ennemis de tous les propriétaires de pokémons…

Shampoo fut éjectée à ses pieds, K.O. et Mimiko compris ce qu’il lui restait à faire. Hien était affamé et trop fatigué pour se battre avec toutes ses capacités et elle les rappela tous les deux dans leurs pokéballs.

Les futurs Rockets ne comprenaient pas ce qu’elle voulait faire, mais elle se tourna sur Windy pour capter son regard. Cela permit à la roucool de reprendre le contrôle d’elle-même et de saisir à quel point la situation était grave.

-WINDY ! JET DE SABLE !!!!

De cette façon dont les dresseurs et leurs pokémons arrivent parfois à se comprendre sans dire un mot, Windy se détourna de son adversaire immédiat, et battant des ailes aussi vite qu’elle le pouvait pour soulever du sol une grande quantité de sable, elle envoya le tout sur les trois humains, qui, surpris, eurent juste le temps de courir vers l’intérieur de la grotte.

Mimiko en profita, quant à elle, pour filer, chose qu’elle commençait à savoir très bien faire.

Décampant le plus vite possible en rebroussant chemin, suivie de Windy, elle s’empressa de sauter dans un petit ravin afin d’éviter d’être retrouvée.

Derrière elle résonna un instant un cri, certainement de fureur, de Chriss. Un « Ne t’enfuies pas encore ! » sans doute.

Si elle grimaça en roulant le long de la pente, la roche écorchant ses habits et blessant ses membres, elle fut arrêtée assez rapidement par un buisson et après quelques minutes où elle n’entendit rien d’autre que le bruit du vent, elle s’autorisa un soupir de soulagement.

En moins de 24h, elle venait d’échapper pour la deuxième fois à la Team Rocket.

*Deux fois de trop…*

Malgré toutes ses blessures physique, elle se découvrirait surement une myriade de bleu demain, elle réalisait que ce qui la faisait le plus souffrir, c’était la déception qu’elle éprouvait en ce moment.

Déception envers elle d’abord, de s’être montrée aussi nulle en combat, mais surtout, déception envers Chriss, Harry et Goliath de se montrer aussi stupides et bêtes. Elle les avait imaginés plus malin, plus… Meilleurs… Après tout ils l’avaient sauvé à Mauville… Mais il fallait croire qu’elle les avait surestimés.

-Mimiko… Mimiko… Qu’est-ce que tu me chante là ? Tu sais très bien qu’on est souvent déçu par les humains… Se morigéna t’elle en se mettant en position assise. Tu te fais toujours avoir comme une idiote…

Déprimée elle prit sa tête dans ses mains et se demanda ce qu’elle pouvait faire maintenant. Il fallait impérativement qu’elle se rende à Ecorcia, mais elle avait si faim, et mal… Et ses pokémons étaient à présent tous proche du K.O…

La seule qui y avait échappé était Windy qui l’ayant retrouvée, fit du surplace face à elle.

-Oh Windy… Merci beaucoup pour ton aide…

La roucool n’était apparemment pas rempli des mêmes sentiments de gratitude puisqu’elle se mit aussitôt à lui picoter la tête.

-Aïe ! Aïe ! Oui je sais on a encore perdu !!!! C’est de ma faute ! Mais s’il te plait, je suis déjà assez mal au point comme ça !!!

Le pokémon vol cessa alors son attaque, et après un instant de réflexion, reprit de l’altitude et disparut du champ de vue de sa maitresse.

-Mais où va-t-elle ?  

Mimiko voulut se relever pour la suivre, mais la pente se dérobait sous ses pieds et ses jambes vacillantes. Il valait mieux qu’elle attende d’avoir récupéré un peu.

Elle ferma les yeux un instant.

*Peut être que maman avait raison… Partir était bel et bien dangereux… Mais…*

-Hé ? Ca va ? T’es pas morte ?

Mimiko rouvrit les yeux et découvrit penché sur elle un préadolescent qui la fixait de ses grands yeux marron.

-Je ne suis pas morte… Je suis juste tombée.

-Je vois ça…

Il se redressa et la jeune femme pût le voir en son entier. C’était tout juste un garçon à peine sorti de l’enfance, mais il y avait quelque chose en lui qui faisait qu’il semblait plus âgé. Ses yeux brillants, sa cicatrice au menton… On sentait une certaine expérience, comme ces enfants obligés de grandir plus vite qu’ils ne le devraient.

Cela fit penser à Mimiko qu’il devait être un de ces rares enfants à partir en voyage initiatique dès leurs dix ans.

A ses côtés se tenait un pokémon qui ne lui disait rien du tout. C’était comme un mignon petit chien bleu et noir qui se tenait sur ses pattes arrière. Et derrière lui se trouvait Windy.

Au fond d’elle, Mimiko sourit de se rendre compte qu’elle était capable de reconnaitre sa roucool. Son regard acéré et fier, sans doute… 

-J’étais en bas quand ce roucool m’a brusquement attrapé par le col et m’a tiré jusqu’ici… Expliqua l’adolescent en suivant son regard. C’est le vôtre ?

-Oui. Elle a sans doute voulu m’aider. Tu te rends aux caves jumelles ?

-Non, je viens de l’autre côté. Je les ai passés il y a quelques jours… Mais si vous vous y rendez, laissez-moi vous prévenir : la Team Rocket s’y trouve.

-Oui… Ca je m’en suis rendu compte…

-C’est pour ça que vous êtes tombée ? Il faut que vous alliez au Centre Pokémon, l’infirmière vous aidera surement.

-Parce qu’il y a un Centre Pokémon ???? S’exclama-t-elle, n’en croyant pas ses oreilles.

-Oui, il n’est pas loin… Beaucoup de dresseurs s’y trouvent en ce moment.

-Pourrais-tu me montrer le chemin ?

Le garçon lui fit un sourire et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Son petit pokémon chien dût cependant aussi l’aider car la jeune femme devait faire facilement une trentaine de kilos de plus que lui.

-Je m’appelle Lolsebca, se présenta t’il quand ils eurent quitté le ravin pour un chemin qui sinuait entre des arbres et qui contournait légèrement la montagne vers la gauche. Et voici Ludic, mon Riolu.

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-Un Riolu ? C’est la première fois que je vois un pokémon pareil… En tout cas merci de m’avoir aidé, sans toi je serais surement encore coincée sur mon arbuste…

-C’est normal d’aider un dresseur qui a des ennuis ! Répondit innocemment le garçon.

*Oui enfin… J’en connais trois qui devraient prendre des cours avec lui…* Songea la brune en levant les yeux au ciel.

-… Quant aux riolus… Ce sont des pokémons plutôt rare… Enfin je crois ! Continua-t-il tout content en fixant Ludic qui aboya en retour.

Mimiko sourit fugacement elle aussi, mais ce fut pour aussitôt s’inquiéter de l’état de ses propres compagnons. Vivement qu’ils arrivent au centre…

Finalement, après un peu de marche, ils arrivèrent face à ce qui ressemblait plus à un grand chalet qu’à un bâtiment officiel de la Ligue Pokémon. Il y avait néanmoins sur la façade l’habituel P qui a défaut d’être rouge ou lumineux, était sculpté dans le bois.

Bref, si on ne lui avait pas dit ce que c’était, elle serait surement passée devant sans le voir.

Un mouvement de recul instinctif accompagna son poussé de porte lorsqu’elle vu la foule qui se tenait là-dedans.

Sans exagérer, il devait bien y avoir une cinquantaine d’humains et de pokémons qui s’agglutinaient à l’intérieur, presque aussi pire qu’une entrée de stade le jour d’un match de foot.

Au milieu de tout ça se trouvait une unique infirmière Joëlle avec un leveinard qui semblaient être tous deux, complétement dépassé.

Mimiko remercia une dernière fois Lolsebca qui semblait ne pas vouloir non plus rentrer, et se força à se frayer un passage jusqu’au comptoir des admissions.

Le plus important était de soigner ses pokémons, son aversion pour la foule passerait après.

Jouant des coudes, elle se fit une place au milieu de plusieurs dresseurs qui semblaient furieux contre la jeune femme aux cheveux roses. Mimiko inspira un bon coup, puis :

-Excusez-moi, j’ai des pokémons qui ont besoin d’être soignés !

Sa voix passa heureusement jusqu’à l’infirmière qui sauta sur l’occasion pour se débarrasser des autres.

-Je vous ai déjà dit que je ne pouvais rien faire ! Maintenant laissez-moi faire mon travail !

Les dresseurs quittèrent le comptoir, furieux et se regroupèrent de l’autre côté du hall pour discuter.

-Qu’est-ce qu’ils ont ? Demanda Mimiko alors qu’elle plaçait ses pokéballs sur un plateau. 

-Ils sont mécontents à cause de la Team Rocket qui bloque le passage vers Ecorcia. Certains se sont même fait voler leurs pokémons…

-Il faut appeler la police…

-Vous n’avez pas encore regardé votre téléphone vous… Toutes les communications sont brouillées dans un rayon de plusieurs kilomètres. Cela fait maintenant une semaine que nous sommes coupés du monde.

-J’ai pourtant vu une Jenny pas loin des ruines Alpha… 

-Oui mais malheureusement nous sommes en pleine période des pluies ici et par mesure de sécurité, à cause des terrains gorgés d’eau, aucun véhicule ne fréquente les chemins de la vallée.

-Il faut envoyer quelqu’un les prévenir alors.

