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30 mars 2013

Chapitre 5 : Les femmes et les cartes

Mimiko déploya la carte face à elle et la fixa sous toutes ses coutures avant de la rabaisser, de regarder les arbres qui l’entouraient et de déclarer :

-Cette fois c’est officiel, je n’ai aucune idée de l’endroit où on se trouve !

 

Ils avaient repris la route le lendemain matin de son altercation avec Chriss, Harry et Goliath pour prendre le chemin menant à Mauville, prochaine ville sur la route d’Ecorcia. Au début, tout c’était bien passé. Il faisait bon, ils longeaient la mer, le vent soufflait dans les branches des pins et les roucools faisaient ce qu’ils savaient le mieux faire : roucouler (à part sa roucool à elle évidemment, qui préférait castagner sa dresseuse et les pokémons.).

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Puis le chemin s’était enfoncé dans les terres, barré de chaque côté de forêt : et là tout avait changé !

Des dresseurs se tenaient presque en embuscade pour fendre sur la première victime venue. Et par dresseur, elle voulait surtout parler de gamins mal élevé qui la défiait sans même prendre le temps de dire bonjour.

Heureusement, face à leurs petits pokémons insectes, elle pouvait compter sur Héricendre et Roucool. Mais elle n’avait absolument pas l’intention de se battre à tout bout de champ et c’est pourquoi elle avait quitté le propre et bien tracé chemin pour les herbes folles et s’était perdue.

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Dotée d’un bon sens de l’orientation, elle aurait mieux fait de revenir sur ses pas, mais ayant trop peur de devoir passer la nuit dehors, elle s’était obstinée… Pour finalement se retrouver dans une clairière alors que le soleil descendait doucement mais surement vers la cime des arbres.

Avisant un tronc couché à terre elle s’y traina et s’y laissa tomber, aussi fourbue qu’un cheval de labeur.

-J’en peux plus ! Je suis fatiguée ! J’ai mal aux jambes, au dos ! J’ai chaud ! J’ai faim et je veux juste me reposer sur une chaise et prendre une douche !!! Geignit-elle et la perspective que personne, à part ses pokémons dans leurs pokéball, ne pouvait l’entendre la déprima encore plus.

Non elle ne voulait pas être plainte… Se reprit-elle. Si elle avait quitté le cocon protecteur et confortable, c’était bien pour faire ses preuves !

Elle aurait juste dû entamer un entrainement avant ou éviter d’arrêter le sport après le collège.

Enfouissant sa tête dans ses bras en gémissant, elle souleva sa chevelure de sa nuque pour se la rafraichir. De toute façon, un jour ou l’autre, elle aurait dû forcément dormir dehors. Si un adage disait : « plutôt tard que jamais », elle avait envie d’ajouter « plutôt tard que tôt ». 

-Pourquoi je n’ai pas pris le bus ?!?! Se maudit elle.

Elle connaissait cependant trés bien la réponse à cette question.

Elle n’avait tout simplement pas assez d’argent.

Elle n’en aurait pas tant qu’elle ne serait pas allé interroger cette fichue personne à Ecorcia au sujet de Ho-Oh. Le professeur Orme n’était qu’un radin !

Un cri de piafabec résonna dans la clairière tandis que Mimiko, toujours sur son tronc, continuait de se lamenter sur son sort sans pouvoir s’en empêcher.

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Dans un rayon rouge, Héricendre sortit de lui-même de sa pokéball et fixa un moment sa dresseuse prostrée avant de grimper d’un bond à ses côtés et de lui tapoter la cuisse.

Mimiko consentit à ouvrir un œil.

-Hériii !

-Je sais, je suis juste une pleurnicharde…

Se redressant, elle passa sa main sur la tête de son compagnon qui s’inquiétait pour elle.

-C’est rien, juste une déprime passagère. Ca va passer.

Et comme pour lui prouver, malgré ses courbatures, elle se baissa pour sortir un sachet de son sac.

Lui qui avait combattu à trois reprises devait être aussi fatigué et affamé qu’elle et pourtant, il ne se plaignait pas. 

Elle versa un peu de sa nourriture sur le sol et fit un deuxième tas pour Roucool. Cette dernière fut appelée à participer au repas mais elle préféra snober Héricendre et attendre sur une branche qu’il ait fini pour manger à son tour.