-C’est ce qu’on voulut faire certain, mais je le leur ai déconseillé. C’est beaucoup trop dangereux maintenant qu’il a commencé à pleuvoir sans discontinuer. Une grande partie de la cuvette doit être inondée et avec les wattouats qui provoquent délibérément des orages pour se recharger… Je n’ose imaginer l’enfer que ça doit être.

A cette nouvelle Mimiko s’estima chanceuse de s’être dépêchée. Un jour de plus et elle était quasi sur d’être grillée… Ils devraient mettre un panneau à l’entrée de cette route pour prévenir les voyageurs !

-Bref, à moins que quelqu’un débranche le dispositif de brouillage qu’à installé la Team Rocket, nous sommes tous coincés pour un bon moment.

*Perspective réjouissante…* Ironisa dans sa tête Mimiko en passant son regard sur le centre surpeuplé. 

-Y a-t-il quand même moyen de manger et de dormir ? Demanda-t-elle d’un ton implorant.

La mine dépitée que fit l’infirmière lui fit perdre ses grands espoirs de retrouver la civilisation.

-Comme nous sommes bloqués depuis un moment et ne cessons d’être de plus en plus nombreux… Le garde à manger est vide. Et je ne peux guère vous proposer plus qu’une place dans le hall pour dormir. Au moins vous serez au chaud. Vous pouvez aussi avoir accès aux douches... Aaaah quand je pense que normalement ce centre est un véritable petit bijou…

Toujours pas de nourriture… Voilà qui avait de quoi plonger Mimiko dans le désespoir. Elle remercia néanmoins l’infirmière, fila prendre une douche pour désinfecter ses blessures et changer de vêtement, puis se trouva une place sur la banquette qui entourait un grand braséro.

L’ambiance dans le Centre était étouffante et tendue. Certains dresseurs étaient assis dans leurs coins, perdus dans leurs pensées ou s’occupant à l’aide de leurs pokémons ou de leurs téléphones portable. D’autres par contre se trouvaient en groupe et semblaient fomenter des plans pour se sortir de cette galère et c’était d’eux que semblaient monter la tension, par leur colère, par leurs attitudes. Beaucoup étaient jeunes et surement impulsif, mais Mimiko se disait que si un groupe entier de ces dresseurs n’avaient pas réussi à faire déguerpir la Team Rocket, c’était qu’il devait y avoir de sacré renforts à l’intérieur de la grotte… Ou bien des dresseurs très forts.

Mais est-ce que cela semblait justifié pour une ‘‘simple’’ action de racket d’argent et de pokémons ?

Elle ne pouvait trouver de réponse satisfaisante à ces questions et c’est sur ce mystère qu’elle resta éveillée à regarder les flammes brûler alors que tout le centre pokémon s’était endormi. 

Elle avait gardé son petit bout de banquette et pouvait juste se coucher à moitié, la tête sur son sac. La position n’était pas agréable, mais au moins elle ne dormait pas par terre comme d’autres, et puis de toute façon, confortable ou pas, elle aurait été incapable de s’endormir avec les ronflements de certains.

Et puis elle avait pris l’habitude de sentir Hien contre elle et son absence lui donnait l’impression de manquer de quelque chose.

Elle se redressa et se massa le dos, endolori à force d’être tordu.

-Tu n’arrives pas à dormir ? Fit alors une petite voix.

La jeune fille qui était couchée à côté d’elle, et qu’elle avait vaguement remarquée en s’asseyant, leva les yeux vers elle.

Elle devait juste être un peu plus jeune qu’elle… Jolie et délicate, elle avait de longs cheveux noirs raides qui dévalaient autour d’elle et des yeux clairs. Dans l’obscurité, elle était incapable de dire de quelle couleur il s’agissait.

-Je crois qu’il m’est tout simplement impossible de dormir avec tout ce monde autour de moi. Ca me met mal à l’aise, lui répondit-elle simplement en ramenant ses jambes contre elle.

-C’est vrai que ce n’est pas facile… Ca fait deux jours que je suis là et j’espère vraiment vraiment VRAIMENT que la Team Rocket va dégager le plus vite possible !

Mimiko doutait que cela arriverait juste en l’espérant très fort et son estomac se mit à faire un gros bruit de protestation.

-Oh… Fit la jeune fille et Mimiko se recroquevilla encore plus sur elle-même pour essayer de le faire taire.

-Je crois que j’ai aussi trop faim pour dormir…

-Tu aurais dû me le dire plus tôt !

Sa voisine se releva alors et se mit à fouiller dans son sac, en sortant tout d’abord une panoplie complète de bonnet- peut-être était-elle vendeuse ???- puis elle lui tendit une pomme et une barre chocolatée.

-Tiens !

Normalement, Mimiko aurait surement refusé cette aide venant d’une personne étrangère. Après tout, elle ne voulait pas compter sur les autres, mais là, sa situation l’empêchait de jouer les difficiles.

-Merci… Fit-elle doucement en acceptant.

Sa voisine lui répondit avec un grand sourire et la regarda manger avec appétit la barre.

-Depuis quand tu n’as pas manger ?

-Hier matin, répondit-elle en emballant la pomme dans un mouchoir. Je pensais que je tiendrais le coup mais c’est plus difficile que je le pensais.

-Tu ne mange pas aussi la pomme ? S’étonna sa cadette.

-Non, si ça ne te dérange pas, j’aimerais la garder pour mon pokémon. Il ne mange pas autant qu’il le devrait ces derniers jours, et ça à cause de moi qui n’ait pas su me montrer prévoyante… Bien que je doute qu’il apprécie de manger des fruits…

-Pas de problème, je comprends parfaitement ! Je suis prête à tout pour que mes petits compagnons soient au meilleur de leurs formes ! Je suis contente que tu sois comme ça aussi, sinon… Sinon… Je t’aurais donné aussi à manger mais ça aurait été moins bien ! Au fait, je m’appelle Snow ! Snow Iodea !

-Moi c’est Mimiko Laroche, lâcha la brune en comprenant qu’elle n’aurait pas d’autre choix que de se présenter aussi au risque de paraitre impolie.

Et puis il y avait quelque chose chez Snow qui inspirait naturellement la sympathie.

-Alors Snow… Continua-t-elle. Tu es dans le commerce de bonnets ? 

La jeune fille dût sans doute se mettre à rougir, mais elle chassa sa gêne en riant nerveusement :

-Mais non… J’aime juste ça les bonnets ! Je viens du nord et là-bas, avoir plusieurs bonnets, c’est très utile ! En vrai, je suis coordinatrice !

-Coordinatrice ? Mais alors que viens-tu faire dans le Johto ? Si je ne me trompe pas, c’est la seule région à avoir toujours refusé d’organiser des concours.

-Oui je sais ! Ces vieux croutons conservateurs du conseil régional disent que ce n’est en aucun cas un art et que c’est rabaissant pour les pokémons ! Mais c’est faux ! Mes pokémons sont très contents de participer et je ne les oblige jamais à faire quelque chose qu’ils ne veulent pas ! S’enflamma Snow en se relevant et en parlant un peu trop fort, ce qui entraina des grommèlements de mécontentement de la part des dormeurs qui s’étaient réveillés.

-Oh… Pardon… S’excusa t’elle en se rasseyant et en se faisant toute petite, avant de couler un regard amusé sur Mimiko : Oups… !

Celle-ci avait dû mal à ne pas sourire.

-Je vois que ça te tiens à cœur…    

-En fait… Cette situation est catastrophique pour moi : un concours clandestin est organisé près d’Ecorcia, mais à cause de la Team Rocket, je n’y serais jamais à temps… Bon après tout, je pourrais toujours participer à un autre mais j’avais promis à mes amis qui l’organisent de les soutenir en participant. Ce n’est pas facile de faire ça clandestinement. Il faut monter de grandes tentes dans des endroits où personnes ne peut nous voir, prier pour que la police ne vienne pas… Et trouver un moyen de prévenir les participants et le public.

-Est-ce que tous ces risques sont bien utiles ?  Ce serait pas plus simple de se cantonner aux autres régions ? 

-Je ne vois pas pourquoi les habitants de Johto seraient privés de bons spectacles ! Tu n’aurais pas envie de voir un concours ?

-Si bien sur… Si j’étais en vacance. Actuellement je suis en mission et j’aimerais bien la terminer au plus vite. Mais comme toi… Il me faut me rendre à Ecorcia…

Snow hocha gravement de la tête et se mit à réfléchir, puis, au bout d’un moment, elle releva son visage d’un mouvement décidé :

-Ecoute, hier je suis allé repérer les lieux pour trouver un moyen de traverser. Il n’y a pas qu’une seule entrée aux caves jumelles, mais la plus grande partie est bloquée par des rockets. En trébuchant sur un rocher, j’ai quand même trouvé une sorte de petit tunnel dans la roche qui semble y mener… Mais… En fait j’avais un peu peur d’y aller toute seule.

-Tu aurais pu demander à quelqu’un de t’y accompagner… C’est pas ce qui manque ici.

-Bein… Je sais pas toi, mais je n’avais pas très envie de me retrouver seule avec certains de ces dresseurs. Comme me le disait toujours mon père ‘‘Méfies-toi des dresseurs de pokémons, ce ne sont pas tous des gens bien !’’.

Mimiko pensait aussi qu’il fallait être un peu bizarre pour choisir de passer sa vie sur la route à combattre dans l’espoir d’obtenir le sésame de « meilleur dresseur pokémon » et même d’intégrer l’Elite ou de vouloir devenir « Maitre Pokémon ». Un peu bizarre ou très jeune… Et sans doute un peu stupide aussi. Mais bon, ça restait son avis. Il y avait surement dans le lot des jeunes gens qui admiraient sincèrement certaines icones et souhaitaient devenir comme eux et pas que des mégalos voulant juste être les plus fort.

Au final, nombreux seront ceux qui abandonneront et se retrouveront en bas de l’échelle sociale parce que la plupart n’aurait jamais fait d’étude et que sur un CV, « dresseur de pokémon » ça comptait pour des clopinettes.  

Peut-être même qu’une grande partie de ces déçus finissaient dans la Team Rocket ?

Suivre Snow dans les entrailles des Caves Jumelles était sans doute très dangereux. Et pour elle, et pour la jeune fille. Mais elle ne pouvait pas non plus rester là à attendre, en se sentait un peu coupable de n’avoir rien fait quand elle avait évité les deux rockets hier matin. Elle aurait peut-être pût récupérer des pokémons volés, mais elle avait fait sa lâche.

Et puis elle aurait pût essayer de faire quelque chose pour que Chriss Harry et Goliath ne finissent pas comme trois délinquants.

Parce qu’elle avait tout ça en tête, avec en plus une certaine colère, elle répondit à Snow.

 

-Alors nous irons ensemble…

 

A suivre…

 

Mot de l’auteur : Je ne sais pas quoi penser de ce chapitre… un shaker contenant pas mal de choses. Pour pas changer, Mimiko confrontée à ses habituels problèmes de voyageuse, quelques relations difficile au niveau de l’équipe des pokés (mais cette fois-ci, c’est pas la faute à Windy ! Mais faut croire que les femelles sont destinées à être des chieuses ^^’). Au fait je ne l’ai pas clairement dit, mais Hien a l’équivalent de l’âge humain d’un préadolescent, comme tous les premiers pokémons officiels (ce qui leur permet de s’entendre plus facilement avec leurs maîtres de 10 ans), vient ensuite Shampoo avec l’âge d’une adolescente (15 ans), Windy avec la vingtaine et Maximus le grabataire ^^’.

Nouvelle capture avec magicarpe, nouvelles conneries de Chriss, Harry et Goliath et pour finir apparition de deux des membres du casting, dont la grande gagnante du tirage au sort : Snow.

D’ailleurs je tiens encore une fois à remercier les personnes qui ont participé à ce petit concours. Je suis bien heureuse d’avoir autant de bons personnages sous la main.

 

Présentation de Snow par son auteur: 

C'est parti ! Voici ma petite Snow ! 

Concernant son physique & son caractère :

Snow Iodea a 17 ans, même si elle en paraît moins. C'est peut-être sa bouille d'ange qui fait ça, ou alors le fait qu'elle soit quasiment toujours joyeuse et guillerette. Il faut savoir que la jeune fille est très optimiste, et que son sourire omniprésent à tendance à contaminer les autres.

Par ailleurs, Snow est aussi gentille et attentionnée que maladroite. Il lui arrive souvent de tomber par terre parce qu'elle s'est pris les pieds dans ses lacets, ou qu'elle a trébuché sur la patte de l'un de ses Pokémon (les pauvres :p). Elle aime profiter de la vie et voir les autres heureux, du coup, elle fait souvent la fofolle pour faire sourire les gens, ce qui les pousse à la qualifier d'enfantine, voire même de gamine. Et pourtant, Snow peut se montrer parfaitement mature et responsable quand elle veut. Il est aussi important de noter qu'elle est très protectrice envers les gens qu'elle aime, et qu'elle ne se laisse pas marcher sur les pieds malgré son apparence fragile.

En réalité, Snow cache une certaine sensibilité derrière ses gamineries. Son sourire et sa joie de vivre lui permettent d'échapper à une réalité qu'elle a du mal à accepter, à toute la violence et l'injustice qui règnent dans le monde. Elle porte un regard lucide sur tout ça, même si elle ne le montre que très peu et préfère dévoiler aux autres son côté insouciant. Certains disent qu'elle a le syndrome de Peter Pan : elle ne veut pas grandir :p

Pour résumer, Snow inspire la joie de vivre, et on pourrait dire que sa philosophie de vie, c'est "Hakuna Matata" x) Elle a souvent été confrontée à la cruauté des autres durant son adolescence, ce qui l'a beaucoup affectée. Maintenant qu'elle a réussi à passer au dessus de tout ça, la seule chose qui compte pour elle, c'est être heureuse et apporter du bonheur aux autres.

Pour finir, Snow est née à Sinnoh, à Frimapic, d'un père Européen et d'une mère Asiatique. Elle a plus hérité des traits du visage de son père, et elle est fière d'avoir ses yeux couleur vert d'eau. Cependant, elle tient sa longue chevelure noire de sa mère. Au final, Snow est assez féminine, et, pour l'anecdote, porte souvent des bonnets, qu'elle cache en quantité massive dans son sac à dos :3

A propos de sa vocation :

Snow voulait devenir dresseuse quand elle était petite. Cependant, lorsqu'elle a essayé d'entraîner son premier Pokémon, elle s'est vite rendue compte que la stratégie n'était vraiment pas faite pour elle. Développant tout de même un certain intérêt pour ses amis les Pokémon, elle n'a pas voulu abandonner ses rêves d'élevage et a décidé de se tourner vers le concours. Snow est donc rapidement devenue une coordinatrice en herbe. 

Elle semble avoir un certain don pour inventer des combinaisons d'attaques qui mettent en valeur ses Pokémon et leur donne un côté magique, apaisant, joyeux, un peu à l'image de sa personnalité. Au final, le concours était une voie toute tracée pour elle, surtout qu'elle a un certain sens du style :)

Il faut aussi savoir que Snow adore découvrir et voyager, mais qu'elle se perd assez facilement. Il n'est donc pas rare de la voir avec une carte en main - carte qu'elle tiendra la plupart du temps à l'envers - ou bien demandant gentiment son chemin à un passant.

En ce qui concerne ses Pokémon, je vais carrément te donner son équipe finale, mais comme tu l'as annoncé dans ton post, tu peux tout à fait choisir leur stade d'évolution pour que ça colle avec ton histoire :) Et si elle a trop de Pokémon, tu peux en supprimer quelques uns à ta guise (tant qu'elle garde Litchi, qui est quand même son premier Pokémon <3)

Ce qu'il faut savoir sur ses Pokémon :

Litchi, Meganium femelle. Elle à un lien très fort avec Snow, et ces deux-là se ressemblent beaucoup au niveau du caractère. Elle est assez calme, un peu maladroite, et très douée en jardinage.

Hélios, Arcanin mâle. Rapide comme l'éclair, il est encore tout jeune, très joueur et fougueux. Il a encore un peu de mal à bien maîtriser ses attaques de type feu. Il est très fidèle et suivrait Snow jusqu'au bout du monde.

Zelda, Noctali femelle. L'idéal pour elle, c'est de se prélasser au coin d'un bon feu de cheminée par une nuit de pleine lune. Elle est assez paresseuse, et s'étire et baille souvent. Cependant, elle est redoutable en combat.

Golan (un Roucarnage mâle fier et courageux ; il aurait peut être pu avoir une histoire avec la Windy de Mimiko, étant donné qu'ils ont tous les deux des caractères forts, je pense qu'ensemble ils feraient des étincelles n_n), 


- Baltica (une Lokhlass femelle très douce, pacifiste et un un peu hippie sur les bords), 


- et enfin Watson (un Raichu mâle assez dragueur, drôle et plutôt vantard, mais gentil dans le fond :) Il aime bien marcher aux côtés de Snow, et il lui est bizarrement assez dévoué, alors qu'il est d'une nature plutôt nonchalante d'habitude). 

28 juillet 2013

Chapitre 11 : Une histoire de shampooing ? [AUTOMNE]

Elle s’activait à réunir toutes ses affaires dispersées aux quatre coins de la pièce, celle-ci déjà bordélique quand on l’y avait installée, pour les fourrer dans son sac tout en tenant en équilibre son pokématos entre son épaule et son oreille.

-Mais oui Sayaka, puisque je pars c’est que le docteur estime que ma cheville est suffisamment remise !

Elle n’avait pas trop de difficulté à imaginer la femme du professeur Orme en train de tourner en rond dans sa cuisine tout en surveillant d’un œil son bébé. Son fils Akira, quant à lui, avait repris l’école depuis deux semaines.

Jetant un coup d’œil dehors, Mimiko songea qu’ils étaient déjà fin septembre et que bientôt elle devrait dire adieu à la lumière et à a chaleur qu’elle aimait tant. 

Comme si Sayaka avait lu dans ses pensées, elle répondit :

/Je me suis permise de fouiller dans ta valise pour te trouver des affaires un peu plus chaude que les débardeurs et les jupes que tu as pris avec toi. J’ai envoyé au labo un colis qui aurait dû arriver aujourd’hui. Le facteur me l’avait assuré ! Je t’ai mis un T-shirt à manche courte et deux T-shirt à manche longues, un jeans, une jupe longue et un bas de jogging. Les nuits vont se rafraîchir désormais tu seras contente de l’avoir ! Et comme tu me l’a demandé, j’y ai aussi mis ton shampooing./

-Sayaka… Gémit Mimiko.

Mais pourquoi cette femme était aussi prévenante et adorable avec elle ? 