Elle regarda donc sa dresseuse sortir sa tente et aménager son campement pour la nuit. Mimiko n’avait même pas la force de se faire un repas et se contenta de deux barres aux céréales achetée à Ville Griotte qu’elle dévora affalée sur son duvet.

Elle préférait oublier que bientôt il ferait nuit noire, qu’elle se retrouverait seule dehors avec pour seules protections une tente et ses pokémons.

Des fois elle regrettait de ne pas être un garçon. On hésitait plus à attaquer un homme. Une femme à côté, c’était une proie facile… Surtout elle qui ne connaissait même pas de mouvement d’auto défense. Et dans son état de fatigue, elle était juste aussi dangereuse qu’un magicarpe.

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Loin de ses préoccupations, Héricendre finissait tranquillement sa nourriture et se décida à lever son long museau vers Roucool :

-Héri héri ? (Tu ne manges pas ?)

-Coo ! (Pff !)

-Héri… ‘dre ? (Quoi pff ?)   

-Rou roucool rou ! (Je n’ai pas l’intention de manger avec toi !)

-Héri héri cendre ! (Mais nous sommes compagnons maintenant !)

-Roucool ! (Je n’ai rien demandé moi !) Fit-elle en tournant ostensiblement la tête vers une autre direction.

-Héri héri ! (Comme si tu n’étais pas contente !)

-Rou rou rouroucool ! (Je suis bien obligée de composer avec cette dresseuse inexpérimentée !)

-Héri ?! Cendre cendre héri ‘dre cendre héri héicendre ! ( Quoi ?! Mimiko est très gentille. Elle ne mérite pas que tu lui fasses du mal !)

Roucool plongea à nouveau ses yeux sur la jeune femme en contrebas.

-Rou rourou ouuu cool. Ool rou roucool.(Elle a l’air empotée et pas très résistante. Juste comme un petit chenipan.)

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-Héri héri héricendre ! (Le petit chenipan et moi on t’a vaincu je te rappelle !)

-Eh ! Pourquoi vous vous disputez tous les deux ? Intervint Mimiko qui avait remarqué l’échange.

Si elle avait su qu’elle venait d’être traitée de chenipan, elle aurait sûrement rangé le repas de Roucool, mais l’ignorant, elle ne voulait pas que ses deux compagnons se cherchent des noises.

Héricendre la rejoignit dans sa tente et s’empressa de la rassurer en lui disant que cette vilaine roucool devait juste être une vieille fille, ce à quoi la « vieille fille » en question répliqua en s’étranglant d’indignation qu’un rat dans son genre devrait bien faire attention avant de sortir dehors et qu’elle trouvait un beau roucoups pour lui faire des œufs quand elle le voulait.

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Mimiko ne comprit bien sur rien de tout cela et haussant des épaules, elle se couvrit de son sac de couchage avant d’appeler Roucool pour qu’elle les rejoigne.

Un cri de protestation lui répondit, et, résignée, Mimiko ferma sa tente en se demandant si elle retrouverait son pokémon oiseau demain.

Elle se consola avec Héricendre qui se roula en boule contre elle et essaya de dormir.

Dehors il y eu un battement d’ailes, puis plus rien.

**

Un peu plus haut sur le chemin, loin d’être perdus, Chriss, Harry et Goliath avaient eux aussi monté un campement.

Pendant que ses deux amis dormaient dans leurs sacs de couchage, Chriss, assit sur le sien, fixait les flammes du feu, perdu dans ses pensées.

C’était un insomniaque maladif depuis sa petite enfance. Le seul fait de devoir dormir le plongeait dans un état de panique que ni sa mère, ni son père n’avaient réussis à comprendre. Il se contentait donc de reposer son corps, mais ni ses yeux ni son esprit ne cessaient de marcher, lui donnant cet aspect un peu maladif et frêle.

De toute façon, même s’il l’avait voulu, Goliath ronflait aussi fort qu’une tronçonneuse. Il ne comprenait pas d’ailleurs comment Harry faisait pour continuer à dormir, un air un peu débile sur le visage, sans se réveiller.   

Tout cela ne pouvait qu’aggraver sa mauvaise humeur naturelle, condamné comme il était à se repasser tous les évènements de la journée, analyser ses fautes, comment il aurait dû réagir, comment cela aurait dû se passer, en attendant le lever du soleil.