/Je n’aurais pas dû ?/ S’inquiéta celle-ci.

-Si si, comme d’habitude, vous êtres incroyable Sayaka…

/Mais non ce n’est rien ! Ca me fais plaisir ! As-tu besoin d’autre chose ? De la nourriture Pokémon ? De l’argent ? Peut-être que je t’envoie aussi ton manteau ?

-Non vraiment, c’est parfait, je n’ai besoin de rien d’autre, d’autant plus que je ne suis pas certaine que votre mari apprécierait tout ça alors qu’il vient juste de me payer !

/Noon, vraiment il ne s’en rendrait même pas compte !/

Alors qu’elle reprenait le téléphone en main et s’emparait de son sac pour descendre dans la cuisine communautaire du laboratoire, elle se demanda si Sayaka était vraiment heureuse en couple avec le professeur Orme. Mais bien sur elle ne lui en posa pas la question. De un c’était indiscret. De deux elle ne voulait pas risquer de l’attrister.

-Je vois un gros coli, lui affirma Mimiko à la place en entrant dans la pièce à manger où un gros carton trônait sur la table.

/Ah tant mieux il est arrivé ! Tu n’as qu’à me le renvoyer avec tes vêtements actuels, sinon ils prendront trop de place dans ton sac ! /

-Je vous remercie vraiment Sayaka.

/Mais de rien. Prends soin de toi et ne te fatigue pas trop à la tâche./

Rangeant son pokématos, Mimiko salua le professeur Yorimora qui passa dans la cuisine et entreprit d’ouvrir son coli.

Evidemment, il n’y avait pas QUE ce que lui avait dit la jeune femme. Elle trouva au-dessus de ses vêtements une grosse boite de daifuku mochi qu’elle adorait et de gâteaux fourrés aussi à la pâte de haricot rouge en forme de différents pokémon qui étaient apparemment une spécialité de Bourg Geon. Pour ses pokémons elle trouva une boites de poffins aux différents parfums.

-Sacré Sayaka…

Elle tourna son regard vers ses pokémons qui se dégourdissaient les pattes dehors et se dit qu’elle n’était pas mécontente de quitter enfin les ruines Alpha. Avec un soupir, elle prit le tas de vêtement et remonta dans sa « chambre » pour se changer.

Comme elle ne savait pas vraiment ce qui l’attendait, un enfila un T-shirt noir à manches courtes sur un jeans, mais elle s’avouait mécontente d’avoir à se couvrir de nouveau.

Ah son été ! Son bel été ! Pourquoi ne pouvait-il pas rester ?

Les jeans ça la grossissait…

Essayant d’oublier ces pensées triviales, elle fit le transfert de ses affaires, se réjouissant de pouvoir remplacer le shampooing qu’elle avait fini, même si elle songea avec tristesse que c’était le dernier qu’elle avait amené de France et qu’elle ne trouverait surement pas un qui l’équivalerait en matière de réparation de pointes sèches.

Ses cheveux, ses très longs cheveux noirs et bouclés en avaient besoin pour rester aussi beaux et brillants qu’ils l’étaient, comme des plumes de cornèbre.

(198)

Elle plia par la suite le futon où elle avait dormi et galéra à le ranger dans le placard à cause de son poids.

Quand elle redescendit, son sac prêt, ses anciens vêtements sous le bras afin de les placer dans le carton, elle découvrit que toute l’équipe scientifique, qu’elle avait fini par connaitre pendant cette semaine, se trouvait là pour son départ. 

Le docteur lui posa une main sur l’épaule avec un sourire chaleureux, le professeur Yorimora la pris carrément dans ses bras et lui pleura dessus en s’excusant de n’avoir pas pût la protéger dans les ruines_ elle avait l’habitude de ce refrain, il le lui chantait depuis son « accident » malgré le fait qu’elle ne l’en tenait absolument pas coupable_ et puis elle se retrouva face au Conservateur.

Rien à faire, à chaque fois qu’elle le voyait, elle se sentait remplie d’affection pour cet homme qui avait l’allure d’un bon vieux grand père. De plus, c’était avec lui qu’elle avait passé la plus grande majorité de sa convalescence.

Il lui prit les mains et elle trouva étrange le spectacle de ses doigts, fins, petits, aux ongles un peu longs au milieu de ces grandes mains marquée par le temps.

-Je vous souhaite te trouver ce que vous recherchez, lui annonça-t-il d’une voix basse, et vous remercie pour le travail que vous avez fait pour nous cette semaine.

-Oh ce n’est rien, je supporte mal de m’ennuyer et de me sentir inutile, surtout lorsqu’on m’héberge et me soigne !  

Dès qu’elle avait pût sortir de son lit, elle avait proposé au Conservateur d’archiver tous ses dossiers dans une application informatique. Ainsi il pourrait trouver les informations dont il avait besoin beaucoup plus vite.

-Vous avez exécuté avec brio un travail rébarbatif que personne n’avait osé entreprendre jusque-là, la détrompa le vieil homme. C’est pour ça que j’aimerais que vous acceptiez cette petite récompense.

Il la lâcha pour déposer une pierre ambrée retenue par un cordon dans ses mains et les retira vite pour l’empêcher de le lui rendre, ce que Mimiko essaya effectivement faire.

-Non franchement, c’était avec plaisir et avec tout ce que vous avez fait pour moi… En plus j’ai déjà reçu un paiement du professeur Orme…

Il lui tapota affectivement la tête avant de la pousser en direction de la sortie pour lui faire comprendre que le débat était clos.         

Devant celle-ci se trouvait le professeur Chen, toujours aussi sérieux que d’habitude. Il ne lui dit pas vraiment au revoir.

-N’oubliez pas, si jamais vous avez des informations sur le professeur Matsumoto et ses recherches, appelez-moi. J’en ferais de même pour vous. En attendant nous gardons Bêta et nous allons replonger avec lui dans les ruines pour retrouver votre mystérieuse inscription.

-Merci beaucoup Professeur Chen.

Et se baissant vers Bêta qui se tenait assis à côté, les oreilles inclinées de tristesse :

-Merci beaucoup à toi aussi Bêta.

Elle caressa la tête du caninos qui lui lécha en retour le bout des doigts et se releva pour partir.

58

Maximus, Windy et Hien l’attendaient déjà dehors. 

***

-Mmh, alors comme je le pensais, la capacité spéciale engrais permet d’augmenter les attaques plantes lorsqu’elle est activée… Marmonna pour lui-même Harry en feuilletant une revue de stratégie spéciale pokémon plante.

Bien sur il aurait pût apprendre ça en cours, mais à l’époque il avait autre chose à faire... Dormir par exemple ! Les cours, ça avait jamais été son truc, il préférait s’instruire tout seul et de fait, il avait plutôt une bonne intelligence.

Une bonne intelligence qui avait du mal à fonctionner en ce moment à cause de ses deux partenaires, constata t’il en leur lançant un regard mauvais.

L’héricendre de Goliath était en train d’avaler bruyamment des monceaux de nourriture sous le regard désintéressé de son dresseur qui était lui-même en train de faire un sort à leurs provisions.

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-Ne t’étonne pas après si Chriss te lance des piques. Il a raison, c’est une honte que ton premier pokémon en soit toujours à ce niveau. Bientôt il sera plus large que haut ! S’agaça-t-il avec un air navré pour le hérisson de feu.

-Oh toi et ton pokémon de tapette, on vous a pas sonné, répliqua Goliath sans s’arrêter de manger.

-Mon « pokémon de tapette » ?!?! Je t’interdis de parler de Macro comme ça ! Au moins, lui, il a évolué !

Macronium qui était couché prés de Harry émit un son doux pour calmer son dresseur en arquant élégamment son cou. 

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Il fut cependant rapidement couvert par les cris de Chriss qui courait le long du lac près duquel ils s’étaient arrêtés, tout en exhortant son pokémon.

Neuvième fois qu’ils repassaient. Harry en avait marre, il n’arrivait pas à se concentrer.

-Ce n’est pas comme ça que tu augmenteras la vitesse de ton Crocrodil !!! Lui cria-t-il en se levant, jetant son magazine sur le tronc d’arbre coupé qu’il occupait.

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Il se dirigea à grands pas vers le blond qui regardait le temps qu’ils avaient fait :

-On ne peut rien faire contre les IV qui sont propre à chaque pokémon ! Si tu veux faire monter ses EV bats-toi, mais ce que tu fais est d’une inutilité totale !!!

Crocrodil sortit sa tête de l’eau, surpris de ce qui se passait sur la rive.

-Je m’en fous de tes IV et de tes EV !!! Je fais ce que je veux et j’entraine mon Crocrodil comme je veux ! Libre à toi de continuer à feuilleter des livres, mais ça je peux totalement te l’assurer, ça n’améliorera pas tes pokémons ! Lui répondit Chriss d’un ton méprisant en le foudroyant du regard. 

Il se détourna de lui avec suffisance pour reprendre son entrainement, tel un jeune seigneur qui vient de renvoyer son domestique et c’est certainement ça qui fit qu’Harry parla sans réfléchir avant :

-Quoique tu fasses, il ne se transformera JAMAIS en minidraco !!!!

(147)

C’était une grossière erreur.

Il avait voulu lui faire mal, taper là où il savait que ça toucherait. Mais c’était lui qui allait avoir mal maintenant.