Et c’était une brunette qui tournait actuellement en boucle dans sa tête. Il y avait quelque chose en elle qui le révulsait, mais qui d’un autre côté l’attirait. Mais il ne savait pas quoi. En tout cas, il était sur d’une chose : Il fallait qu’il la revoit pour trouver QUOI.

Pour le but qu’il s’était fixé, il ne lui fallait AUCUNE faiblesse. AUCUN doute.

Crocrodil qui était couché à ses pieds releva la tête et le regarda, se demandant ce qui semblait troubler plus que de nature son maître.

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Chriss tourna lui aussi son regard vers lui :

-Dors. J’ai besoin que tu sois en forme demain. 

Le pokémon obéit à son dresseur et se força à se rendormir, enfouissant sa tête dans ses pattes avant.

-Je n’ai pas besoin de petits compagnons gentil, marmonna Chriss en couvant un regard possessif sur lui : tu es mon arme… Mon arme contre LUI

***

A travers la tente, les rayons matinaux du soleil caressèrent la joue de Mimiko qui fronça alors du nez, se retourna et finit par ouvrir les yeux.

Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait du camping, mais elle n’avait jamais aussi mal dormi que cette nuit-là.

L’absence de matelas gonflable et de son habituel petit confort devait y être pour beaucoup… Elle se dressa et passa machinalement une main dans ses cheveux comme pour se les emmêler encore plus : C’était une de ses mauvaises manies qu’elle n’avait jamais réussi à perdre et qui dévoilait chez elle son anxiété ou son indécision.

En bougeant, elle réveilla Héricendre qui pointa le bout de son nez vers elle et se déroula pour s’étirer.

-Bonjour Héricendre.

-Héricendre !

C’était agréable d’avoir quelqu’un à qui dire bonjour le matin. Tout en s’extirpant de son duvet, elle se demanda vaguement si elle allait retrouver son roucool dehors.

Après tout, même si sa pokéball la liait à elle, il n’y avait rien qui l’empêchait de s’enfuir.

*Ce serait une bouche de moins à nourrir* Essaya de se persuader Mimiko en constatant qu’elle se sentirait peinée si son pokémon avait effectivement disparu.

Cherchant à chasser toutes ces idées de sa tête, elle attrapa son sac et dézippa l’ouverture de la tente. Héricendre sauta dehors, heureux de se dégourdir les pattes et de sentir la fraicheur matinale sur son corps. Mimiko le suivit plus pataudement et à peine posa-t’elle son sac qu’elle remarqua que le tas de nourriture de Roucool avait disparu.

Elle tourna aussitôt la tête vers la branche où elle se tenait hier soir, mais celle-ci était vide.

Réprimant un petit pincement de cœur, elle secoua la tête et se retourna pour aller s’asseoir.

Roucool était là, la vrillant de son regard perçant, depuis le haut de sa petite tente.

-Alors tu étais là ! Soupira-t-elle, à présent rassurée.

-Héri héri cendre cendre ? (Alors pas de beau roucoups dans les parages ?) La salua en se moquant Héricendre.

-Rourou roucoups ! (Non, tu peux sortir sans crainte petit rat !) Lui répondit-elle d’une voix doucereuse.

Pendant que ses deux pokémons se renvoyaient des civilités, Mimiko but deux gorgées de thé tiède avant de sortir sa trousse de toilette et sa petite bouteille d’eau pour se laver les dents et faire un brin de toilette. Ce qui n’empêchait pas qu’elle portait ses vêtements d’hier, ce qui la mortifiait intérieurement. Elle aurait pu se changer, mais elle allait à nouveau transpirer et se salir et ainsi gâcher son deuxième lot de vêtement. Il lui faudrait alors soit les laver elle-même dans une rivière, soit passer dans une laverie automatique… Et devoir payer… 

-Engagez-vous, qu’ils disaient, marmonna t’elle ironiquement pendant que Roucool, l’imitant, lissait ses plumes de son bec et Héricendre donnait deux petits coups de langues sur ses flancs pour l’apparence.

Mimiko ne s’étonnait plus que nombreux étrangers aient renoncés  à devenir dresseurs pokémon. Partir sur les routes était loin d’être une sinécure.

Heureusement qu’elle pouvait compter sur ses deux compagnons.

*Bon… Ranger cette tente maintenant !*

S’ensuivit vingt minutes de bataille contre la tente pour la ranger dans son baluchon : Sayaka Orme n’avait pas menti à ce sujet !

Une fois victoire faite et rangée toutes ses affaires, elle alluma son pokematos sur la carte et considéra à nouveau pendant un moment le petit carré clignotant au milieu de nulle part.

Elle aurait au moins eu besoin d’une boussole…

-Roucool tu veux pas voler au-dessus des arbres pour nous montrer le chemin à suivre ? Demanda Mimiko de la façon la plus enjouée et la plus sympathique possible pour elle.

Pour toute réponse Roucool s’envola de son perchoir. Se posa prés de son sac. Fouilla dedans. Et disparut dans sa pokéball.

Mimiko était dégoutée.

Elle retira mentalement ce qu’elle avait pensé au sujet de « compter sur ses compagnons » et se tourna vers Héricendre :

-Bon bein puisqu’il ne reste plus que nous deux…

Le petit pokémon feu soupira. Cela présageait une nouvelle journée à tourner en rond...

***

Héricendre, confortablement juché sur la tête de sa dresseuse, tentait de regarder par-dessus les hautes herbes, buissons et arbres à la recherche d’un bout de sentier.

Ils avaient marché toute la matinée (enfin surtout Mimiko) et le soleil était à présent à son zénith. Condition qui lui convenait tout à fait, mais pas vraiment à son humaine.

Il se rendait compte plus que jamais à quel point ça pouvait être fragile ces petites bêtes et s’apprêtait à l’enjoindre de s’arrêter un moment à l’ombre quand il aperçut deux mèches noires dépasser d’un buisson.

Il tira légèrement sur les cheveux de Mimiko pour attirer son attention :

-Héri !

-Qu’est-ce qu’il y a Héricendre, tu as retrouvé le sentier ?

Il atterrit sur son épaule et lui montra du bout de la patte une direction. 

Ecartant les buissons, s’éraflant un peu au passage, Mimiko finit par tomber sur une petite fille, qui, accroupit sur elle-même, avait la tête cachée dans ses bras, et tenait du bout des doigts une carte.

Les entendant s’approcher, elle releva la tête, laissant apercevoir de grands yeux furieux et humides derrière une paire de lunette, un visage rond et de courts cheveux noirs coiffé en deux couettes ébouriffée.

D’abord silencieuse, scrutant les deux compagnons, elle finit par lâcher :

-JE SUIS PAS PERDUE !

 

Oui c’est ça, et le pikachu met le chocolat dans le papier alu !

(c'est un peu inutile de le mettre j'imagine, mais quand même: 25)

Mimiko retint tout commentaire avec tact, remarquant que la petite fille, qui qu’elle puisse être, avait dû pleurer.

-Et donc, qu’est ce que tu fais là au milieu de nulle part ?

Elle se releva, se dépliant comme une liane, avec cette souplesse et cette vitalité propre aux enfants, puis sorti une pokéball de sa poche :

-C’est évident ! Je suis là pour défier les dresseurs pokémon ! Tu as un pokémon, bats toi contre moi ! 

Devant ce défi, la jeune femme retint un grand soupir. Dire qu’elle s’était perdue pour échapper aux gamins qui peuplaient la route et que même en ces circonstances, elle trouvait le moyen de tomber sur une crevette adepte du combat…

C’est sans grand enthousiasme qu’elle dégaina la pokéball de Roucool.

-Très bien ! Approuva la gamine. Alors j’envoie… Casey !!!!

Un coxy apparut face à elle et vrombit avant de se poser et de refermer ses élytres.

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-A toi de jouer Roucool…

Comme si elle n’attendait que ça, sa roucool sortit en fonçant et vola si près du coxy que Mimiko crut qu’elle allait l’envoyer valser sans même attendre un ordre de sa part. Mais non, elle se contenta de lui faire peur et revint à sa place avec une boucle.  

-Toi vraiment… Ronchonna Mimiko.

-C’était pas gentil ça ! Ajouta la gamine. Bon Casey attaque charge !

Le coxy vrombit des ailes et fonça sur son adversaire.

-Roucool, tornade !

Il fut stoppé dans son élan par les lames de vent puissantes que lui envoya le pokémon oiseau et n’arrivant pas à se maintenir en place, fut plaqué au sol.