Chriss se figea et se retourna soudain, la respiration rauque les yeux exorbité. Avant qu’Harry ait pût faire quoique ce soit, il lui bondit à la gorge et resserra ses fines mains blanches et aristocratique qu’il détestait tant sur son cou. 

Il étouffait en essayant de se libérer, finalement c’est Goliath qui de sa force, arracha Chriss et lui permit de reprendre son souffle.

-Ne. Dis. Jamais. Plus.Ca ! Lâcha d’un ton coupé Chriss en respirant fortement, fou de rage. 

Harry ne lui répondit pas, se contentant de se tourner sur le côté pour accueillir les inquiétudes de Macro, Teddiursa et Chetiflor.  

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Quant à Chriss il demanda à Goliath de le lâcher, et, bouillant encore intérieurement, s’éloigna pour s’asseoir sur la berge, les pieds dans l’eau. 

Crocrodil nagea jusqu’à lui et sentant son désespoir, posa sa tête contre ses chevilles. Son maître n’était pas très tactile, c’est pourquoi il hésita, mais voyant qu’il ne le repoussait pas, il resta là, à flotter près de lui.  

L’esprit de Chriss était déjà bien loin de tout ça.

****

Chriss, 7 ans, habillé d’un kimono couleur perle, ses cheveux coupés en carré. Il était assis derrière un fusuma et regardait en cachette l’entrainement de sa cousine.

Cheveux bleus et longs retenu en une couette, Sandra faisait suivre à son minidraco un parcours d’obstacle dans l’étang artificiel qui se tenait au milieu de la résidence. L’adolescente courait après lui en l’encourageant et en l’invectivant quand il le fallait. C’était une dresseuse sans pitié.

Le pokémon dragon se pliait à ses décisions sans faillir, jaillissant dans les cerceaux, se faufilant dans des tubes, slalomant entre les poteaux. Cet entrainement avait été conçu spécialement pour améliorer les capacités d’esquives.

Arrivé à la fin, Sandra appuya sur le bouton de son chronomètre. Elle eut un petit sourire satisfait. Le minidraco ondula dans l’eau jusqu’à elle et sortit sa tête.

-Bien, notre temps s’est amélioré de cinq secondes. Mais c’est toujours plus que Peter ! On recommence !

La dresseuse et le pokémon repartirent au début du parcours. Chriss poussa un petit soupir : C’était toujours moins bien que Peter, mais il avait hâte de se frotter aussi à l’entrainement et à tout faire, lui aussi, pour égaler son cousin.

Ce dernier arriva justement dans le couloir et Chriss se remit sur ses jambes pour lui courir après.

Peter était son cousin le plus âgé, et actuellement l’homme qu’il respectait le plus au monde. Héritier de leur clan, il combinait le talent, le charisme et la beauté. Il était aussi le champion de l’arène d’Ebenelle, mais ça n’avait rien d’étonnant : cette arène appartenait à leur famille depuis la nuit des temps.

Le rattrapant, Chriss calqua son pas sur lui.

-Tiens, te voilà, toi ! Fit-il en lui ébouriffant les cheveux et en s’arrêtant.

A ce contact, Chriss était fou de joie.

-Peter ! Attrape-moi un minidraco ! Moi aussi je veux m’entrainer comme Sandra ! Fit-il en s’accrochant à sa manche.

-Allons, allons, un peu de patience, tu sais très bien que tu auras ton minidraco comme tout le monde…

Il le prit par l’épaule et le guida jusqu’à l’appontement de bois extérieur qui longeait les bâtiments. Dans l’air glacé, il lui pointa une direction. Chriss vu la gigantesque arène, avec derrière le lac du dragon installé en cuvette contre la montagne. Au fond de celui-ci, une grotte gardée par un homme : l’Antre du dragon.

-… Quand tu auras 10 ans, tu seras digne d’entrer dans l’Antre du dragon.

-Qu’est-ce qu’il y a dans l’Antre ?

-Ca, je ne peux pas te le dire…   

****

Mimiko leva au soleil le collier que lui avait offert le Conservateur. Cela faisait ressortir les nombreuses nuances d’orange de la petite pierre précieuse et Hien trouvait qu’elle ressemblait aux yeux de sa maitresse quand ils étaient touchés par la lumière.

-C’est surement de l’ambre, je ne crois pas que ce soit de la citrine : c’est un peu plus jaune. Et on dirait qu’il y a quelque chose dedans, mais je n’arrive pas à voir quoi…

Haussant les épaules, elle remit le collier autour de son cou.

-Plus important, le soleil est déjà bas, il va falloir trouver un endroit où passer la nuit, marmonna la jeune femme que ça n’emballait guère.

Sa première expérience du camping sauvage ne l’avait pas vraiment emballée et pourtant elle savait rien qu’en voyant le paysage que ce ne serait pas la dernière fois.

S’il n’y avait eu ce chemin de terre, elle se serait décrétée au milieu de nulle part. Jamais elle n’avait vu de telles étendues vierges d’activité humaine dans son ancien pays. Il y avait toujours un poteau électrique, une maison ou une route au loin pour se rappeler qu’on vivait au 21eme siècle et que le monde entier avait été cartographié et googlemapisé.

Une chaine de montagne s’élevait devant elle et elle avait déjà commencé à y entrer car la route ne faisait que monter et descendre. On pouvait voir au loin plusieurs étendues d’eaux qui reflétaient le ciel et les herbes hautes se coucher sous le vent. 

Le souffle d’air passa sur elle, la faisant sourire, entrainant derrière lui ses cheveux en lui murmurant quelques vieux contes qui lui donnait envie de courir dans les prés et de s’y renverser en riant.

A ses côtés, Hien affronta lui aussi le vent, mais il ne l’appréciait pas autant et s’ébouriffa par la suite comme pour se redonner  contenance.

-Comme c’est calme, loin du vacarme humain…

A peine annonçait-elle ça qu’un bruit de pétarade vint tout casser. Mimiko aperçut alors une moto qui roulait sur le chemin en soulevant un sacré nuage de poussière et qui venait dans sa direction.

Pour la laisser passer, elle s’écarta sur le côté.

Celle-ci la dépassa puis s’arrêta, avant de faire demi-tour et de revenir plus doucement vers eux. La brune pût alors reconnaitre l’uniforme des policières Jenny.

-Il y a un problème madame ? Demanda-t-elle alors que la policière les fixait.

-Je voulais juste vous dire de faire attention si vous prenez ce chemin Un grand nombre de vol ont été signalés et en plus des rumeurs font état de la présence de la Team Rocket…

La policière prit un air suspicieux avant de continuer :

-Vous n’en êtes pas au moins ? Je peux voir vos papiers ?

Avec un soupir, Mimiko lui tendit sa carte de dresseur qui rassura immédiatement sa vis à vis.

-La team Rocket se trouve aussi ici ? Ils sont partout décidemment… Fit-elle, peu ravie d’avoir à entendre à nouveau ce nom depuis Carmin sur Mer, avant d’ajouter : Et ce sont surement eux qui commettent ces vols…

-Eh bien… On en est pas sûr, intervint la policière qui semblait comprendre son agacement.

-Comment ça ? Depuis que je connais ces malfrats, ils ne font que ça : voler !

-Eh bien c’est à cause de la nature des objets volés… Ca ne ressemble pas à ce qui intéresse habituellement la Team Rocket.  

-Ha ? Et c’est quoi ces trucs qui sont volés ?

-Des produits de beauté, lâcha la Jenny sans aucune expression sur le visage.

-Hein ? Des produits de beautés ????

-Oui, c’est tout ce que le voleur prend. Pourtant il fouille des sacs qui contiennent des pokéballs et de l’argent, mais il ne semble ne s’intéresser qu’à ça… C’est pour ça que je vous préviens. C’est peut être un détraqué… Enfin, si vous découvrez quoique ce soit, appelez la police et j’arriverais !

Mimiko hocha seulement la tête, perplexe. Néanmoins, s’il s’agissait vraiment d’un détraqué, la perspective de passer la nuit dehors la refroidissait maintenant totalement. 

Mais comme elle n’avait de toute évidence pas vraiment le choix, elle quitta le chemin en quête d’un lieu qui pourrait lui servir aussi de cachette.

Le soleil avait disparu derrière les monts quand elle trouva enfin son bonheur : un petit espace herbeux entre deux parois rocheuse et bordé par une rivière assez profonde. Cela lui faisait trois obstacles naturels, donc trois coins sur quatre de protection relative.

Elle monta en vitesse sa tente avant que l’obscurité ne tombe totalement tandis qu’elle envoyait ses pokémons chercher du bois.

Windy faisait de fréquents aller-retour avec des brindilles, heureuse de faire de l’exercice après une journée entière à somnoler dans sa pokéball, quant à Hien, il revint en marchant maladroitement sur ses deux pattes arrières, plusieurs branches dans celles de devant et une beaucoup plus grosse qu’il trainait derrière lui avec ses dents. 

Tout cela fut peu de chose par rapport à Maximus qui déversa presque un paquet devant Mimiko avant de se désintéresser d’elle pour manger de la terre.

La jeune femme fit le tri, organisa un petit tas qui lui semblait ressembler aux feux de camp qu’elle avait déjà vu à la télé et satisfaite de son habileté, gratta une allumette pour la jeter sur le bois. 

La petite flamme brula un instant, tenta faiblement une percée sur le bois, puis s’éteignit inexplicablement.