La petite coccinelle tenta de résister deux minutes, puis jeta l’éponge.

-Oh non ! Casey !!!!

*Quoi déjà ?* S’étonna Mimiko qui n’avait lancé qu’une attaque.

Roucool aussi devait rester sur sa faim car elle se mit à battre rageusement des ailes.

La petite fille qui s’était jetée au pied du coxy K.O, le rappela dans sa pokéball, dépitée.

-Ca fait longtemps que tu as ce pokémon ? S’enquit Mimiko.

-Un peu… Mais on ne fait que perdre… C’est pour ça que je ne voulais pas passer par le chemin ! Les garçons de ma classe n’attendent que ça de me battre pour que leurs fichus pokémons insectes gagnent de l’expérience.

-Ah je crois en avoir rencontré deux ou trois…

-Mais d’abord, je voulais pas me battre, je voulais devenir coordinatrice ! Se justifia-t-elle. Mais les garçons ont dit… Ils ont dit que j’étais trop moche et que ça allait faire perdre mon pokémon ! Alors j’ai dit que je deviendrais dresseur et ils m’ont ri au nez !

-Ils sont charmants dis donc tes camarades de classe… Remarqua Mimiko en s’accroupissant devant elle.

La fillette leva les yeux sur elle, l’air chagrinée et indécise.

-… Dites madame, je suis perdu en fait… Vous pouvez m’aider à retrouver le chemin ?

-Ca tombe mal… Je suis perdue aussi, répliqua Mimiko. Et je suis plutôt une mademoiselle.

-Alors les dresseurs pokémon se perdent aussi ?

-Je ne sais pas pour les autres. Mais moi oui.

-Les garçons de ma classe disent que c’est parce que je suis une fille que je suis incapable de lire une carte…

-Tu devrais arrêter d’écouter les garçons de ta classe, répliqua sans appel Mimiko.

-Alors qu’est ce qu’on va faire ?

-Chercher le chemin.

-Mais vous ne savez pas où il est.

-Oui, c’est pourquoi on va le chercher.

-Vous ne devriez pas plutôt me mentir pour me rassurer ? Lui fit remarquer la fillette en la fixant d’un air suspicieux.

-Je ne vois pas l’intérêt de mentir. Et il n’y a aucune raison d’avoir peur.

Mimiko se leva et rappela Roucool, qui lésée de son combat avorté, semblait s’être mis en tête de chercher une nouvelle victime. Elle tendit ensuite son épaule à Héricendre pour qu’il y saute.

La fillette la regarda, intriguée, puis se releva à son tour pour se planter à ses côtés :

-Vous dites toujours ce que vous pensez ?

-Quand ça ne blesse pas inutilement, oui. Les choses sont plus claires quand on les dit, non ?

-Même si elles ne font pas plaisir ?

-SURTOUT quand elles ne font pas plaisir, approuva d’un air lointain la jeune femme.

La fillette se contenta de hocher gravement la tête comme si elle comprenait ce que la brune avait dans la tête en ce moment.

C’est donc à deux qu’elles reprirent leurs recherches, comparant alternativement le pokématos et la carte pour essayer de se repérer. Elles furent couronnées de succès lorsqu’elles arrivèrent devant une petite rivière. En la longeant elles tombèrent sur un pécheur qui leur désigna la route à prendre pour retrouver le chemin.

Suivant ses indications, Mimiko en apprit plus sur sa compagne :

-Au fait, je m’appelle Elisea.

-Moi c’est Mimiko, ça fait pas trop japonais « Elisea ».

-Et pourtant je le suis ! Depuis que le pays est ouvert à l’étranger, de plus en plus d’enfant ont des prénoms divers et variés.

-Et donc, pourquoi te trouves-tu ici ?

-J’habite à Ville Griotte mais j’étudie à l’école pokémon de Mauville. D’habitude je prends le bus pour rentrer, par la route automobile c’est à peine une heure et demi de trajet. Mais quand j’ai dit aux garçons que je deviendrais dresseur pokémon, ils m’ont dit de le leur prouver en rentrant à pied… Et ils m’ont donné cette carte…

-Et tu n’as pas suivi le chemin car tu ne voulais pas les combattre…

-…Ouais… Après les cours ils vont sur les routes entourant Mauville pour se défier entre eux ou bien les passants… Pourtant ils n’ont même pas reçu leur premier pokémon officiel, mais c’est plus fort qu’eux, il faut qu’ils partent à la chasse aux pokémon insecte qui sont facile à attraper…

-C’est comme ça que tu as eu ton coxy ?