Il en fut de même pour les trois allumettes suivantes jusqu’à ce que, Hien, sentant l’agacement de sa maitresse monter en crescendo, crache une flammèche sur le tas pour l’embraser.

Il ne s’expliqua cependant pas pourquoi elle parut si dépitée.

-Mimiko, bientôt 19 ans… Incapable d’allumer un feu de camp par elle-même… Marmonna-t-elle pour elle-même, ne comprenant pas ce qu’elle avait fait de mal.

Enfin le feu, ça brulait bien le bois normalement !  

Maintenant c’était sûr, si on la lâchait en pleine nature toute seule, elle était MORTE.

Se secouant mentalement, elle alla remplir sa petite marmite dans la rivière et mit l’eau à bouillir, puis versa leurs nourritures à Hien et à Windy.

De Maximus il ne restait plus que la moitié de son immense corps serpentin, le reste était sous terre, toujours en train de se restaurer à sa façon de pokémon roche.

Mimiko fit cuire son riz, le mangea de façon automatique avant de mettre les restes dans son bento pour demain. Avant de verser le riz, elle avait remplie d’eau bouillante son thermos et sa bouteille : c’était sa façon à elle d’avoir toujours de l’eau vraiment potable.

Puis une fois toute ces tâches faites, tâche qu’elle faisait avec GRAND soin histoire de retarder le moment de se coucher, elle n’avait pas d’autre choix que d’éteindre son feu. Histoire de ne pas attirer l’attention.

Elle devait ensuite courir se mettre à l’abri dans sa tente avec Hien, se mettre en pyjama à la lueur de son pokématos et se recroqueviller comme une larve dans son duvet, son feurisson paisiblement blotti contre elle.

156

Windy sur le faîte de la tente allait surement passer sa nuit à chasser et Maximus avait complètement disparut sous terre, dormant dans la galerie qu’il avait créé.

Il était inutile de dire qu’elle eut extrêmement du mal à s’endormir, entre les hululements, le vent dans les feuilles, les cliquetis des mimigals (pitié pas un migalos !) et le bruit des pas des pokémons sauvages.

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Elle avait peut-être raison de s’inquiéter, mais elle avait fini par sombrer dans le sommeil quand une boule de lumière jaune vint flotter dans l’obscurité prés de son camp.

**

Le lendemain, Mimiko fut réveillée par Hien qui lui donna des petits coups de tête pour qu’elle ouvre l’entrée de la tente.

Ce qu’elle fit machinalement, le laissant sortir, avant de se retourner et de se rouler en boule. Même avec des courbatures, elle n’était toujours pas du matin.

Elle constata néanmoins, à moitié endormie qu’aucun détraqué n’était venu la déranger pendant la nuit.

Comme elle avait laissé la tente ouverte, c’est Windy qui acheva de la sortir du lit en lui tiraillant les cheveux, chose très désagréable.

-Oui oui, je me lève… Gémit-elle en la chassant du bras.

Quelques minutes plus tard, elle était habillée et elle se coiffait en lisant une revue que lui avait donnée le professeur Chen et tout en écoutant distraitement la chaine de radio musicale sur son pokématos.

L’un des articles concernait le trio d’évolution Roucool, c’est d’ailleurs le seul qu’elle arrivait à comprendre car le reste était beaucoup trop spécialisé pour elle.

16

-Oh, Windy ! L’appela-t-elle alors que celle-ci creusait le sol à la recherche d’elle ne savait quoi.

La pokémon vol releva la tête et s’envola pour se percher sur l’épaule de sa maitresse et regarder avec elle le magazine. Elle ne comprenait bien évidemment pas l’écriture des humains, mais elle reconnaissait les images.

-La prochaine attaque que tu dois apprendre est « vive-attaque ». Hien la connait déjà, il pourrait te la montrer… 

Windy émit un piaillement méprisant, tout en prenant intérieurement note de ce que sa maitresse lui avait dit car ça l’intéressait énormément. Elle ferait tout pour s’améliorer en combat, mais elle n’irait certainement pas demander des conseils à un gamin !

Même si ce gamin avait soudain pris plusieurs centimètres, la dépassait et avait changé de place dans le cycle de la chaine alimentaire.

Hien l’ignorait, ayant grandi en élevage, mais il avait à présent la carrure des pokémons qui chassaient les roucools pour les dévorer…

Bref, elle se désespérait d’évoluer à son tour pour changer cet état de fait purement humiliant.  

Si l’attaque était « vive », elle devait surement s’entrainer à voler le plus vite possible !

C’est donc ce qu’elle se mit à faire sous les yeux étonnés de Hien et Maximus tandis que Mimiko pliait le campement. Cependant, comme elle avait passé toute la nuit éveillée, elle ne tint pas longtemps ce rythme et rentra dormir dans sa pokéball. Maximus suivit le même chemin et l’équipe reprit la route.

Tout comme hier le temps était mitigé, le vent poussait avec force les nuages et l’on pouvait passer en quelques minutes de la lumière à l’obscurité.

Ils débouchèrent de l’autre côté d’une petite montagne dans la matinée sans avoir rencontré personne et purent apercevoir le chemin qu’ils suivaient serpenter dans la vallée au milieu de plusieurs cours d’eaux et de petits lacs. Si la roche était prédominante dans le paysage, quelques conifères poussaient ici et là et l’on pouvait voir plusieurs étendues jaunes un peu partout.

-Des fleurs ? Se demanda-t’elle en commençant la descente.

Il devait avoir plu pendant la nuit car le chemin était boueux et glissant. D’ailleurs Hien ne restait que parce qu’il ne voulait pas laisser seul Mimiko, sinon cela ferait longtemps qu’il serait retourné se mettre au propre dans sa pokéball. La boue lui collait aux pattes et séchait comme de vieilles croutes sur son pelage.

Alors qu’ils débouchaient d’un tournant, ils découvrirent ce qu’étaient ces plaques jaunes un peu partout.

Coupant le chemin, une longue queue de pokémon marchait en groupe. Ils étaient si nombreux que la jeune femme ne voyait ni le début, ni la fin de la cohorte. Petits moutons à la laine jaune, Mimiko mit du temps à se rappeler leur nom si étrange.

-Des wattouats…

179

Ils portaient tous au cou des colliers où était suspendue une grosse cloche qui sonnait doucement à chaque pas, lui rappelant les troupeaux de vaches que l’on voyait dans les campagnes françaises.

Quoiqu’il en était, ils leurs bloquaient tout simplement la route.

La jeune femme essaya de leur faire peur en criant des « Poussez-vous ! » mais tout ce qu’elle reçut en échange furent les regards blasés des bestioles. Puis, ne voyant pas d’autres solutions que de se frayer un passage dans le troupeau, elle s’avança pour les pousser, s’il le fallait, avec ses mains.

Rien ne saurait décrire l’affreuse sensation qui la frappa en touchant le premier qui lui tomba sous la main. Criant, elle s’éloigna brusquement et tomba par terre, faisant jaillir de la boue tout autour d’elle.

Elle avait déjà pris le jus plusieurs fois à diverses occasions, mais ce n’était pas du tout comparable avec la douleur qu’elle avait ressenti alors que l’électricité passait dans tout son corps. C’était cent fois pire.

-Malheureuse ! Fit soudain la voix d’un homme que, trop sonnée par ce qui venait de lui arriver, elle n’avait pas entendu approcher.

Il l’aida à se relever :

-Il ne faut jamais toucher un wattouat quand il se déplace en troupeau ! Leur laine qui se frotte les unes aux autres créé de l’électricité statique qui circule dans toute la file ! C’est leur meilleur moyen de se protéger contre les prédateurs.

-J’avais oublié que c’était des pokémons électriques, se justifia Mimiko, piteuse. Je voulais juste continuer ma route.

-Ah désolé ma ptite dame, il fallait que je les change de pâture. Vous ne pourrez pas traverser tant que mon troupeau ne sera pas passé.

Elle fixa l’homme qui la dépassait d’une tête et qu’elle n’aurait jamais imaginé éleveur sans son habit de travail, pantalon noir en plastique et grosses bottes.

-Ils sont tous à vous ?

-Oui, tous ceux aux colliers bleus et blancs. Vous trouverez d’autres troupeaux dans la vallée : c’est l’un des seuls endroits où l’on peut encore élever le wattouat dans de bonnes conditions. Nous faisons ensuite la vente de leur laine. D’ailleurs si ça vous intéresse…

-Non merci… Là, pour le moment c’est plus d’une bonne douche dont j’aurais besoin…

Ses vêtements étaient couverts de boue et une partie avait giclé sur ses bras et son visage. Elle ne parlait même pas de ses cheveux qui avaient flottés dedans…

L’homme lui adressa un sourire d’excuse avant qu’elle ne choisisse de quitter le chemin pour rejoindre la rivière auprès de laquelle elle avait campée. Celle-ci s’écoulait effectivement à quelques distances, mais ce n’était pas pour lui déplaire.

N’ayant croisé personne, elle laissa à Hien la garde de son sac à dos et en sortit de quoi se changer, ainsi que son savon et son shampooing. Elle lui ordonna de rester ici tandis qu’elle descendait à la rivière avec Windy.

Ce qu’elle faisait n’était peut-être pas très malin, mais elle ne supporterait pas de rester dans cet état toute la journée. S’assurant une dernière fois que le coin était désert, elle retira tous ses vêtements en vitesse et avec le savon en main, elle rentra dans l’eau.

Serrant les dents parce que celle-ci était froide, elle se força à s’immerger jusqu’à la tête.