-Non, Casey c’est différent… Il s’est crashé contre ma fenêtre en croyant que c’était ouvert ! Et comme on m’avait offert une pokéball à mes neuf ans, je l’ai capturé. Il est si beau avec ses belles couleurs rouges ! Vous savez, j’aurais dix ans dans… euh… Trois mois, et alors mon papa m’amènera à Bourg Geon… Mais je ne sais pas encore quel pokémon je choisirai. En tout cas, mes parents ne me laisseront jamais faire mon voyage initiatique immédiatement… Ils veulent que j’ai au moins 16 ans… Mais je les connais ! Quand j’aurais 16 ans ils repousseront à ma majorité !

Bien qu’elle fût bavarde, Mimiko l’écoutait avec attention.

-Tes parents sont contre le fait que tu fasses un voyage initiatique ?

-Non… Je pense pas. Ils m’ont même dit que je pourrais aller dans un collège pokémon si je le voulais.

-Tant mieux… Les miens sont contre… Lâcha Mimiko en regardant face à elle.

-Pourquoi ?

La jeune fille ne répondit pas immédiatement, sentant une vague d’amertume la happer, comme à chaque fois qu’elle se rappelait comment elle avait été trahi. Décidant d’occulter une partie du problème, elle finit par répondre.

-Ils considèrent que ce n’est pas un métier correct. Ils sont persuadé que je vais finir quelque part, sans le sou, sans toit, à dormir sous un pont dans quelques obscures villes. Ce n’est pas non plus convenable pour une jeune fille comme moi de passer mon temps à voyager, alors que je devrais penser à faire des études pour avoir un travail fixe, me marier, m’occuper d’une maison et avoir des enfants…

-Bizarre…

-Je trouve aussi. Profite bien de ton enfance, lui conseilla Mimiko, parce que l’insouciance ne dure pas très longtemps.

C’est sur cette entrefaite qu’elles arrivèrent enfin à la route.

Et comme elles avaient papotées en bonne filles sur toute la longueur du chemin, c’est uniquement là qu’elles se rendirent compte des cris.

-ELISEEEAAAAA !!!!!

-ELIIIIIIIIIIII !!!!!

-ELIIIIISSEEEAAAAA !!!

Ils n’étaient pas moins de cinq garçons à la chercher tout en l’appelant, inquiets, leurs pokémons insectes voletants autour d’eux.  

Mimiko se rendit compte alors que les garçons de sa classe dont lui avait rabâché les oreilles Elisea n’étaient finalement pas de mauvais bougres… Juste des garçons stupides comme ils le sont souvent à cet âge-là avec les filles.

-On dirait qu’ils s’inquiétaient pour toi…

La gamine à côté d’elle les regardait avec de grands yeux ronds avant de courir à eux pour les rassurer.

Mimiko resta de côté le temps des retrouvailles, puis Elisea revint vers elle pour lui dire au revoir :

-Merci de m’avoir accompagné !

-De rien. Juste un truc : si tu veux devenir coordinateur, tiens-toi s’y. Ca ne sert à rien, sous prétexte de n’être pas assez joli, pas assez forte, pas assez intelligente ou je ne sais quoi d’abandonner ce que tu veux vraiment faire.

-D’accord, mais vous alors, vous devriez faire aussi ce que vous voulez. Et avec le sourire !

Comme pour illustrer ses dires, Elisea fit un grand sourire avant de lui faire un geste d’au revoir et de rejoindre ses camarades de classe.

Mimiko lui tourna alors le dos pour se diriger en direction de Mauville.

-Elle me dit la même chose que Sayaka Orme…

-Héri ?

Héricendre, perché sur son épaule se rendit compte alors de l’expression de sa dresseuse. Loin de l’éternelle anxieuse et râleuse, son regard était froid et déterminé. S’inquiétant, il frotta sa tête contre sa joue.

-Ca va, t’en fait pas, le rassura t’elle en lui caressant la tête.

Il n’était pas tranquillisé pour autant et pour la première fois il apercevait une autre facette de Mimiko.

 

Celle qui avait tout laissé derrière elle pour partir à l’autre bout du monde…

 

A suivre…

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