-Tu fais le guet, hein Windy ? Si quelqu’un approche tu me préviens !

Elle se savonna rapidement, frottant pour faire partir toute la terre, puis nagea un peu plus loin pour s’immerger entièrement. Remontant à la surface, elle surprit un pokémon qu’elle n’avait plus vu depuis un moment et s’étonna d’ailleurs de sa présence.

Mew plongeait dans la rivière pour en ressortir avant de flotter au-dessus d’elle comme s’il cherchait un poisson. Il s’arrêta en voyant que la brune l’avait vu et le fusillait du regard et se mit à rire.

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Pour Mimiko, Mew restait un synonyme d’ennuis. D’ailleurs elle ne comprenait même pas pourquoi cette gerbille rose passait du temps en sa présence.

-Petit pervers, maugréa t’elle en couvrant stupidement sa poitrine d’un de ses bras.

C’était stupide, car les pokémons se fichaient probablement de la nudité humaine comme de leur premier repas, mais elle ne pouvait que se sentir gênée face à leurs regards intelligents.

Mew, lui, fit des cabrioles comme pour se moquer d’elle.

-Dis, tu n’es pas censé être un pokémon que les gens ont une chance sur dix mille de voir dans leur vie ?

Il rigola à nouveau et se tint en l’air à quelque centimètre de son visage, à l’envers.

Elle ne savait pas trop comme elle sut ça, mais à la façon dont il l’observait, elle comprit qu’elle l’intriguait.

Mais pas comme une curiosité enfantine, non, alors que son comportement était totalement celui d’un gamin qui voulait s’amuser, soudain elle sentait dans son regard la curiosité d’un vieux sage face à une nouvelle chose. Une curiosité aussi bienveillante que prudente.

Elle sentait que si ce qu’il voyait ne lui plaisait pas, il n’hésiterait pas à la détruire pour protéger son univers.

Mais cela ne lui faisait pas peur. Pas pour l’instant, car il n’y avait qu’amour dans ses prunelles bleue et elle le sentait presque dire :

« Ne t’en fais pas petite chose, continue ta route. »

Puis il éclata à nouveau de rire et l’éclaboussa en plongeant dans l’eau juste devant elle.

Alors qu’elle et Windy étaient occupés par Mew, elles ne remarquèrent pas le buisson qui bruissait juste au bord de la berge. Deux yeux brillèrent dans l’ombre, puis, profitant de ce moment d’inattention, leur propriétaire fonça à découvert attrapa le shampooing qui se tenait près des habits et repartit dard dard par sa cachette.

Cependant Windy sentit le déplacement d’air et se retourna juste le temps de voir quelque chose disparaitre dans les buissons. Elle poussa un cri d’alerte et Mimiko se tourna effrayée vers le bord, s’apprêtant à y bondir pour attraper ses habits.

Si elle ne vit personne elle remarqua par contre l’absence de son shampooing.

-OH NON ! MON SHAMPOOING !!! WINDY !!!!

L’oiseau comprit aussitôt le message et fonça directement à la suite du ravisseur alors que la brune remontait sur la berge pour attraper sa serviette et rejoindre son camp improvisé.

Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait été victime du détraqué des produits de beautés !

***

Un troupeau de wattouat avançait tranquillement pour changer de pâturage tout en papotant gaiement.

Soudain le groupe fut forcée de se dessouder car une longue flammèche jaillit et les fit fuir dans tous les sens.

-Maudites bestioles !

Le prince était toujours en colère.

Harry ne fit aucun commentaire en bout de file, laissant les moutons se refermer derrière lui après l’attaque du malosse de Chriss.

228

Ce dernier avait sans doute passé toute la nuit à remâcher sa malheureuse petite pique et comme souvent, elle avait pris des allures de crime de lèse-majesté quand le soleil s’était levé.

Depuis qu’ils avaient coutumes de se fréquenter, soit presque une dizaine d’année, lorsqu’une dispute éclatait, c’était toujours à Harry ou à Goliath de s’excuser auprès de Chriss. Et si ce dernier disait quelque chose qui ne leur plaisait pas, ils valaient mieux pour eux se taire et laisser passer.

Mais tout cela était surtout vrai à l’époque où ils vivaient à Ebenelle.

La famille de Chriss régnait sur la ville depuis des millénaires : son arrière-grand-père leur payait des taxes avant que la classe des samouraïs soit abolie à l’Ere Meiji. Mais dans la réalité, le Clan des dragons restait plus ou moins propriétaire de la ville. Propriétaire des principales terres agricoles, propriétaire de l’Arène, propriétaire des principales industries de la ville, membres siégeant au Conseil Municipal, à la Ligue Pokémon, à diverses places stratégiques du gouvernement, dont, entre autre, le ministère de la Guerre et pire que tout, placé même auprès de l’Empereur.

Il allait sans dire que lorsqu’il rentrait chez lui en pleurant parce que Chriss était méchant, sa mère l’accueillait avec deux paires de baffes et l’ordre d’aller s’excuser auprès de lui.

Mais ici, loin d’Ebenelle, qui pourrait savoir qu’il avait contrarié sa Majesté ? Pour une fois dans sa vie, il n’allait pas s’excuser.

Malgré cela, il aurait aimé que Chriss cesse son train d’enfer pour qu’ils puissent faire une pause et s’entrainer. Après tout, ils n’étaient pas pressés et le terrain était intéressant.

Oui, il avait d’autres problèmes que Chriss dans l’immédiat.

Au dernier Centre Pokémon il s’était informé au sujet du type de pokémon utilisé par l’Arène d’Ecorcia.

Insecte.

C’était assez mauvais pour lui.

Chriss ne devait pas trop s’inquiéter car il avait malosse, même s’il ne l’utilisait pas souvent. Mais lui il n’avait que des pokémons plante et un petit ourson de type normal. Teddiursa avait déjà fait des merveilles contre le champion Hayato qui lui aussi utilisait un type lui étant défavorable, mais à chaque arène le niveau augmentait et il lui fallait préparer sa défense.

Il pourrait aussi compter sur le double type de Chetiflor, qui le protégerait de pas mal d’attaques, mais la petite tige était inexpérimentée pour l’instant. Ses anciens propriétaires n’avaient pas beaucoup travaillés…

Mais comment s’adresser à Chriss sans s’excuser ?

Voilà qui l’embêtait énormément depuis un moment.

Il était tellement prit dans ses pensées qu’il manqua de se manger l’immense dos de Goliath quand celui-ci s’arrêta brusquement.

-Eh bien, eh bien, qu’avons-nous là ? Fit une voix masculine.

Harry sortit de derrière la carrure de Goliath pour observer les deux personnes qui se tenaient devant eux et qui avaient réussi un exploit : stopper leur Chriss en colère.

Il lui suffit de remarquer le « R » rouge qui marquait le devant de leurs vêtements pour comprendre…       

***

Une fois rhabillée, Mimiko attendit Windy.

Elle l’attendit pendant une heure avant de décréter que ce n’était pas normal et de partir à sa recherche.

C’était sans doute une erreur d’avoir ordonné aussi impulsivement à Windy de partir seule à la poursuite de quelqu’un dont on ne savait rien alors qu’elle n’était, malgré toutes ses bravades, pas très puissante.

*Par ma faute.* Songea encore Mimiko, se rendant compte pour la première fois que son désintéressement envers l’entrainement de ses pokémons pourrait être fatal à l’un d’entre eux.

Et s’il était arrivé quelque chose de grave à sa roucool, elle ne se le pardonnerait jamais.

Hien finit par la trouver par terre, inconsciente et Mimiko s’empressa de prendre dans ses mains son corps mou sans résistance. Heureusement elle voyait son ventre se soulever, signe qu’elle respirait encore, mais il n’y avait aucun Centre Pokémon à la ronde. Et elle ne pourrait jamais rejoindre le plus proche assez rapidement.

Se fichant éperdument cette fois-ci du lieu où ils se trouvaient, ils montèrent « le camp » et Mimiko installa Windy sur un tas de vêtement.

Elle aspergea de potion les divers endroits qui lui semblaient touchés et réduit en bouillie une baie oran pour essayer de la faire couler dans son bec. C’était tout ce qu’elle pouvait faire.

Cette nuit-là, tout comme Hien, elle lutta contre le sommeil pour la veiller, notant au fur et à mesure les améliorations de son état de santé.

Quand Windy ouvrit les yeux, elle s’était cependant assoupie assise, la tête dodelinant dangereusement. La roucool l’observa un instant, cherchant à comprendre ce qui se passait.

-Pourquoi ne dors-t-elle pas dans sa carapace rose ? Demanda d’un couinement pâteux Windy à Hien qui s’était tourné un instant pour profiter des premiers rayons du soleil qui brillait derrière la montagne.

-Elle était inquiète pour toi, elle t’a soignée, répondit-il avant d’ajouter après réflexion l’air presque gêné : moi aussi.

Il se gratta derrière l’oreille pour reprendre contenance alors que la roucool se leva sur ses pattes sans répondre. Que pouvait-elle dire vraiment ?

-Je t’ai trouvé par terre, inconsciente, continua le feurisson, que s’est-il passé ?

-Je ne sais pas vraiment. Je suivais celui qui avait volé l’objet de la maitresse et j’ai été attaqué… Je n’ai même pas vu venir l’attaque.

Ce dernier fait, elle le cracha avec rancœur.

Une nouvelle blessure, faite à son orgueil, à lécher, songea-t-il.

-Mais je pense que ce misérable asticot ne se cache pas loin

Elle essaya de s’envoler mais elle sentait ses ailes engourdies et préféra les refermer. Elle n’était pas encore totalement remise.

Hien poussa alors de son museau un bol où se trouvait un poffin :

-Tiens, Mimiko a laissé ça pour toi. C’est gentil, non ?

-Ce qui serait gentil, c’est qu’elle me rende plus forte, répliqua la pokémon oiseau avant de néanmoins commencer à picorer le petit pain.

Les deux pokémons préférèrent ne plus rien se dire jusqu’au réveil de celle-ci.

Mimiko accueillit le rétablissement de Windy avec plaisir et s’excusa auprès d’elle au moins une centaine de fois. Si elle s’attendit à être picotée dans tous les sens, il n’en fut rien. La roucool, coincée au sol, semblait indifférente à tout ça et plus intéressée par la perspective de repartir à la poursuite du voleur.

La jeune femme déjeuna alors en vitesse pour la suivre avec Hien.

Windy sautillait pour marcher et ce n’était pas très rapide, ainsi au bout d’un moment, Mimiko la prit sur son épaule, suivant la direction qu’elle leur indiquait de la tête.

Après une petite marche au milieu des buissons et de quelques arbres, ils débouchèrent dans un renfoncement rocheux où, au comble de l’étonnement de Mimiko, se trouvait sur une espèce de marche creusée dans la pierre, toute une série de flacons aux couleurs et formes variées.

Des parfums, des gels douches, des shampooings, des soins capillaires, de la mousse à raser… Un véritable rayon de produits de beauté !

Ajouté à ça des pinces, des chouchous, des barrettes… Et dans un coin se tenait une espèce de cuvette d’eau fumante, comme une source d’eau chaude.

Prenant un élastique à cheveux ornés de cerises en plastique, elle avait du mal à comprendre pourquoi quelqu’un s’amuserait à réunir tout ça ici…   

Le piaillement sonore de Windy lui fit faire un pas en arrière, évitant de peu un éclair qui s’abattit là où elle se trouvait auparavant.

Se tournant, elle découvrit un wattouat qui, planté fermement sur ses pattes, le globe sur sa queue brillant comme une lanterne, bêlait agressivement dans sa direction.

Mimiko se tint sur ses gardes, attendant de voir apparaitre son propriétaire, le détraqué. Mais personne ne vint. Il était peut-être en vadrouille…

Le wattouat, sans les perdre de vue, se mit à longer la paroi jusqu’à se placer entre eux et les produits de beautés, la laine grésillant d’électricité.

-Hien ! Appela Mimiko et le feurisson vint se placer devant elle. Je comprends maintenant pourquoi Windy était dans cet état. Contre un pokémon électrique la pauvre n’avait pas beaucoup de chance.

Windy aurait aimée s’insurger des paroles de sa maitresse mais elle devait avouer qu’elle avait raison… Elle avait moins mal au cœur et comprenait désormais pourquoi une seule attaque avait suffi…   

Pour une fois, elle décida d’agir sagement et de rentrer dans sa pokéball, laissant Hien laver son honneur.

Mimiko aurait très bien pût éviter le combat : après tout un shampooing… Mais elle avait compris hier la nécessité de ne pas toujours fuir les occasions de s’améliorer.

-Hien ! Vive attaque !

Le feurisson partit aussitôt en flèche sur le mouton. Celui-ci lança à nouveau des attaques éclairs mais elles furent facilement évitées et il fut frappé de plein fouet,  glissant sur la terre boueuse contre la roche.

-Flammèche !

Les flammes de Hien surgirent aussitôt sur son dos et sa tête, la température monta soudain brusquement au point que sa dresseuse s’éloigna par prudence et il cracha quelques flammes sur sa cible.

Le wattouat se reprit devant l’imminence du danger et bondit sur le côté pour esquiver. Une flamme toucha cependant un bout de laine qui se mit à noircir et à fumer.

En s’en apercevant, le pokémon électrique sauta presque sur place en glapissant d’horreur, les yeux révulsés. Pourtant la flamme s’était éteinte, mais il considérait ce bout de sa laine noircit comme si c’était une chose particulièrement répugnante. Il se mit à courir dans tous les sens le long de l’étal de roche, avant d’attraper dans sa gueule le shampooing de Mimiko, elle le reconnut par sa forme spécifique, et de sauter dans la source d’eau chaude.

Et là, ce fut à la jeune femme d’être horrifiée. Devant ses yeux, le pokémon électrique était en train de vider tout le contenu d’un shampooing qui coutait une fortune, presque à se demander s’il y avait pas de l’or dedans, sur sa laine, jusqu’à n’être plus qu’une boule de mousse. 

Hien était tout aussi stupéfait et ne savait pas s’il devait continuer à attaquer la petite femelle wattouat.

Celle-ci s’immergea sous l’eau avant d’en ressortir d’un bond, aussi brillante qu’un sou neuf et sa laine d’un jaune aussi immaculé qu’il pouvait l’être.

Hien se retourna vers Mimiko l’air de demander « je l’attaque ou je l’attaque pas ? » quand il sursauta, constatant que sa maitresse bouillait de rage et semblait presque cracher des flammes.

Elle brandit un doigt menaçant vers la wattouat :

-TOI ! Espèce de terroriste ! Ce shampooing était à mes cheveux ce que Mona Lisa était à Léonard de Vinci ! ET On ne le trouve qu’en France !!!!! Tu vas le payer ! Et ça, je le dis au sens propre comme au figuré !!!

Elle avait alors compris, bien que tout ceci semblait absurde, qu’il n’y avait pas de maitre détraqué, non il y avait juste cette wattouat qui volait des produits aux humains pour s’en servir et elle avait bien l’intention de la capturer pour que, d’une façon ou d’une autre, elle paie ses crimes à l’humanité !

La wattouat accepta le défi puisqu’elle se mit à vibrer d’électricité et brusquement, lâcha un éclair vers la jeune femme. Mimiko l’évita et d’un même geste, attrapa une pleine poignée de boue qu’elle lui lança.

Le pokémon ne s’attendait apparemment pas à un tel geste d’un humain parce qu’il la reçut en pleine figure.  Et PLATSH, une magnifique tache marron couvrant son museau bleu.

Horrifiée, elle voulut replonger dans sa « baignoire » mais Hien lui barra la route, menaçant. La jeune femme en profita pour lui lancer un nouveau jet de boue qui cette fois-ci tacha sa laine.

Excédée, la wattouat lança des éclairs à répétitions dans tous les sens tout en s’enfuyant dans les buissons. Trop occupée à pleurer sa saleté, elle ne visait pas et il était aisé aux deux compères qui étaient à sa poursuite de les éviter.

Mimiko continuait donc, un peu sadiquement à dire vrai, à lancer de la boue sur la brebis qui se retrouva bientôt tachée de tous les côtés.

Finalement, acculée par un cul de sac rocheux, elle se retourna vers ses agresseurs d’un bond, haletante, et rugit avant de lancer une nouvelle attaque éclair. Mais rien ne se passa.

L’orbe qui se tenait au bout de sa queue et qui avait été naguère aussi brillante qu’une étoile était à présent terne et éteinte.

-Alors on a plus d’électricité ? Constata la brune avec un grand sourire sadique.

-Wattou… Gémit la petite brebis en se résignant à son sort, misérable dans sa laine couverte de croutes de terres.  

Mais ce ne fut pas une nouvelle pelletée de boue que jeta Mimiko sur elle, mais une de ses pokéball vide.

La wattouat disparut à l’intérieur dans un flash rouge et ne résistant pas une seconde, se laissa enfermer.

Hien regarda avec curiosité sa maitresse ramasser la ball, puis, devant sa propre apparence toute boueuse, celle-ci éclata de rire.

Elle avouait sur ce coup avoir complètement perdu les pédales. Se battre elle-même contre un pokémon en lui lançant de la boue ! Mais pendant cette course poursuite insensée, elle avait ressentie l’excitation et la peur que devait ressentir ses propres compagnons quand ils s’affrontaient et elle pensait pouvoir les comprendre un peu mieux.

Il n’en restait pas moins qu’elle ne pouvait pas s’arrêter de rire et cela faisait bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé.

Si Hien en avait été capable, il l’aurait surement imité.

**

 -AAAH ça c’est le paradis… Pas vrai Shampoo ?

-Waaaatt ! Bêla la petite wattouat.

Alors que Mimiko et son nouveau pokémon se décrassaient dans la source d’eau chaude, Windy avait le regard fixé sur Hien, Maximus et Mew qu’on avait forcé à rester à distance, le dos tourné :

-Rourou roucool ! (Je vous surveille…) Pépia-t-elle en battant des ailes.

-Feuri feuri feur’sson ! (Je veux être avec Mimiko !!!!) Pleurnicha Hien qui ne comprenait pas pourquoi on l’avait éjecté.

-Oooooonix (Je ne vois pas en quoi ça m’intéresserait), maugréa Maximus qui aurait préféré faire la sieste.

-MEEEEW !!!! (Je suis asexué !!!!) Clama le pokémon psy.

-ROUUUUCOOOOL !!!! (JE VEUX PAS SAVOIR !!!!) 

Bref cette journée étrange se termina de façon toute aussi étrange. Un repos bien mérité avant les épreuves qui les attendaient…

 

A suivre… 

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